
Manif label Grenoble capitale verte
Retour sur la manifestation du 15 janvier 2022 contre le label Grenoble Capitale Verte et son inauguration par Macron.
Anti-anti-anti capitale verte !
PrĂšs de 1500 personnes ont manifestĂ© samedi 15 janvier, contre le label Grenoble Capitale Verte et son inauguration par Macron. Refusant finalement lâinvitation, il a envoyĂ© Ă sa place la ministre de la « transition Ă©cologique » Barbara Pompili.
Rappelons que ce prix a pour but de donner des millions dâeuros Ă la ville (350 000euros de lâeurope, 4 millions de lâĂtat, 4 millions de la ville, 1,75 million du dĂ©partement) pour faire des Ă©vĂ©nements culturels et rĂ©nover des lieux dâaccueil de ces spectacles, et promouvoir un label plutĂŽt que vraiment mettre en place des choses pour lâĂ©cologie. Une opĂ©ration de communication spectaculaire, pour faire simple. La mascarade atteint son paroxysme quand on voit le nom des entreprises partenaires qui financent ce label : Minatec, le CEA, Orange, ENEDIS, Schneider Electric, Caterpillar, Air liquide, le MEDEF, Vicat, etc.
Ce nâest pas pour rien que le DaubĂ© titre un de ses articles : « Grenoble Capitale verte : un coup de projecteur sur les bonnes pratiques des entreprises du bassin ». En effet, câest une opportunitĂ© pour elles de sâacheter une conscience Ă©cologique et de valoriser leur image un peu trop polluante en y apposant le petit “green label” tout en poursuivant leur participation Ă une surproduction dĂ©sastreuse, qui plus est cotĂ©e en bourse. Quand lâĂ©cologie est rĂ©cupĂ©rĂ©e par le capitalisme Ă grand renfort de marketing, câest ce quâon appelle le Greenwashing. Nous ne pouvons cautionner un Ă©vĂ©nement créé par des institutions publiques qui se fourvoient avec le privĂ©.
Si la manifestation de ce samedi « marche pour une Ă©cologie sociale et populaire » Ă©tait dĂ©clarĂ©e par Alternatiba, Citoyens pour le climat (CPLC), Attac ou Greenpeace, câest un mĂ©lange dâorganisations, de syndicats trĂšs variĂ© qui Ă©tait prĂ©sent dans les rues. Nous Ă©tions plusieurs collectifs et individus rĂ©uni.es pour former un cortĂšge anticapitaliste, qui contrairement Ă certains de ces groupes Ă©cologistes, ne croyons pas Ă la « transition Ă©nergĂ©tique », critiquons non seulement lâĂtat et son inaction mais aussi la politique de la ville de Grenoble, et lâĂ©cologie utilisĂ©e Ă des fins politiciennes : « Grenoble, la “Smart City » des ingĂ©nieur·es et start-uppers, dĂ©veloppe de nouveaux marchĂ©s rentables pour le capitalisme Ă travers la croissance “verte” tout en pĂ©nalisant les plus prĂ©caires. » (voir lâappel en entier ici).
En plus de lâimmense banderole « Grenoble Capital-isme vert », on pouvait lire des messages comme “Non au greenwashing”, “contre la politique de Macron », « Non aux projets inutiles » ou « Piolle ami des multinationales ».
Câest sous un grand ciel bleu que la manif sâest Ă©lancĂ©e Ă partir du Parc Paul Mistral, en croisant Ă plusieurs reprises celle contre le Pass Sanitaire, notamment place de la prĂ©fecture. Ce croisement de cortĂšges a semĂ© la confusion entre les manifestants qui nous scandaient quâil fallait ĂȘtre contre le pass sanitaire avant tout, alors que beaucoup dâentre nous leur donnent certainement raison. Câest aussi Ă ce moment que des slogans antifascistes ont Ă©tĂ© criĂ©s, pour rappeler quâon trouve des mouvances dâextrĂȘme-droite dans ces manifestations anti-pass comme Civitas, EgalitĂ© et rĂ©conciliation, les PatriotesâŠ. (voir article de la horde)
Puis on est passĂ©.es par lâavenue LesdiguĂšres jusquâau centre-ville, dĂ©rangeant visiblement des gens assis aux terrasses des restaurants ou consommant dans les boutiques. Des RG se sont fait sortir de la manif, des fumigĂšnes roses et violets ont colorĂ© le cortĂšge et des tags sont apparus sur les murs et le « mobilier urbain ». Le tout au son de la Combattucada, avec le divertissement des clowns de la BAC (brigade activiste de clowns) et les portraits de Macron barbouillĂ©s de peinture verte, et sous les slogans « siamo tutti antifascisti » , « Anti, anti capitale verte », « Techno, nano, pas Ă©co-lo ! » ou encore les chants « A bas lâĂ©tat policier » ou « Greenwashing bobo Ă©colo / Grenoble, grenoble / Greenwashing bobo Ă©colo / le capitalisme Ă vĂ©lo le capitalisme Ă vĂ©lo ! », « On peut ĂȘtre heureux sans rollex /
On peut se passer de Castex / Et on peut cramer le Fouquetâs sans verser de larmes ».
Dans la foule on pouvait rencontrer quelques pro-nuclĂ©aires se proclamant Ă©colo allant dans le sens de « Voix du nucleaire » (association soit-disant citoyenne et indĂ©pendante créée par des ancien.nes cadres dâAreva…) ou des Jancovisistes convaincus, mais aussi pas mal dâantinuclĂ©aires comme des membres du rĂ©seau SDN (Sortir du nuclĂ©aire) et des individus qui Ă©taient lĂ pour dĂ©noncer la propagande de lâĂ©tat et des lobbys dits Ă©colo et pro-nuclĂ©aires, distribuant un tract contre la politique technocapitaliste actuelle, critiquant vivement lâidĂ©ologie du progrĂšs et lâexpansion Ă©nergĂ©tique :
« Dans ce contexte de grande bouffonnerie prĂ©sidentielle, et aprĂšs avoir matraquĂ© de propagande « verte » que le nuclĂ©aire serait la solution au rĂ©chauffement climatique, le terrain mĂ©diatique semble prĂ©parĂ© pour la nuclĂ©arisation intensive des annĂ©es Ă venir, quel que soit la.e candidat·e Ă©lu·e. Avec lâaval de la Commission europĂ©enne, qui contribuera Ă coups de financements publics, cette poursuite du nuclĂ©aire rĂȘvĂ©e par les dirigeants français va accĂ©lĂ©rer la numĂ©risation de la sociĂ©tĂ© et lâautoritarisme qui va avec, tout en permettant lâexportation du nuclĂ©aire Ă lâĂ©tranger »
Le syndicat Solidaires était présent également pour dénoncer
« lâopĂ©ration de communication en faveur des institutions europĂ©ennes, des intĂ©rĂȘts personnels et carriĂ©ristes des dirigeant.es politiques, et au profit du patronat rĂ©gional. Le sacre de « capitale verte » ne rĂ©clame aucun critĂšre objectif ou chiffrĂ©, câest un « concours de beautĂ© » entre 18 villes candidates, et les choix reposent sur des jugements obscurs. Ce titre de « capitale verte » est une supercherie, destinĂ©e Ă masquer lâinaction des pouvoirs publics pour la justice sociale et Ă©cologique. Les changements nĂ©cessaires rĂ©clament des mesures radicales de transformation profonde »
Le DAL (droit au logement) aussi critique lâhypocrisie de ce label, qui nâest finalement quâune “manoeuvre supplĂ©mentaire pour attirer toujours plus de catĂ©gories socioprofessionnelles supĂ©rieures au dĂ©triment des plus prĂ©caires”, ils rĂ©clament “la baisse des loyers et lâapplication de la loi de rĂ©quisition”, en opposition Ă la bĂ©tonisation inutile des sols.
Parlons quand mĂȘme des membres de FFF (Fridayâs for Future) qui, aprĂšs avoir fait un discours Ă la fin de la manif pour critiquer lâimplication de lâĂtat français dans le mĂ©ga projet pĂ©trolier de Total, la construction dâun pipeline en Ouganda et Tanzanie, sont allĂ©.es participer Ă lâinauguration du label au musĂ©e oĂč ils Ă©taient invitĂ©s par les Ă©lus, ces derniers se vantant mĂȘme de leur venue : “Les jeunes activistes qui nous ont interpellĂ© ont raison, on doit sortir des Ă©nergies fossiles”, “Je remercie cette jeunesse activiste pour son engagement”, « la gĂ©nĂ©ration âGreta Thunbergâ donnera le coup dâenvoi de Grenoble Capitale verte de lâEurope 2022 » etc…
Nous dĂ©plorons les consĂ©quences dramatiques quâaura ce projet sur lâĂ©cosystĂšme et les habitant.es, nous soutenons les personnes en lutte contre Total, les multinationales et lâimpĂ©rialisme de la France. Cependant nous tenons Ă critiquer cette stratĂ©gie opportuniste de Fridayâs for future dâaccepter cette mise en scĂšne en participant Ă lâinauguration de ce label ; nous ne voulons pas ĂȘtre utilisĂ©.es par les politiciens et rĂ©cupĂ©rĂ©.es dans le sens qui les arrange, ni ĂȘtre mis en avant pour donner bonne conscience aux institutions. On peut rappeler que si la mobilisation du 15 avait lieu contre la politique de Macron, elle nâen nâa pas moins pour cible Eric Piolle et tous les pouvoirs politiques, quâils se disent Ă©colo ou pas. On pense bien sĂ»r Ă certains projets locaux : lâagrandissement de lâautoroute A480, la construction du centre commercial Neyrpic, le MĂ©trocable, etc.
La manifestation sâest conclue vers 16h30 au Jardin de ville, avec quelques prises de paroles, des distributions de galettes du roi (Macron) vegan et de boissons chaudes, et avec une AG de luttes Ă©cologiste et anticapitaliste qui a pris place dans le kiosque, avec une cinquantaine de personnes restĂ©e dans le froid pour y participer.
Ce qui ressort de cette assemblĂ©e, câest des envies de rĂ©flĂ©chir et dâagir concrĂštement, en tentant de rĂ©pondre Ă la question : “quâest-ce qui pourrait ĂȘtre mis en place en 2022 Ă Grenoble ?”. On y rĂ©pond : demander la rĂ©quisition des logements vides plutĂŽt que de continuer Ă bĂ©toniser la ville, sâattaquer aux multinationales, Ă la construction des centres commerciaux, faire de lâaffichage et du tractage contre le greenwashing de la ville, investir les lieux solidaires et en lutte, soutenir les lieux menacĂ©s dâexpulsion. Ou encore : se rendre aux Ă©vĂ©nements Ă©tiquetĂ©s par le label et y prendre la parole, informer, dĂ©noncer.
Et surtout, on sent une envie commune de continuer à se réunir réguliÚrement, et malgré les divergences au sein des collectifs, de conserver un front uni dans de prochains rdv.
Le constat est bien que le capitalisme exploite les humain.es et les ressources naturelles. Que ce systĂšme nâest pas compatible avec une vĂ©ritable Ă©cologie. On souhaite repenser des modes de production appropriables, rĂ©duire notre consommation de biens et dâĂ©nergies, chercher lâautogestion de nos modes de vies.
Des RDV ont été donnés, pour continuer à faire vivre nos luttes :
– jeudi 27 janvier Ă 18h30 au 38, rĂ©union du collectif LUCSE (Luttes pour un Usage Collectif et Solidaire des Espaces) sur les usages de la voiture
lundi 31 janvier au Chantier de Fontaine à 18h30, réunion publique autour du métrocable
vendredi 11 fĂ©vrier Ă 18h maison des associations â SoirĂ©e « RĂ©quisitions » organisĂ©e par le DAL (quâest-ce que la rĂ©quisition, comment lâatteindre)
Des individus anticapitalistes
Source: Cric-grenoble.info