Avril 5, 2022
Par Sans Nom
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Incendie de plusieurs lignes électriques en Isère :
l’hypothèse d’un nouveau sabotage

Le Dauphiné/France bleu, 5 avril 2022

Ce mardi 5 avril 2022, à 1h44, un incendie de câbles électriques sous le pont de Brignoud qui enjambe l’Isère entre Villard-Bonnot et Crolles s’est déclaré. Huit lignes 20.000 volts et une ligne 225.000 volts ont pris feu. Un périmètre de sécurité a été instauré afin de prévenir tout risque pour les populations ou l’environnement. Les services de sécurité sont sur place. Le feu a été complètement éteint dans le courant de la journée.

L’incendie rappelle celui ayant touché la société ST Micro à Crolles, ce lundi 4 avril. Le lien entre les deux événements a été fait, annonce Eric Vaillant, le procureur de Grenoble. La section de recherches de la gendarmerie a été saisie. Ce mardi matin, de la fumée se dégageait encore des câblages incendiés, le pont de Brignoud étant fermé à la circulation. La gendarmerie a bouclé tout le secteur et interdit les accès au pont, d’importants bouchons étant enregistrés dans tout le secteur.

Parmi les neuf câbles visés par les incendiaires, on compte un câble très haute-tension de 225 000 volts de RTE. Au plus fort de l’incendie, 5539 clients ont été privés d’électricité. La plupart ont pu être raccordés avant 6h30. 350 clients restaient sans électricité à 14h30, ce mardi 5 avril, a annoncé la préfecture de l’Isère. Ce sont essentiellement deux entreprises majeures du Grésivaudan, et plus largement du bassin Grenoblois qui sont touchées : Soitec et ST Microelectronics. La production de semiconducteurs a été stoppé en pleine nuit chez ces deux société qui emploient plusieurs milliers de personnes.

Chez Soitec, 1 700 salariés à Bernin, seules les équipes de maintenance sont au travail. « Ce sont des situations pour lesquelles nous nous entrainons , explique Thomas Piliszczuk, chef du « global business » chez Soitec et qui gère la cellule de crise, on a des équipes qui sont sur place dans les salles blanches pour commencer à préparer le redémarrage. On est encore en train d’évaluer la situation et en fonction il y aura peut-être des lignes qui redémarreront plus tôt que d’autres mais ce sont des procédures qui sont en place ». Si la société possède des groupes qui permettent de faire face aux microcoupures, rien ne peut venir l’alimenter quand il y a des coupures de plusieurs heures. Concernant la sécurité «  le site ici est très sécurisé , explique Thomas Piliszczuk, mais quand ça se passe en dehors du site, sur le central électrique, là ça devient beaucoup plus compliqué. Là ce sont les autorités qui doivent prendre leurs responsabilité et nous aider à sécuriser absolument tout. »



* 12h15 : les usines de Soitec à l’arrêt

Les usines de Soitec à Bernin sont à l’arrêt depuis l’incendie. « Si nous n’avons pas été affectés par l’incendie du site RTE de Froges, dans la nuit du 3 au 4 avril, nous sommes, au moment où nous parlons [ 11 h 30 ce mardi], toujours sans électricité. Toutes les lignes de production sont donc à l’arrêt, explique au Dauphiné Libéré Thomas Piliszczuk, vice-président exécutif global business de Soitec. Nous nous préparons régulièrement à une coupure d’électricité, c’est une situation que nous savons donc gérer et il n’y a aucun risque, tout est sécurisé.  Nous nous préparons au redémarrage, nous espérons dans les prochaines heures

Le vice-président de Soitec assure que cette coupure n’aura pas d’impact financier pour l’entreprise – « un arrêt de quelques heures ou quelques jours, on sait gérer, on sait rattraper » – mais « bien sûr s’inquiète de voir que l’industrie des semi-conducteurs peut être la cible d’attaques. Les incidents de ces deux derniers jours se sont produits en dehors des entreprises. Tout le monde reconnaît que nous sommes une industrie stratégique pour le pays mais on voit qu’aujourd’hui des actes de malveillances, des attaques peuvent viser cette industrie, il faut donc une réflexion collective pour parvenir à sécuriser l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des sites industriels ».

* STMicroelectronics

STMicroelectronics, dont le site est implanté à Crolles, a été concernée par la coupure d’électricité. « Une coupure d’alimentation électrique de notre site de Crolles s’est produite suite à un incendie sur des câbles d’alimentation haute et moyenne tension situés à l’extérieur du site. Tous les systèmes et procédures assurant la sécurité des salariés et des installations ont été déclenchés. Depuis 8 heures du matin, l’alimentation électrique du site est rétablie [soit tout de même une coupure de plus de 6 heures d’affilée]. Les évaluations et vérifications sont en cours. Le redémarrage progressif des installations est en cours”, a indiqué mardi en fin de matinée la direction de l’entreprise au Dauphiné Libéré.

STMicroelectronics a déjà été visée dans la nuit de dimanche à lundi par un incendie volontaire sur un poste haute tension de RTE à Froges. Des lignes de 225 000 volts ont été incendiées dans l’enceinte même de cette unité électrique, ces câbles alimentant le transformateur de ST Microelectronics après un parcours de trois kilomètres sous terre, via le pont de Brignoud.

Il est donc probable que l’incendie volontaire allumé la nuit dernière sous ce pont visait les mêmes lignes électriques alimentant notamment STMicroelectronics.

* Les transports en commun

Dans un communiqué la communauté de communes du Grésivaudan, présidée par Henri Baile, « apporte tout son soutien à la filière Nanotechnologique du territoire et tout particulièrement à ST et SOITEC durement touchés par ces incendies et condamne fermement ces actes criminels en espérant que l’enquête aboutira rapidement ». Du côté des transports en commun locaux ToutGo, un responsable nous explique que « l’impact est très important puisque que nous avons 4 lignes qui passent sur le pont de Brignoud ». Ce mardi matin ce sont essentiellement les scolaires qui ont été impactés. « Les lycéens qui devaient aller sur Villard-Bonnot n’ont pas pu y aller. Les 4 cars étaient bloqués ». Côté Brignoud « il y a les lignes régulières G2 et G3 qui passent aussi sur le pont et qui seront impactées avec les services qui s’arrêteront d’un côté et de l’autre ». Ce qui veut dire que toutes les personnes qui viennent en train jusqu’à la gare de Brignoud (ligne Chambéry-Grenoble) pour travailler de l’autre côté à Crolles sont bloquées puisqu’en l’état il n’est même pas possible d’emprunter le pont à pied.
Des élus du Département et de la communauté de communes du Grésivaudan se sont rendus en fin de matinée sur les lieux de l’incendie. Leur grande préoccupation, à court terme, est de pouvoir résoudre les importantes difficultés de circulation générées par la coupure du pont de Brignoud. Plus de 27 000 véhicules transitent en effet quotidiennement par la RD 10 et le pont, entre la rive gauche de l’Isère (agglomération de Villard-Bonnot) et la rive droite (échangeur de l’A 41 et agglomération de Crolles).

* Les administrations

Au siège de la Communauté de communes du Grésivaudan, à Crolles, privé d’électricité après les incendies de la nuit, trois générateurs doivent livrés par Enedis afin de rétablir l’activité sur le secteur. Des services et équipements publics ont été touchés : sans téléphone ni serveur, « depuis ce matin c’est le système D avec des lignes rapatriées sur d’autres lignes » ; les sorties scolaires prévues à la piscine, située juste à côté, ont été annulées.




Source: Sansnom.noblogs.org