Il est clair que Macron et son gouvernement nâont pas retenu les leçons du soulĂšvement des Gilets jaunes : quand on se moque dâune mobilisation massive, celle-ci finit par se rĂ©pandre dans toutes les couches de la sociĂ©tĂ© et ses protagonistes nâhĂ©sitent pas Ă adopter des pratiques offensives pour se faire entendre.
Dans un discours totalement orwellien, le Premier ministre a parlĂ© dâ« Ă©galitĂ© », dâ« Ă©quitĂ© », de « justice sociale »âŠalors quâil prĂ©sentait une rĂ©forme profondĂ©ment inĂ©galitaire, punitive, dâune violence sociale inĂ©dite, en promettant seulement des broutilles pour mieux diviser le mouvement.
Une chose est sĂ»re dĂ©sormais : avec la retraite Ă points, calculĂ©e sur toute la carriĂšre, la grande majoritĂ© va devoir travailler plus longtemps, pour des pensions qui baisseront de 10, 20, 30% selon les cas. Seuls les plus riches pourront sâen sortir en se payant des retraites par capitalisation auprĂšs des assurances, qui nâattendent que ça.
Les Ă©crans de fumĂ©e lĂąchĂ©s par E. Philippe, câest dâabord un recul dans le temps de la rĂ©forme qui nâentrera en vigueur que pour celles et ceux qui sont nĂ©s aprĂšs 1975. Donc il nous demande de laisser les jeunes et nos enfants galĂ©rer avec ça, Ă lâopposĂ© total des principes de solidaritĂ© entre les gĂ©nĂ©rations portĂ©s par le mouvement ouvrier et fiĂšrement rĂ©activĂ©s par les Gilets jaunes.
Pour diviser les diffĂ©rents secteurs en lutte : des petites promesses, mais que du flou. Les fonctionnaires devraient toucher des « primes », les salaires des enseignants seront (peut-ĂȘtre) revalorisĂ©s, les aide-soignantes seront « Ă©coutĂ©es », les handicapé·e·s et les prĂ©caires aussi⊠mais rien de concret. Une arnaque avec le sourire qui rappelle trĂšs fortement lâallocution de Macron il y a pile un an.
Ses propos mielleux sur les retraites des femmes ont atteint des sommets dâinfamie. La rĂ©forme proposĂ©e va aggraver les effets des carriĂšres hachĂ©es, des temps partiels subis et des inĂ©galitĂ©s de salaire sur les retraites des femmes. Et tout ce qui est proposĂ©, ce sont des compensations minimes (dont la plupart existaient dĂ©jĂ ), seulement pour les mĂšres de famille et les veuves⊠vive le patriarcat !
Le Premier ministre a poussĂ© le cynisme jusquâĂ faire croire que « les caissiĂšres, les livreurs Ă vĂ©lo et les agents de la propretĂ© » seraient dĂ©sormais sur un pied dâĂ©galitĂ© avec les dĂ©putĂ©s et le personnel politique. Il a oubliĂ© que des milliers dâeuros nous sĂ©parent et que les ouvrier·Úre·s ont aujourdâhui une espĂ©rance de vie infĂ©rieure de 10 ans Ă celle des cadres⊠ce qui nâest absolument pas pris en compte.
Comble du ridicule, E. Philippe sâest posĂ© comme un hĂ©ritier du Conseil national de la rĂ©sistance, qui « connait la culture de la lutte », porte des valeurs de « solidaritĂ© », refuse le rĂšgne de « lâargent roi », mais qui ne veut pas « entrer dans le rapport de force ». De toute Ă©vidence, câest le rapport de force qui va lui rentrer dedans, pour lui rappeler le vĂ©ritable sens de ces mots.
DerriĂšre Delevoye â le ministre cumulard financĂ© par les assurances â et derriĂšre Ădouard Philippe « droit dans ses bottes », câest bien sĂ»r Macron qui dĂ©roule son nĂ©olibĂ©ralisme autoritaire et qui pour le moment ne veut pas sortir de chez lui.
Maintenant, câest Ă lui de rentrer dans lâoctogone et de faire face Ă nos colĂšres. Dans la rue jeudi 12, pour lâacte 57 du samedi 14, puis massivement le mardi 17 dĂ©cembre, dans les cortĂšges comme sur les piquets de grĂšve et les actions de blocage, câest trĂšs certainement son nom qui sera dans toutes les tĂȘtes, dans tous les cris, dans tous les slogans.
On veut la retraite du régime !
Source: Mars-infos.org