Ă propos de : Corinne Maitte et Didier Terrier, Les rythmes du labeur. EnquĂȘte sur le temps de travail en Europe occidentale XIVe-XIXe siĂšcle, La Dispute, 2020, 432 p., 28 euros.
On doit Ă lâhistorien britannique Edward P. Thompson le consensus universitaire sur les Ă©volutions du temps de travail en Europe occidentale. Selon lui, les transformations Ă©conomiques des XVIIIe-XIXe siĂšcles ont provoquĂ© une rĂ©volution dans la maniĂšre dâapprĂ©hender le temps. Cette rĂ©volution aurait eu lieu en trois moments. Lors dâun premier moment, le travail est orientĂ© par la tĂąche, interrompu par de nombreux jours fĂ©riĂ©s et fĂȘtes populaires et le temps de travail est adossĂ© au temps « naturel ». Lors dâun deuxiĂšme moment, suite Ă la rĂ©volution industrielle, le temps de travail devient de plus en plus long, Ă mesure quâil sâintensifie et que les jours fĂ©riĂ©s et fĂȘtes populaires sont supprimĂ©s. Puis, lors dâun troisiĂšme moment, Ă partir de la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle, le temps de travail entame une lente rĂ©duction.
De nombreux auteurs ont prolongĂ© par diverses moyens lâhypothĂšse de Thompson. Par exemple, Olivier Marchand et Claude ThĂ©lot ont tentĂ© de fournir une vision dâensemble de lâĂ©volution du temps de travail en France. DâaprĂšs les donnĂ©es quâils ont pu recueillir, le temps de travail se rĂ©duit de moitiĂ© entre les dĂ©buts du XIXe et le tournant du XXe siĂšcle[1]. De la mĂȘme maniĂšre, Michel Lallement parle dâun « tournant industriel »[2] dans lâhistoire du temps de travail. Enfin, Jean-Yves Boulin et Laurent Lesnard attirent lâattention sur une progressive dĂ©sacralisation du dimanche Ă lâaube de la sociĂ©tĂ© industrielle[3]. Si la plupart des auteurs apporte des spĂ©cifications et des clarifications, peu ont contestĂ© le tableau dâensemble. En ce sens, lâouvrage de Corine Maitte et de Didier Terrier cherche Ă rĂ©futer le consensus sur le temps de travail Ă partir dâune histoire qui commence au Moyen-Ăąge et qui culmine Ă la fin du XIXe siĂšcle.
Une histoire sur six siĂšcles
Pour les auteurs, il faut donc « reprendre le dossier » de lâhistoire du temps de travail. Pour cela, il faut commencer par la journĂ©e de travail, qui a longtemps Ă©tĂ© une unitĂ© de mesure pertinente pour penser le temps de travail. Selon lâhypothĂšse de Thompson, Ă lâĂ©poque prĂ©-industrielle, le travail mesurĂ© Ă la tĂąche domine et la journĂ©e est rĂ©glĂ©e selon la journĂ©e « naturelle ».
Pourtant, les auteurs remarquent que dĂšs le Moyen Ăge, on fait une distinction entre le « jour naturel » et le « jour artificiel ». On connaĂźt des variations de la journĂ©e de travail selon les rĂšglements corporatifs : on peut travailler 8 heures par jour ou 17 heures par jour selon le mĂ©tier, mĂȘme si de nombreux mĂ©tiers se sont alignĂ©s sur la journĂ©e « naturelle » longue (avec un dĂ©but du travail au lever du soleil et une fin du travail au coucher du soleil, donc Ă peu prĂšs 14 heures par jour). Cette durĂ©e semble trĂšs longue, pourtant les pauses pouvaient lâĂȘtre aussi. Pendant les journĂ©es dâĂ©tĂ©, les ouvriers pouvaient bĂ©nĂ©ficier de plusieurs pauses dâune heure pendant la journĂ©e.
Enfin, des « heures supplĂ©mentaires » pouvaient exister au Moyen Ăge, rarement rĂ©munĂ©rĂ©es en tant que telles. Ainsi, on pouvait travailler des heures supplĂ©mentaires dans la draperie rouennaise au XVe siĂšcle. On constate donc un aspect rĂ©solument moderne de la mesure du temps de travail, oĂč « la journĂ©e peut ĂȘtre fractionnĂ©e en unitĂ©s temporelles plus courtes dont la durĂ©e et la rĂ©munĂ©ration sont Ă©galement des enjeux importants »[4].
On ne peut donc affirmer quâavant la rĂ©volution industrielle prĂ©domine un travail orientĂ© par la tĂąche, et que le travailleur est par consĂ©quent moins soumis Ă une discipline temporelle. Peut-on pour autant affirmer que lâorganisation du temps de travail au XIXe siĂšcle repose sur les trĂšs longues journĂ©es et sur la contrainte ? Lâintroduction des machines dans le procĂšs de travail va considĂ©rablement modifier la donne, comme on verra plus loin. Pendant la seconde moitiĂ© du XIXe siĂšcle en Europe se met en place un appareil lĂ©gislatif qui fixe une durĂ©e maximale du temps de travail. Pourtant, en matiĂšre de temps de travail, on ne peut que constater un dĂ©calage entre normes lĂ©gales et durĂ©es effectives. Les auteurs montrent dans le cas de lâindustrie textile du Nord une forte variation des horaires de travail au milieu du XIXe siĂšcle. Câest-Ă -dire que les horaires annuels fixes officiels cachent des horaires effectifs variables dans divers secteurs dâactivitĂ©.
Comment Ă©valuer alors la durĂ©e de la journĂ©e de travail Ă lâĂ©poque prĂ©-industrielle ? Travaille-t-on plus quâaux siĂšcles antĂ©rieurs, comme lâa longtemps affirmĂ© le consensus historiographique ? Pour les auteurs, il est extrĂȘmement difficile de rĂ©pondre Ă une telle question, tant les horaires varient dâun secteur Ă un autre, voir mĂȘme au sein dâun secteur Ă diffĂ©rents moments de lâannĂ©e. De la mĂȘme maniĂšre, les Maitte et Terrier constatent que le souci de ponctualitĂ© et la discipline temporelle, que Thompson associe Ă lâindustrialisation, sont bien plus anciens. Ils sâancrent dans les habitudes dans le temps long entre le XIVe et le XIXe siĂšcle. On constate mĂȘme dĂšs le XIIIe siĂšcle en Europe occidentale lâexistence de cloches et de sonneries marquant le dĂ©but et la fin du travail. Plus important, la mesure prĂ©cise du temps de travail nâest pas seulement un enjeu crucial pour les employeurs, mais aussi pour les employĂ©s, qui cherchent Ă faire respecter les engagements des premiers. Toutefois, sâil existe trĂšs tĂŽt des formes de discipline au travail, celles-ci peinent Ă sâimposer sur la main-dâĆuvre.
Le consensus historiographique place la gĂ©nĂ©ralisation du travail de nuit entre la fin du XVIIIe siĂšcle et le dĂ©but du XIXe. Pourtant, on constate dĂšs le XIIIe siĂšcle lâexistence du travail de nuit dans certaines corporations, notamment celles qui nĂ©cessitent un maintien de lâactivitĂ© en continu. Par exemple, le « feu continu » dans la mĂ©tallurgie contraint les ouvriers Ă travailler de jour comme de nuit. En revanche, ce que lâon voit apparaĂźtre Ă partir du XIXe siĂšcle sont surtout des dĂ©nonciations des effets du travail de nuit, notamment dans les industries naissantes, telles que le textile.
Une derniĂšre façon dâĂ©valuer lâĂ©volution du temps de travail entre lâĂ©poque prĂ©-industrielle et lâĂ©poque industrielle est le nombre de jours fĂ©riĂ©s religieux. Selon lâhypothĂšse de Thompson et une partie importante de lâhistoriographie, le nombre de jours fĂ©riĂ©s se rĂ©duit avec lâĂąge industriel. Toujours selon le mĂȘme schĂ©ma, les pays catholiques bĂ©nĂ©ficient davantage de jours fĂ©riĂ©s que les pays protestants. LâĂ©conomie politique naissante plaide alors pour lâabolition de plusieurs jours fĂ©riĂ©s, au nom de la richesse des nations et au nom du rattrapage des pays protestants par des pays catholiques. Pourtant, selon les auteurs, il nâen est rien. LâidĂ©e que le protestantisme est une religion plus « industrieuse », en raison du moindre nombre de jours fĂ©riĂ©s, est un stĂ©rĂ©otype qui ne peut ĂȘtre confirmĂ©e par les donnĂ©es : plusieurs jours fĂ©riĂ©s sont conservĂ©s de maniĂšre inĂ©gale dans des pays rĂ©formĂ©s, tandis que dans les pays catholiques on supprime les jours de fĂȘte selon les diocĂšses.
On peut noter une constante pendant toute la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e : la tentative de discipliner ou de fidĂ©liser la main-dâĆuvre, que lâon soit un travailleur sans qualifications ou un travailleur qualifiĂ©. Le but des employeurs est de garantir la mise au travail des ouvriers ou de garantir la durĂ©e de lâengagement. Un des moyens employĂ© est lâendettement : un ouvrier ne peut quitter son employeur sans avoir au prĂ©alable honorĂ© ses dettes. Ă ceci sâajoutent les rĂšgles qui limitent la mobilitĂ© des ouvriers tels que le livret ouvrier. On trouve aussi lâinterdiction formelle de la Saint-Lundi, câest-Ă -dire le fait de chĂŽmer volontairement le premier jour de la semaine. Ces mesures contraignantes persistent jusquâau XXe siĂšcle, allant contre lâidĂ©e que le XIXe siĂšcle est le moment de lâĂ©mergence dâun marchĂ© du travail « libre » en Europe.
Ces diffĂ©rents efforts pour garantir le travail des ouvriers se conjuguent avec les efforts pour le rendre plus efficace. On rationalise lâespace et le temps afin de chasser les « temps morts », câest-Ă -dire les temps passĂ©s « Ă ne rien faire ». Pour cela, on mesure et on quantifie le travail dĂšs lâĂ©poque prĂ©-industrielle, afin de dĂ©finir ce quâun ouvrier doit accomplir en une journĂ©e. La mĂ©canisation du travail au XIXe siĂšcle exacerbe ces tendances, car il sâagit de rentabiliser des investissements importants. Il ne sâagit plus seulement de travailler plus vite, mais de travailler de maniĂšre plus efficace. On cherche Ă Ă©conomiser du travail et donc de la fatigue pour augmenter le temps de travail et la productivitĂ© :
« En un mot, plus la technique progresse et plus, paradoxalement, la machine humaine reste sollicitĂ©e Ă lâextrĂȘme limite de ses possibilitĂ©s. Au cours des siĂšcles antĂ©rieurs, les efforts des tondeurs, des verriers ou des mĂ©tallurgistes sont lĂ pour rappeler que ceci nâest pas nouveau. Mais il semble que la sollicitation de lâengagement plein et entier des ouvriers et des ouvriĂšres dans le processus productif devienne la rĂšgle »[5].
Comment penser les normes temporelles Ă travers les Ăąges
Un Ăąge prĂ©-industriel oĂč le temps de travail serait plus court, oĂč il y aurait davantage de jours fĂ©riĂ©s, oĂč le travail de nuit ou les horaires atypiques seraient exceptionnels, oĂč le temps de travail ne serait pas mesurĂ© par des unitĂ©s prĂ©cises, etc., est donc une reconstruction historique sans fondements. Les auteurs rĂ©ussissent le pari dâune remise en cause de « lâidĂ©e simpliste dâune Ă©volution linĂ©aire de la forme et de la durĂ©e du travail »[6]. Pour eux, tout simplement, « il nây a aucune Ă©volution linĂ©aire et gĂ©nĂ©rale » du temps de travail[7]. En ce qui concerne le travail de nuit, par exemple, « lâabsence dâĂ©volution est notable »[8] entre le XIXe siĂšcle et les siĂšcles prĂ©cĂ©dents. Enfin, on peut lire dans la conclusion que « les mĂȘmes objets de conflit apparaissent Ă des Ă©poques et dans des circonstances tout Ă fait diffĂ©rentes »[9].
Si lâouvrage a pour mĂ©rite dâaller Ă lâencontre des conventions Ă©tablies depuis longtemps dans lâhistoire du temps de travail, on a aussi lâimpression quâil se perd dans des spĂ©cifications Ă lâinfini. Les auteurs dĂ©fendent une telle approche au nom du rejet des moyennes statistiques, dans la mesure oĂč « le raisonnement par cas est le seul capable de saisir ce que pouvait ĂȘtre le rapport au temps et au travail des hommes et des femmes du passĂ© »[10].
Cependant, on peut se demander si une telle approche ne constitue pas un obstacle tout aussi important Ă la connaissance de lâĂ©volution des temps de travail. Un des apports de la sociologie et tout particuliĂšrement de la sociologie du temps de travail est de ne sâen tenir ni aux moyennes statistiques, qui sâappuient sur un travailleur « moyen » inexistant, ni sur la multiplication dâĂ©tudes de cas qui empĂȘchent toute gĂ©nĂ©ralisation. Ainsi, rĂ©flĂ©chir en termes de normes temporelles a pu ĂȘtre une maniĂšre de sortir de la fausse alternative entre approche exclusivement quantitativiste et une accumulation dâĂ©tudes de cas. Ă ce sujet, Paul Bouffartigue avance lâidĂ©e que des normes temporelles se font concurrence et que certaines peuvent prendre le dessus sur dâautres au grĂ© des transformations du capitalisme[11].
Travail, labeur, ou autre chose ?
Un des principaux problĂšmes soulevĂ©s par le livre tient Ă la dĂ©finition mĂȘme de travail. Peut-on dire que le travail en tant que catĂ©gorie sociale homogĂšne existe dans les sociĂ©tĂ©s prĂ©-industrielles ? Comme le constatent les auteurs eux-mĂȘmes, ce problĂšme se pose tout particuliĂšrement pour le travail non rĂ©munĂ©rĂ©. Comment mesurer le temps quâun paysan passe Ă travailler « pour lui » dans son foyer ? Constitue-t-il du travail Ă proprement parler ? Comment mesurer le temps de travail des enfants, alors que ceux-ci ne reçoivent souvent aucune rĂ©munĂ©ration pour leur activitĂ©, ce qui souvent ne laisse aucune trace ? Peut-on comparer le travail (et donc le temps de travail) des artisans et la corvĂ©e royale ? Peut-on comparer le travail dans les villes avec le travail accompli dans des rĂ©gions rurales, oĂč le travail salariĂ© est une activitĂ© ponctuelle, contrairement aux activitĂ©s dâauto-subsistance ? Les auteurs sont conscients des difficultĂ©s pour mesurer et comparer diffĂ©rents travaux Ă lâĂ©poque prĂ©-industrielle, notamment lorsquâils citent une sĂ©rie de cas dâindividus poursuivis par la justice et pour qui le « travail » nâest quâun Ă cĂŽtĂ© :
« Pour tous, le travail nâest quâune façon parmi dâautres, sans doute pas la plus importante, dâessayer dâattraper le bout de lâannĂ©e. Tout dĂ©compte du temps de travail devient alors parfaitement illusoire »[12].
La place quâoccupe le travail dans les sociĂ©tĂ©s prĂ©-industrielles fait encore dĂ©bat[13]. On peut se rĂ©fĂ©rer aux travaux de Dominique MĂ©da, pour qui il faut attendre le XVIIIe siĂšcle pour que lâon puisse parler de travail comme catĂ©gorie sociale homogĂšne dĂ©signant une activitĂ© productrice de marchandises[14]. Elle rappelle que certaines sociĂ©tĂ©s prĂ©-industrielles nâont tout simplement pas de mot unique pour dĂ©signer les activitĂ©s productives, câest-Ă -dire lâensemble dâactivitĂ©s visant Ă produire les moyens matĂ©riels dâexistence. Tandis que pour dâautres, le travail dĂ©signe les activitĂ©s non productives. Sâil existe dĂ©jĂ une « thĂ©ologie du travail » au Moyen Ăge largement rĂ©pandue[15], MĂ©da rappelle quâĂ cette Ă©poque il nâexiste pas encore de dĂ©finition homogĂšne du travail.
Ă ce constat on peut ajouter, Ă la suite dâAndrea Komlosy, quâon ne peut pas comprendre ce quâest le travail dans les sociĂ©tĂ©s prĂ©-industrielles sans se rĂ©fĂ©rer Ă la multitude de cadres sociaux dans lesquels il est exercĂ© : le travail dâauto-subsistance, le travail collectif pour la communautĂ©, le travail au service dâune autoritĂ© et, enfin, sous une forme minoritaire, le travail comme marchandise[16]. Ă cela, elle ajoute que diffĂ©rentes relations de travail dĂ©terminent Ă©galement ce que lâon comprend comme travail ou non travail : travail indĂ©pendant/dĂ©pendant, travail libre/contraint, travail honnĂȘte/dĂ©shonorant, volontaire/forcĂ©, rĂ©munĂ©rĂ©/non rĂ©munĂ©rĂ©, etc. Enfin, on peut ajouter quâil est difficile de comprendre le travail du Moyen Ăge Ă nos jours en le distinguant de la sphĂšre domestique pendant toute la pĂ©riode prĂ©-industrielle. En effet, cette sĂ©paration nâest devenue une rĂ©alitĂ© suite Ă la rĂ©volution industrielle que pour une minoritĂ© de la main-dâĆuvre en Europe.
Notes
[1] Olivier Marchand et Claude Thélot, 1997, Le travail en France (1800-2000), Paris, Nathan.
[2] Michel Lallement, 2003, Temps, travail et modes de vie, PUF, p. 20.
[3] Jean-Yves Boulin et Laurent Lesnard, 2017, Les batailles du dimanche, PUF.
[4] Corinne Maitte et Didier Terrier, 2020, Les rythmes du labeur. EnquĂȘte sur le temps de travail en Europe occidentale XIVe-XIXe siĂšcle, La Dispute, p. 62.
[5] Maitte et Terrier, op. cit., p. 342.
[6] Ibid., p. 387.
[7] Ibid., p. 66.
[8] Ibid., p. p. 161.
[9] Ibid.., p. p. 386.
[10] Ibid.., p. 390.
[11] Paul Bouffartigue (avec Jacques Bouteiller), 2012, Temps de travail et temps de vie, PUF.
[12] Maitte et Terrier, op. cit., p. 239.
[13] Jean-Philippe Deranty, « Cartographie critique des objections historicistes à la centralité du travail », Travailler, 2013, n° 30-2, p. 17-47.
[14] Dominique Méda, 2010, Le travail. Une valeur en voie de disparition ?, Flammarion.
[15] Idem.
[16] Andrea Komlosy, 2018, Work. The Last 1,000 Years, Verso.
Ă voir aussi
Source: Contretemps.eu