Octobre 4, 2021
Par Rennes Info
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Crise écologique et climatique, montée de l’extrême droite et de ses thématiques dans le champ politique, incapacité du mouvement social à enrayer le tournant néolibéral et autoritaire du capitalisme, renforcement accéléré de toutes ces tendances à l’occasion de la crise sanitaire culminant dans une gestion alliant technologie de contrôle, réduction comme peau de chagrin de la démocratie, crise sociale touchant des pans immenses de la population et casse du peu de droits qu’il restait aux travailleurs : voilà le constat amer qui a conduit une dizaine d’individus participant à divers collectifs, syndicats ou associations à se réunir pour tenter d’initier localement une dynamique à la hauteur des attaques que nous subissons.

D’horizons politiques et organisationnels différents, mais adhérant tou-te-s à une critique radicale de la forme capitaliste de notre société et luttant sous diverses formes contre toutes les dominations, il est vite apparu que l’impuissance collective qui touche notre camp idéologique provient en large partie de son éclatement en causes spécifiques, défendues par des formes d’organisation, de stratégie et des modes d’action tout autant compartimentés. Face à cette multiplicité fructueuse en ouverture de lignes de front et en déploiement d’imaginaires émancipateurs, opère un ennemi systémique qui aménage et gère uniformément le monde dans lequel nous vivons. Reprendre l’initiative en fédérant toutes les forces, individuelles et collectives, qui n’ont pas renoncé à la perspective de rupture avec le capitalisme nous semble urgent.

Parce qu’il ne s’agit pas de promouvoir la création d’une organisation supplémentaire qui renforcerait la dispersion que nous mettons en question, la forme qui est apparue la plus pertinente est celle d’un « espace de composition ». L’objectif étant d’initier un processus de fédération, une alliance, visant à faire de la mouvance peu structurée qui porte l’espérance d’un dépassement du capitalisme une force unifiée dans sa diversité, capable d’agir concrètement et efficacement en ce sens. Plus largement, il s’agit aussi de réactualiser, et pour cela de réinventer, un imaginaire fédérateur tel celui qui a fait la force de l’ancien mouvement ouvrier.

Les individus qui partagent l’horizon de rupture avec le capitalisme pensent et agissent en relation avec un paysage de collectifs et d’organisations qui animent cet espace : c’est à eux que nous nous sommes donc adressé.e.s prioritairement pour les premières réunions. Nous avons adressé un texte d’appel à discussion (en document joint à cet article) à une soixantaine d’organisations et collectifs locaux qui ont une composante anticapitaliste forte dans leur positionnement, nous adressant autant à des organisations formelles (syndicats, associations, partis) qu’à des collectifs informels ou autonomes. Une part importante a répondu à notre invitation, ce qui a déjà permis la tenue de trois réunions réunissant entre 30 et 50 personnes fin juin et courant septembre 2021.

Lors de ces réunions, les participants ont commencé à construire cette initiative de fédération sous la forme d’un « laboratoire » dans lequel nous imaginerions la façon dont les diverses traditions politiques, stratégies et modes d’actions pourraient ajouter leurs forces et composer ensemble. La discussion théorique visant à analyser conjointement la situation politique et à concilier les différentes approches est apparue comme étant une part importante de ce travail de composition, une coordination efficace des actions sur le terrain reposant sur une définition collective des causes qui les justifient. Il est en effet apparu que « l’action à tout prix » refoule dans l’impensé des désaccords fondamentaux, qui ne manquent pas de ressurgir et d’alimenter les préjugés entre les différentes tendances et regroupement de personnes.

Les inévitables difficultés, incompréhensions, voire tensions qui émaillent les rapports entre les divers groupes qui constituent le mouvement social rennais ont également fait l’objet d’un début de problématisation, de manière à essayer de dépasser les désaccords stratégiques et tenter de concilier les diverses façons de lutter en préservant la spécificité et l’intérêt de chacune. La relation aux formes institutionnelles du mouvement social ou aux collectifs autonomes, le dilemme entre « l’intellectualisme » et « l’activisme », ou celui entre la « massification du mouvement social » et l’attachement à ses formes « affinitaires », le rapport à la violence politique, aux « assemblées générales » au sein des récentes mobilisations, ont, par exemple, fait l’objet de discussions entre les personnes présentes à ces réunions.

Lors de la dernière réunion, c’est à l’égard des récentes mobilisations contre le passe sanitaire que nous avons tenté d’adopter une position commune, confrontant des lectures différentes de ce mouvement allant des craintes à l’enthousiasme, du refus de s’y joindre au retour d’expérience de celles et ceux qui y ont mené des initiatives : des modalités d’action dans et en marge de ces manifestations, ainsi qu’un tract exprimant un positionnement commun minimal sur les enjeux du passe sanitaire seront proposés lors de la prochaine réunion à laquelle cet article vous convie.

Bien évidemment, ces discussions parfois longues sur le fond ont toujours pour but de déboucher sur l’organisation d’actions qui matérialiseraient l’efficacité de notre proposition de composition. Plusieurs projets d’actions ont ainsi déjà fait consensus et sont dès à présent en phase de préparation.

Enfin, la recherche d’un lieu à Rennes, à disposition de notre milieu militant, est une préoccupation majeure des participant.e.s aux rencontres que nous avons déjà réalisées. L’option de la location a pour l’instant été retenue, un groupe de personnes a pris en charge la recherche de ce lieu, les modes possibles de financement, l’engagement que ça impliquerait de la part des organisations, des collectifs et des individus.

Ainsi, le travail politique qui s’est ouvert en juin cherche à articuler l’ouverture d’une espace de discussion démocratique, qui permette des échanges à égalité et des prises de décision en assemblée, et la création de commission mandatées pour mettre en œuvre ces décisions et approfondir les questions amorcées en assemblée.

Nous en arrivons maintenant à ouvrir plus largement et publiquement notre proposition de composition collective à toutes les organisations qui se reconnaîtraient dans cette initiative et auxquelles nous n’aurions pas pensé. Mais aussi et surtout aux individus qui partagent cette perspective de rupture radicale avec le capitalisme, cette urgence de s’organiser et d’agir, mais qui ne sont engagés dans aucune organisation ou collectif.

Pour nous rejoindre, rendez-vous au local « les ombres électriques », 10 rue des trente à Rennes, le dimanche 10.10.21 à 14h.

  • Membres d’organisations ou de collectif, nous vous remercions de venir à 3 ou 4 personnes maximum afin qu’aucun groupe ne soit « sur-représenté » dans la réunion.

La Coordination Anticapitaliste Rennaise (nom provisoire)




Source: Rennes-info.org