On ne sait pas comment ça finira, mais on nâaura pas cessĂ© dâalerter sur comment ça a commencĂ© et se poursuit. Ce « ça », câest lâinfamie quâon expĂ©rimente depuis maintenant deux grosses annĂ©es, une infamie quâon ne cherche pas Ă adjectiver, mais que lâon ne peut que constater Ă chaque rassemblement et manifestation oĂč nous nous rendons, une infamie qui nous livre Ă lâinfinie violence dâune police dĂ©pourvue de toute conscience â y compris celle de ses propres intĂ©rĂȘts â, une infamie qui, de palier en palier et dâacte en acte, ne rĂ©pond quâĂ un seul objectif, fixĂ© par lâĂtat policier : briser nos rĂ©sistances, terroriser nos indignations, mutiler nos colĂšres, organiser lâauto-confinement de nos dĂ©sirs pluriels et convergents dâĂ©mancipation.
Le samedi 12 dĂ©cembre, jour de manifestation parisienne « autorisĂ©e », un nouveau cap fut franchi dans « la mĂ©thode », comme disent les stratĂšges flicards de cabinet. Il sâagissait, clairement, dâexpĂ©rimenter sur une foule compacte de plusieurs milliers de personnes [1] un nouveau dispositif Ă lâallemende procĂ©dant par « bonds offensifs » alĂ©atoires, vĂ©loces et rĂ©pĂ©tĂ©s Ă lâintĂ©rieur du cortĂšge en distribuant des horions Ă tour de bras et en ramassant du gardĂ© Ă vue pour faire du chiffre. Tout cela Ă partir de critĂšres assez basiques pour ĂȘtre compris par les cognes de base : quand câest habillĂ© de noir, câest du black bloc ; Ă dĂ©faut de noir, on tape Ă cĂŽtĂ©. Cinquante mĂštres aprĂšs la place du ChĂątelet, dâoĂč partait, en remontant le SĂ©basto, la manifestation dĂ©clarĂ©e « pour la dĂ©fense des libertĂ©s », la premiĂšre pĂ©nĂ©tration sauvage de flics eut lieu, de droite et de gauche par charges multiples. Premier avantage : crĂ©er des situations de panique Ă lâintĂ©rieur du cortĂšge ; second avantage : le scinder, le morceler, le maintenir sous contrĂŽle serrĂ©, multiplier les nasses en son sein, le rĂ©duire Ă nâĂȘtre plus quâun troupeau qui peut ĂȘtre abattu sur place Ă tout moment. La « mĂ©thode » procĂšde dâune scĂ©lĂ©ratesse inouĂŻe. Elle est pensĂ©e pour dĂ©stabiliser, frapper de stupeur, humilier, terrifier. Lâimpression dominante, câest que la rue ne nous appartient plus, quâon dĂ©file dans une cour de prison, que le destin nous Ă©chappe. Tout ce qui fait de la manifestation un moment unique de rĂ©appropriation de lâespace nous est refusĂ©. La fuite aussi, dâailleurs, puisque le nassage latĂ©ral ne la permet pas.
Le 12 dĂ©cembre, Ă Paris, plus de 3 000 flics dopĂ©s Ă la haine occupĂšrent, rue par rue, le pĂ©rimĂštre de la manif, chargeant constamment et sans raison un cortĂšge dĂ©jĂ rĂ©duit Ă nâĂȘtre plus quâune foule emprisonnĂ©e et vouĂ©e Ă la bastonnade. Comment admettre une telle pratique ? Au nom de quel intĂ©rĂȘt supĂ©rieur de lâĂtat ? Pour qui nous prend-on pour nous traiter ainsi ? Au nom de quelle logique devrait-on admettre que des flics surarmĂ©s interviennent Ă la fĂ©roce au sein dâun cortĂšge dĂ©jĂ matĂ© du fait de leur Ă©crasante prĂ©sence pour le disloquer sous les coups. Et ce, non pour des actes commis ou en voie dâĂȘtre commis, mais Ă partir des seules intentions que la hiĂ©rarchie policiĂšre prĂȘterait Ă tel ou tel manifestant. Comment nommer cela ? Il fut un temps oĂč aucune manifestation placĂ©e sous contrĂŽle serrĂ© des flics ne se passait sans que rĂ©sonnĂąt ici ou lĂ , et parfois Ă voix forte, le rituel slogan « Le fascisme ne passera pas ! ». On pourrait ĂȘtre en droit de se demander pourquoi on ne le lâentend plus, dĂ©sormais. Et avancer comme explication que, pour nombre de manifestants dâaujourdâhui, la police est devenue si dĂ©testable, sa hiĂ©rarchie si sĂ»re dâĂȘtre couverte et lâĂtat si objectivement dĂ©pendant dâelle que la Macronie, nĂ©e dâun « vote utile » contre lâextrĂȘme droite, chasse dĂ©sormais â et comment ! â sur son terrain. Ce qui est passĂ© avec elle, câest une politique de dĂ©vastation gĂ©nĂ©ralisĂ©e oĂč aucun droit social, aucune garantie dĂ©mocratique gagnĂ©s de vieille lutte, aucun refus de se plier Ă ses diktats ne sauraient ĂȘtre tolĂ©rĂ©s. Ce rĂ©gime sâest mis de lui-mĂȘme dans les pognes dâune police dirigĂ©e par des psychopathes Ă casquette prĂȘts Ă tout pour Ă©craser la « canaille » que nous sommes. Ce 12 dĂ©cembre 2020, on aura au moins compris Ă quoi elle est prĂȘte, cette police. Il nâest pas sĂ»r que sa dĂ©monstration de force brutale nous ait dĂ©finitivement dĂ©couragĂ©s, mais il est certain que cette date, oĂč aucun black bloc nâa pĂ©tĂ© aucune vitrine, restera Ă jamais celle oĂč cette police sâest lĂąchĂ©e sans complexe contre celles et ceux qui, souvent trĂšs jeunes, manifestaient un rĂ©el courage dans la constance de leurs convictions.
Au total, il y eut 149 interpellations, 123 gardes Ă vue de 24 Ă 48 heures dont la plupart des interpellĂ©s, Ă©radiquĂ©s du cortĂšge comme black blocs potentiels, seront relĂąchĂ©s sans charge. Six dâentre eux en revanche se verront dĂ©fĂ©rĂ©s en comparution immĂ©diate devant le tribunal pour « groupements en vue de⊠», pour « outrage » ou pour « dissimulation de visage », chef dâinculpation qui, en situation de Korona galopant, ne manque pas dâĂȘtre ubuesque. Il faut vraiment ĂȘtre juge et macronard pour faire preuve dâune telle sagacitĂ©.
Vue par les mĂ©dias mainstream et le journalisme de prĂ©fecture, lâinfamante gestion policiĂšre de cette manifestation fut dĂ©crite comme une parfaite rĂ©ussite. Ă preuve : les sauvages manifestants dont elle a lâhabitude de faire son spectacle avaient Ă©tĂ© privĂ©s de saccages. Que la casse ait Ă©tĂ© humaine et quâelle fĂ»t exclusivement le fait du pouvoir, ils sâen foutent, les journaleux de lâordre. Ils en redemandent mĂȘme. Que plusieurs de leurs collĂšgues â mais pas confrĂšres â, journalistes indĂ©pendants, aient passĂ© une ou deux nuits dans les geĂŽles dâun commissariat, ils sâen foutent aussi. Ils se foutent de tout dâailleurs, ces gens-lĂ , et dâabord de la vĂ©ritĂ© des faits. Ce sont des fakes Ă eux tout seuls, et grandeur nature. On sâĂ©tonnera aprĂšs ça que cette profession soit presque autant dĂ©testĂ©e que la police. Il y a de quoi, pourtant⊠Et pour changer dâavis, on attend quâils se dĂ©maquillent. Eux ils peuvent. Contrairement Ă ce sonneur de tambour qui, aprĂšs une charge de police oĂč il fut matraquĂ© au visage, a fait toute la manif la gueule en sang et que ces enfoirĂ©s de BFM ont prĂ©sentĂ© comme « maquillĂ©, on vous rassure ». Des chiens !
Quant Ă lâauguste insoumis Jean-Luc MĂ©lenchon, lâhomme toujours providentiel dâune Ă©lection qui sera en principe sa derniĂšre, il a cru devoir se fendre dâun tweet pour le moins confus oĂč, sans rire et sans quâon ne lui demandĂąt rien, il fait de Lallement et des black blocs les deux faces dâune mĂȘme conspiration anti-dĂ©mocratique. Ce qui atteste que le capo de LFI connaĂźt ses classiques en matiĂšre de dĂ©tection et de stigmatisation des « provocateurs » et autres « incontrĂŽlĂ©s », mais que sa pensĂ©e circulaire tourne en rond. La preuve, câest quâil ignore toujours la vraie nature de la Macronie et la vraie raison de son tournant autoritaire, Ă savoir la trĂšs massive, populaire et horizontale insurrection jaune qui, un instant, et par absence de soutiens rĂ©ellement combattants, câest-Ă -dire disposĂ©s Ă en dĂ©coudre, fit jonction, au moins tactique, avec ces fameux black blocs qui, comme les Gilets, avaient au moins lâavantage de dĂ©tester la police et dâĂȘtre offensifs. Dâavoir le temps de chercher Ă comprendre, câest-Ă -dire dâen passer moins sur BFM Ă tenter de vendre sa camelote, il aurait pu saisir, comme quelques autres insoumis qui refusĂšrent de se soumettre au renoncement de manifester, que sâactivĂšrent, dans la nasse offensive du 12 dĂ©cembre, certaines dynamiques souterraines tissant une alliance inĂ©dite, solidaire et hors parti entre les Gilets jaunes, trĂšs nombreux ce jour, la jeunesse, les antiracistes et, avec ou sans black blocs, ce quâon pourrait appeler lâaire de lâactuelle autonomie, autrement dit un vaste espace qui refuse dĂ©sormais de se laisser dĂ©possĂ©der de sa rage et de ses espĂ©rances.
DĂ©sormais, donc, il faut aller en manif comme on va en guerre. DĂ©lĂ©guĂ©e Ă Darmanin et Ă Lallement, la gestion de lâĂtat policier oĂč nous vivons repose, dans la capitale, sur deux piliers : ses forces du dĂ©sordre, dont la sauvagerie nâa dâĂ©gale que la trouille quâelles Ă©prouvent, et la presse nationale aux ordres, Ă©crite et plus encore tĂ©lĂ©visuelle, dont on a renoncĂ© Ă vrai dire Ă comprendre pourquoi elle se vautre Ă ce point dans la fange sĂ©curitaire. DĂ©sormais, encore, aucune institution nâest nĂ©cessaire Ă mobiliser des multitudes en colĂšre. Et la colĂšre est lĂ , bien lĂ , qui pour sâexprimer est prĂȘte Ă tout, mĂȘme Ă prendre le risque de se faire crever les yeux. Car, si ce 12 dĂ©cembre marque une date importante dans le dĂ©roulĂ© de plus de deux ans de combats de rue contre lâinfĂąme Macronie, câest, au-delĂ du traitement que les bourreaux ont infligĂ© Ă la foule manifestante, par le courage et la solidaritĂ© quâelle leur a opposĂ©s. Câest probablement en cela que les Gilets jaunes ont effectivement dĂ©jĂ gagnĂ©. Ils ont non seulement ouvert un chemin en inventant de nouvelles pratiques antipolitiques, mais, sans mĂȘme le chercher, ils ont dĂ©verrouillĂ© le champ de lâaction sociale, directe et autonomisĂ©e. Et câest prĂ©cisĂ©ment cela qui tĂ©tanise la Macronie autoritaire, ses supplĂ©tifs armĂ©s, la droite, la gauche et MĂ©lenchon. De nâavoir pas saisi la vraie nature, horizontale et ingouvernable, du processus de rupture qui se joue depuis novembre 2018, dâavoir pensĂ© que lâorganisation de la terreur quâon lui a opposĂ©e â jusquâau pic de ce samedi 12 dĂ©cembre 2020 â ne fonctionnait quâĂ la marge, la seule question qui compte, pour les temps Ă venir qui seront forcĂ©ment de rĂ©volte sociale massive, est simple et terrible : que va-t-il se passer maintenant ?
Il fut un temps oĂč le bloc bourgeois ordonna Ă sa police de tirer au ventre. LâHistoire avec une grande hache fourmille dâexemples de tueries en masse de ce genre. Il en fut un autre oĂč, au sein mĂȘme du bloc bourgeois, des « dĂ©mocrates sincĂšres », porteurs dâune tradition dâhumanisme intransigeant, furent capables de dĂ©fendre, becs et ongles, cette essentielle libertĂ© de manifester quâĂ juste titre ils voyaient comme une soupape. Car ces gens-lĂ , simplement Ă©clairĂ©s, Ă©taient des opposants au dĂ©sordre, mais dotĂ©s de la capacitĂ© dâen discerner les causes et les effets dans leur propre camp â câest-Ă -dire celui oĂč sâĂ©panouissaient leurs privilĂšges, leurs statuts et leurs rangs â quand il pouvait ĂȘtre menacĂ© par des foules hostiles prĂȘtes Ă tout pour laver les offenses que leur classe leur faisait subir. Souvent apparentĂ©e Ă la gauche, mais dĂ©bordant aussi ses rivages, cette fraction du bloc bourgeois Ă©tait le fruit dâune tradition historique, celle de la RĂ©volution française, qui fut interclassiste. JusquâĂ mai 68 et la dĂ©cennie agitĂ©e qui suivit la convulsion, cette fraction joua son rĂŽle : elle dĂ©fendit la libertĂ© dâexpression et de manifestation et elle veilla, tant que faire ce pouvait, Ă dĂ©noncer les agissements des polices dâun Papon ou dâun Marcellin.
On sâĂ©tonna, au vu de la trĂšs sĂ©vĂšre rĂ©pression quâon appliqua aux Gilets jaunes, de lâabsence majuscule de rĂ©action pĂ©titionnaire ou manifestante de cette fraction Ă©clairĂ©e du bloc bourgeois. La raison, pourtant, en Ă©tait simple. Câest quâelle avait cessĂ© dâĂȘtre, que ces « grandes consciences » ou ces « belles Ăąmes » avaient tout bonnement disparu, comme sâĂ©taient considĂ©rablement rĂ©duites les zones dâinfluence oĂč elle sâexerçait : la Ligue des droits de lâHomme, la gauche dâordre, le catholicisme dit progressiste ou la franc-maçonnerie, entitĂ©s qui furent longtemps dĂ©terminantes, et efficaces, en matiĂšre de vigilance « dĂ©mocratique ». Cet effondrement est le corollaire de celui de la presse dâinformation ou dâopinion, qui longtemps fut capable de jouer son rĂŽle de mĂ©diateur indĂ©pendant et informĂ©. Peu analysĂ©, ce phĂ©nomĂšne est pourtant rĂ©vĂ©lateur dâune mĂ©diocratisation gĂ©nĂ©rale du bloc bourgeois et de ses « Ă©lites », dĂ©sormais liĂ©es organiquement Ă un pouvoir qui nâa dâautre boussole que dâassurer le rĂšgne infini du capital et de ses lois. Comme quoi lâenseignement de lâignorance â historique notamment â aura eu des effets induits jusquâau plus haut niveau dâune pyramide Ă©litaire qui sera passĂ©e, sans mĂȘme sâen apercevoir, du libĂ©ralisme politique clairvoyant Ă lâillibĂ©ralisme autoritaire dâune RĂ©publique en marche vers son nĂ©ant.
Longtemps un marxisme-lĂ©ninisme Ă front de taureau dĂ©nonça le caractĂšre formel des libertĂ©s que nous octroyait la bourgeoisie. Il lui prĂ©fĂ©rait les « libertĂ©s rĂ©elles » quâil rĂ©servait â formellement â Ă ses populations esclavagisĂ©es qui nây voyaient jamais goutte. Ce dĂ©bat traversa, in abstracto, le camp antibourgeois qui finit par admettre, finalement dialecticien, que le formel pouvait ĂȘtre rĂ©el et vice versa. On a changĂ© visiblement dâĂ©poque : dĂ©sormais, le formel â lâautorisation de manifester en tel lieu Ă telle date â peut autoriser lâĂtat de police Ă dĂ©cider, lĂ encore dialectiquement, que ses robocops peuvent y chasser du manifestant en meute. Câest sans doute la vraie preuve que la dialectique peut casser des briques, et Ă dĂ©faut des tĂȘtes. La dĂ©rive est telle et le silence mĂ©diatique si complice que, encore une fois, la question se pose : que va-t-il se passer maintenant ?
Il semble peu probable de parier sur un retour de sĂ©rĂ©nitĂ©. Ă partir du moment oĂč, macronisĂ©e, la RĂ©publique a perdu tout sens de la mesure et de ses intĂ©rĂȘts bien compris au point dâaffirmer, par les voix conjuguĂ©es de son ministre de la Police et de son prĂ©fet, que la prestation de son bras armĂ© a permis dâĂ©viter, le 12 dĂ©cembre Ă Paris, quelques bris de vitrine ou feux de poubelle au prix dâune flagrante amputation du droit de manifester librement, tout indique que les psychopathes de lâordre marchand nâont plus aucun scrupule. Ils pensent vraiment quâun distributeur de billets, quâon remplacera dans les heures qui suivent sa destruction, sera toujours plus important que lâintĂ©gritĂ© physique dâun manifestant. Ă partir du moment oĂč cette frontiĂšre, Ă©minemment morale, a sautĂ© et, dans lâĂ©tat de brutalisation oĂč Macron a mis le pays, on ne voit plus quelle digue pourrait empĂȘcher dâautres passages Ă lâacte policier. Car il sâagit bien de cela, de la mise en place, Ă©tape par Ă©tape, depuis le dĂ©but du mouvement des Gilets jaune, dâune stratĂ©gie de la tension pensĂ©e comme contre-insurrectionnelle. Si comparaison ne vaut pas raison, il nâempĂȘche que, pour certains lecteurs informĂ©s, le concept de stratĂ©gie de la tension fera Ă©cho, et câest voulu, Ă dâautres temps oĂč lâĂtat bourgeois nâa pas hĂ©sitĂ© Ă parier sur le pire, en faisant alliance secrĂšte avec lui, pour Ă©radiquer une contestation sociale incontrĂŽlable. Et tout est venu, comme dans une suite logique : la terrorisation de lâadversaire, sa criminalisation, son instrumentalisation, sa destruction enfin.
Face Ă cela, il nous faudra Ă©viter les piĂšges, faire preuve dâimagination, jouer sur notre terrain, inventer encore et toujours des chemins de traverse, faire unitĂ© dans le multiple, ne pas cĂ©der aux rituels, nous fĂ©dĂ©rer sans nous enfermer, tenir la rue lĂ oĂč on nous attend pas, organiser une guĂ©rilla de la vie contre lâĂtat de mort, sortir de son espace-temps, brouiller les pistes, cesser de lui donner le temps de sâorganiser, le surprendre encore et toujours. Nous entrons, et il le sait bien, dans une nouvelle Ă©tape oĂč les convergences ne sont plus Ă faire. LâĂtat les a faites pour nous. Macron aura eu cet avantage, le seul quâon lui concĂšde, dâavoir rĂ©ussi Ă unifier, en trĂšs peu de temps sur une Ă©chelle historique, toutes les colĂšres, tous les refus, toutes les humiliations que sa politique, celle du capital Ă son point actuel de folie accumulatrice, ont fait naĂźtre en nous depuis quâil est au pouvoir â mais qui en rĂ©alitĂ© mijotaient depuis bien avant.
Vient toujours un temps dans lâhistoire oĂč les dĂ©faites cumulĂ©es ne se purgent que par une victoire.
Contre Macron et son monde, pour le coup, ce monde irrespirable auquel il veut nous faire acquiescer par la force de ses matraques.
Comme ce 12 décembre, à Paris.
Freddy GOMEZ
Source: Acontretemps.org