Nous voilĂ rendus Ă la cage dĂ©part. La cage du confinement. Pour la bonne cause, pour sauver des vies. Sauf que dĂ©sormais, on sait que cette crise sanitaire inĂ©dite ne provoquera pas de remise en cause globale du systĂšme. Au printemps, lâintensitĂ© du choc nous a permis de rĂȘver Ă une prise de conscience massive et Ă un monde dâaprĂšs diffĂ©rent. Vraiment diffĂ©rent.
Que sâest-il passĂ© depuis ? Pas grand chose. Si ce nâest que la sociĂ©tĂ© est devenue encore plus sĂ©curitaire et encore plus libĂ©rale. Aucun plan massif dâinvestissement dans la santĂ© et dans lâhĂŽpital public. Ni dans lâĂ©ducation. Aucun changement politique majeur concernant le rĂ©chauffement climatique.
Pourtant, il serait faux de dire que rien nâa changĂ©. Les consĂ©quences des mesures liĂ©es au Covid sont Ă©normes. Et nous nâen voyons que les prĂ©mices. Au moins un million de Français-es ont basculĂ© dans la pauvretĂ© cette annĂ©e et des millions de personnes vont ĂȘtre au chĂŽmage. Des centaines de milliers vont tomber dans lâextrĂȘme pauvretĂ©. Des dizaines de milliers de petites entreprises vont fermer. Des personnes vont ĂȘtre expulsĂ©es de leur logement. En fait, lâĂ©norme crise nâest pas encore arrivĂ©e. Mais elle est inĂ©luctable. Câest une question de semaines. De mois tout au plus.
On pourrait se dire que câest terrible mais quâon nây peut rien. Que câest la faute au virus et quâil fallait de toute façon prendre des mesures pour Ă©viter des dizaines de milliers de morts supplĂ©mentaires.
En effet. Mais surtout, il ne faut pas oublier que, depuis le dĂ©but de cette crise, les plus riches mettent tout en Ćuvre pour Ă©viter dâĂȘtre eux aussi des perdants de cette sĂ©quence. Nâoublions pas quâen mars, lâEtat a pris dâĂ©normes mesures pour faire cesser le krach boursier. Pour rassurer le Cac 40 : baisse des taux dâintĂ©rĂȘts, aides, allĂšgement des charges⊠Le gouvernement a donnĂ© des milliards aux plus grands groupes. Officiellement pour sauver de lâemploi. Sauf quâon connait bien la chanson. Cela nâempĂȘchera pas les licenciements.
Le grand problĂšme, câest que ces milliards donnĂ©s aux ultras riches, ce sont autant de milliards qui nâont pas Ă©tĂ© mis dans la santĂ©, dans lâĂ©cole, dans tous les services publics. Autant dâargent qui ne sera pas disponible pour Ă©viter Ă des millions de personnes de tomber dans la pauvretĂ©. Il nây a pas dâargent magique ma petite dame !
Il faut donc le redire : tout est question dâargent. Sâil nây a toujours pas plus de lits Ă lâhĂŽpital ou de personnel de santĂ©, câest une question de fric. Si le gouvernement a choisi de laisser les enfants aller en cours Ă la rentrĂ©e, câest une question de fric. Sâil nây a pas eu assez de centres de test et que les dĂ©lais de rĂ©sultat ont parfois dĂ©passĂ© deux semaines, câest une question de fric. Sâil nây a quasiment aucun travaux de ventilation dans les bĂątiments publics, câest une question de fric.
Jeff Bezos a vu sa fortune augmenter de plus de 80 milliard depuis la crise. Les milliardaires français sont, avec les chinois, ceux qui ont vu leur fortune le plus augmenter ces derniÚres années. Cela ne tient pas du hasard.
Les Ă©meutes actuelles en Espagne et en Italie partent dâun refus des restrictions sanitaires mais sâancrent dans une colĂšre face Ă la misĂšre sociale du plus grand nombre. Il y a quelque chose de dĂ©sormais insoutenable Ă comprendre que les gouvernements occidentaux ne gĂšrent cette crise quâau prisme des Ă©lections et du profit des plus riches. Leur objectif, câest que cette crise ne change rien dans le systĂšme actuel, dont ils profitent eux et leurs amis. Mieux, si la crise du Covid peut permettre de renforcer les dispositifs de contrĂŽle pour Ă©viter la contestation sociale tout en cassant le droit du travail⊠câest gagnant/gagnant !
On ne va pas se mettre Ă rĂȘver dâune prise de conscience gĂ©nĂ©rale quâun autre monde est possible. Les derniers mois nous ont montrĂ© le contraire. Et lâacceptabilitĂ© par la population des mesures contraignantes du gouvernement dĂ©montrent que sa stratĂ©gie paie. Pour lâinstant.Un sondage IFOP dĂ©but novembre, montre que plus de 7 Français sur 10 sont prĂȘts Ă rester confinĂ©s pendant les fĂȘtes de fin dâannĂ©e.
Par contre, la rĂ©alitĂ© sociale qui est en train de se mettre en place va forcĂ©ment aboutir Ă des colĂšres difficilement canalisables par les structures politiques et syndicales. Reste Ă savoir si ces colĂšres sauront se focaliser sur les vrais responsables. Ou si le systĂšme rĂ©ussira, encore une fois, Ă trouver un bouc Ă©missaire pour canaliser cette colĂšre et se maintenir en placeâŠ
Source: Cerveauxnondisponibles.net