AprĂšs lâaction Bee alive! qui sâest tenue devant lâAssemblĂ©e nationale le 5 octobre 2020, Ă la veille du vote pour la loi unanimement contestĂ©e pour rĂ©introduire les nĂ©onicotinoĂŻdes, XR Familles a lancĂ© sa premiĂšre action dĂ©centralisĂ©e en amont du passage de la loi au SĂ©nat le 27 octobre 2020, action intitulĂ©e VOS LOIS / NOS VIES : ReBEEllion!
Nous avons invitĂ© toutes les citoyennes et citoyens Ă demander des comptes Ă leurs Ă©lu.es locaux (qui participent Ă lâĂ©lection du SĂ©nat) Ă se rĂ©unir devant leur mairie avec un mĂȘme message pour rappeler que leurs lois engagent des vies, celles des pollinisateurs et les nĂŽtres.
Car il est effectivement question de vie ou de mort.
Nous sommes dans la sixiĂšme extinction de masse et le rythme dâextinction des espĂšces nâa jamais Ă©tĂ© aussi rapide depuis la vie sur Terre.
Cinq groupes locaux ont rĂ©pondu Ă lâappel et des familles se sont rĂ©unies devant leur mairie Ă Lille, Ă OrlĂ©ans, au Havre et Ă Saint-Vaast Dieppedalle oĂč la mĂȘme tribune a Ă©tĂ© lue.
Ă Paris, des familles, avec des enfants de 3 Ă 13 ans se sont retrouvĂ©es au Jardin du Luxembourg devant le SĂ©nat avec des masques dâabeilles rĂ©alisĂ©s par les enfants.
Rappelons que les sĂ©nateurs et les sĂ©natrices, nos Ă©lu.es locaux, toutes ces personnes sont payĂ©es par lâensemble des habitant.es pour prendre les dĂ©cisions justes pour le bien commun. Si nous voulons survivre, il nous faut mettre un terme Ă la destruction des Ă©cosystĂšmes maintenant.
Voici la tribune qui a été lue :
Mardi 6 octobre 2020, lâAssemblĂ©e Nationale a adoptĂ© lâensemble du projet de loi visant Ă rĂ©-autoriser lâusage des nĂ©onicotinoĂŻdes dans les cultures de betteraves sucriĂšres. 60% des dĂ©putĂ©.es ont soutenu la rĂ©introduction quand seulement 23% ont pris la peine dâassister aux dĂ©bats contradictoires Ă propos du projet de loi. Les parlementaires ayant votĂ© pour, se sont pĂ©niblement justifiĂ©.es.
Ils et elles affichent de bien mesurer Ă quel point les pesticides sont nĂ©fastes et nous disent dâun air dĂ©solĂ© : â On a tentĂ© dâautres solutions mais vous comprenez, ça nâa pas marchĂ©. La recherche nâa pas pu suivre. On aimerait quâelle nous tire vite de lĂ mais il faut patienter. En attendant, on fait face Ă une conjoncture exceptionnelle. Il faut bien sauver les emplois. Câest notre souverainetĂ© alimentaire et Ă©nergĂ©tique qui est en jeu. Et puis, cette loi, ce nâest pas de notre faute. LâEurope autorise les dĂ©rogations. Alors si câest permis, on le fait car les autres pays le font. Câest au niveau europĂ©en quâil faut rouspĂ©ter. â
Mesdames et messieurs les Sénatrices et les Sénateurs, face à ce discours formaté truffé de contre-vérités et de faux-semblants, nous vous sommons de butiner !
Butinez les informations riches et diverses apportées par la recherche, les agriculteurs et agricultrices, les personnels soignants et tous celles et ceux qui avaient un plan alternatif à proposer pour sauver les employé.es de la filiÚre.
La recherche, aussi fourmillante soit elle, nâira jamais aussi vite que la destruction du vivant. Parce quâon lui demande simultanĂ©ment de prouver que le poison est toxique, quâil perdure pendant des annĂ©es, sâavilissant encore avec le temps parfois, tout en trouvant Ă marche forcĂ©e des alternatives pĂ©rennes mais surtout sans changer le statu quo et quâil faut de plus quâelle sâĂ©poumone pour se faire entendre.
Les dĂ©putĂ©.es ont commis une faute en se rangeant derriĂšre lâargument de la conjoncture exceptionnelle. Les tribunes de scientifiques se multiplient, les rapports du GIEC et de lâIPBES sâaccumulent et sâassombrissent : la conjoncture nâest plus exceptionnelle. Le climat a changĂ©. Il change plus vite aujourdâhui quâil nâa jamais changĂ© depuis la naissance de la Terre. Les printemps chauds, les hivers doux vont revenir, encore et encore. AprĂšs 2023 viendront 2024 et 2025.
La monoculture soutenue par les nĂ©onicotinoĂŻdes doit appartenir au passĂ©. Elle a tout sabotĂ© : les insectes, les sols, les cours dâeau, les vies de ceux et celles qui travaillent la terre aussi. Il faut maintenant tout reconstruire pour sâadapter. Garder les yeux rivĂ©s vers le passĂ©, câest lâassurance de se prendre le mur.
La recherche pourrait justement aider Ă reconstruire si lâon crĂ©ait plein de nouveaux terrains dâexpĂ©rimentation de pratiques vertueuses et pĂ©rennes en soutenant la conversion vers le bio, la permaculture, lâagroforesterie. Soutenir massivement cette conversion permettrait de fournir une sortie par le haut Ă tous ces travailleurs et travailleuses de la filiĂšre sucre.
Les dĂ©putĂ©.es ont prĂ©tendu ne pas avoir le choix. Mais ils ont fermĂ© les yeux sur les solutions. Ă court terme, une compensation des pertes de producteurs de betteraves et des industriels de la transformation Ă©tait une solution estimĂ©e Ă 200 millions dâeuros. Le sauvetage de lâaĂ©ronautique nous coĂ»te Ă tous et toutes 15 milliards dâeuros. Tout ici est question de posture. On prĂ©tend sauver les agriculteurs mais câest une farce symbolique plus quâune main tendue.
Ce ne sont pas les agriculteurs que lâon tient Ă sauver mais bien la filiĂšre. Du sucre, du sucre, du sucre! Quand de tous cĂŽtĂ©s, les rapports de santĂ© publique et Ă©tudes scientifiques fusent pour nous dire dâarrĂȘter ce suicide collectif par la Grande Malbouffe. DiabĂšte et obĂ©sitĂ© coĂ»tent 7 et 6 milliards dâeuros Ă la sĂ©cu chaque annĂ©e respectivement (dâaprĂšs le SĂ©nat lui-mĂȘme) et ruinent la qualitĂ© de vie de ceux et celles qui en souffrent. Ils les exposent Ă un taux de mortalitĂ© Ă la COVID deux fois supĂ©rieur Ă ceux qui nâen souffrent pas. Devant cette surmortalitĂ©, le Mexique a mĂȘme rĂ©cemment interdit la vente de sucreries et boissons sucrĂ©es aux mineurs.
Le sucre, câest des calories en trop, des calories pour rien, des mauvaises calories pour la planĂšte. Le sucre nâest pas essentiel Ă notre survie, il consomme de la terre, terre qui pourrait stocker du carbone Ă la place et abriter des Ă©cosystĂšmes riches. Tout comme la viande, les experts du climat recommandent dâen limiter la consommation.
Mais du sucre, que diable ! Ă moins que ce ne soit lâĂ©thanol. LâĂ©thanol qui siphonne un tiers de la production de betterave sucriĂšre. Ethanol quâon doit cesser de brĂ»ler dĂšs maintenant si on veut laisser Ă nos enfants – les vrais, ceux dont on range les jouets tous les soirs, pas ceux « des gĂ©nĂ©rations futures » – lâopportunitĂ© dâeux aussi avoir des enfants. Et oui, lâĂ©chĂ©ance est proche.
Cet argument dâune souverainetĂ© alimentaire reposant sur le sucre ne tient tout simplement pas la route. Mangez 5 fruits et lĂ©gumes par jour. Pour votre santĂ©, Ă©vitez de manger trop gras, trop sucrĂ©, trop salĂ©. Tels des enfants en pleine crise du non, le gouvernement et lâAssemblĂ©e Nationale ont dĂ©cidĂ© de sauver les carambars et de bazarder les pommes.
75 % de ce que nous mangeons, en majoritĂ© des fruits et lĂ©gumes, dĂ©pendent des pollinisateurs. AprĂšs ĂȘtre sortis du couloir de la mort grĂące Ă la loi de 2016, les 25% qui ont survĂ©cu Ă un dĂ©clin vertigineux ces 20 derniĂšres annĂ©es vont de nouveau ĂȘtre empoisonnĂ©s.
Sâils tombent, nous tomberons avec. 25 raffineries contre les 335 millions de fruits et lĂ©gumes dont nous avons besoin chaque jour pour vivre sainement, pour vivre tout court ? On se demande vraiment comment avec une logique aussi viciĂ©e, on serait capable de dĂ©fendre quoi que ce soit de raisonnable au Parlement europĂ©en.
Mesdames et Messieurs les SĂ©natrices et SĂ©nateurs, vos oreilles bourdonnent peut-ĂȘtre mais votre ventre est plein. Pesez bien votre dĂ©cision. Car vos petits-enfants et leurs enfants pourraient bien ne jamais savoir ce que cela veut dire.
Pour aller plus loin :
#VosLoisNosVies #StopEcocide #StopNeonicotinoides
Lâurgence est lĂ , maintenant.
Parce chaque dixiĂšme de degrĂ© compte, parce chaque espĂšce disparue compte, chaque minute compte, nous appelons Ă la rĂ©bellion. Aujourdâhui, les gouvernements mettent en danger les citoyen.ne.s, il est de notre devoir de rĂ©sister.
Contre lâinaction de ceux qui nous gouvernent, qui ne rĂ©agissent pas Ă la hauteur de lâurgence climatique et des catastrophes en cours, la rĂ©volte est notre droit le plus sacrĂ©, et notre devoir le plus indispensable.
Rebellons-nous.
Seuls nous ne pouvons rien. Ensemble nous pouvons tout !âš
Source: Extinctionrebellion.fr