Sur nos lieux de travail, dans nos quartiers, nous voyons la sociĂ©tĂ© suffoquer Ă mesure que le pouvoir politique sâenfonce dans lâarbitraire et le contrĂŽle social. Comme prĂ©vu, le choc Ă©conomique amenĂ© par la crise sanitaire sâavĂšre frontal pour les prĂ©caires, les chĂŽmeurs, les chĂŽmeuses et les salarié·e·s qui basculent dans la pauvretĂ©. Comme prĂ©vu, la politique gestionnaire responsable du naufrage des services publics est reconduit dans ses mĂ©thodes et ses objectifs. AprĂšs la « _deuxiĂšme vague_ », comme avant la premiĂšre, lâhĂŽpital, lâĂ©cole, les services sociaux sont en craquage permanent.
Pendant ce temps-lĂ , au mois de novembre, le CAC 40 rĂ©alise sa plus belle progression depuis 30 ans. La stratĂ©gie du choc nous tĂ©tanise tandis quâon nous fait les poches.
Macron nous avait pourtant prĂ©venu_ : « _nous sommes en guerre_ », et toute guerre a ses profiteurs. Les capitalistes (actionnaires et grands patrons) font payer la facture aux premiers de corvĂ©e tout en annonçant la reprise des rĂ©formes antisociales des retraites et de lâassurance chĂŽmage pour 2021. Cette classe obscĂšne ne fait mĂȘme plus semblant de chercher le consentement de la population, elle prĂ©fĂšre armer, prĂ©ventivement, la rĂ©pression. Pour tenir un ordre Ă©conomique qui ne profite quâaux dominants, le pouvoir politique a choisi la matraque. En imposant une vĂ©ritable loi martiale baptisĂ©e « _sĂ©curitĂ© globale_ », la classe dominante se donne les moyens dâimposer la violence Ă©conomique par la violence physique du contrĂŽle et de la rĂ©pression. Dans le mĂȘme mouvement, cette loi donne tout pouvoir Ă la police ET confisque tout contre-pouvoir du cĂŽtĂ© des mouvements sociaux et de la population. Quand les drones, la reconnaissance faciale, le fichage gĂ©nĂ©ralisĂ© sâabat sur le peuple, quand les occupations et lâaction directe populaire sont criminalisĂ©es, les exactions policiĂšres sont dissimulĂ©es donc, encouragĂ©es. Nous sommes confiné·e·s depuis mars dernier et, aprĂšs 9 mois de gestation, le pouvoir va accoucher de ce « _meilleur des mondes_ » qui ressemble Ă nos pires cauchemars.
Réformes ou ⊠révolution_ ?
Bien sĂ»r, il faut augmenter les salaires, sortir de la prĂ©caritĂ©, rĂ©duire le temps de travail. Bien sĂ»r il va falloir retrouver nos libertĂ©s publiques, nos droits dĂ©mocratiques et soumettre la police Ă lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral plutĂŽt quâaux ordres des profiteurs. Il est certain, enfin, que les mots du pouvoir sont des manipulations et que lorsquâon entend « _rĂ©publique_ » dans la bouche dâun ministre, il faut comprendre soumission politique.
Toutes les forces du mouvement social sâaccordent sur le fait quâil faut agir, et quâil faut agir vite. Nous savons dâexpĂ©rience que les profiteurs ne lĂącheront que ce que nous aurons Ă©tĂ© capables de leur arracher. Le progrĂšs social et dĂ©mocratique ne peut passer que par le recul de la classe dominante car nos confrontations politiques ne sont pas assises sur des divergences de points de vue mais sur des divergences dâintĂ©rĂȘts. Le dialogue social et la concertation sont des fables et elles nâendorment plus que les bourgeois auxquels profite lâordre des choses. Les autres savent quâil faut lutter.
Nous redisons quâil faut voir les choses en face, le temps du compromis de classe, de lâĂ©tat providence, de la redistribution dâune partie des profits par le capital sous forme de salaires est derriĂšre nous. Les capitalistes ne veulent plus partager. Leur projet, câest de tout prendre et de nous faire taire par la force grĂące Ă la mise en place dâun Ă©tat policier 2.0.
La pĂ©riode est historique, parce que la situation est critique. Lâurgence impose de rompre avec les illusions politiques. Ce systĂšme capitaliste nâest pas rĂ©formable, car il porte en lui la logique de profit qui est une logique de mort. En transformant en marchandise tout ce quâelle touche, la classe dominante nous prive de lâessentiel. Et, pourtant, nous voulons vivre. La survie ne nous suffit pas.
Nous savons aujourdâhui quâil en va de la question sociale comme des questions environnementales ou sanitaires, il faut dĂ©truire le capitalisme avant quâil ne nous dĂ©truise.
Nous, rĂ©volutionnaires, voulons changer les structures sociales, car nous savons que nous pouvons vivre, travailler, produire, Ă©changer sans ĂȘtre dominé·e·s ou « _managé·e·s_ » par les capitalistes et leurs « _cadres_ » gardes-chiourmes. Le mouvement ouvrier rĂ©volutionnaire a créé les mutuelles, les services publics, les protections des salarié·e·s, les coopĂ©ratives, la sĂ©curitĂ© sociale, la dĂ©mocratisation de la culture et de lâĂ©ducation. Nous produisons dĂ©jĂ , par notre travail, lâensemble des biens et des services nĂ©cessaires Ă lâexistence de toutes et de tous. Nous pouvons gĂ©rer les usines, les chantiers, les services sans les actionnaires parasites, les bureaucrates et les PDG. Câest mĂȘme le seul moyen de produire localement et de façon responsable les biens nĂ©cessaires aux populations.
Si nous voulons des masques et des mĂ©dicaments, de la nourriture saine, des hĂŽpitaux qui soignent sans compter et des Ă©coles qui ne soient pas des casernes, si nous voulons travailler tous, toutes, moins et autrement_ ; si nous voulons dĂ©cider des affaires qui nous concernent, il est cent fois plus raisonnable de rĂ©quisitionner les usines et de les gĂ©rer nous mĂȘme que dâattendre que les capitalistes prĂ©fĂšrent la vie Ă la rentabilitĂ©.
Notre mĂ©thode est donc toujours la mĂȘme et elle est dâune urgente modernitĂ©_ : lâauto-organisation sur nos lieux de vie et de travail, la grĂšve expropriatrice et la reprise des moyens de productions et dâĂ©changes. Câest nous qui produisons tout, nous devons prendre conscience de notre force car notre tache est de refaire le monde avant que le capitalisme ne nous Ă©touffe. Nous avons tout fait, nous pouvons tout refaire. Seule la bourgeoisie qui possĂšde tout et ne sait rien construire a peur des ruines. Nous nâavons pas peur de dĂ©truire ce monde car nous avons dans le cĆur un monde nouveau.
Source: Cnt-f.org