L’ouvrage est l’autobiographie d’un petit voyou qui « récupéré » par les services secrets va tenter d’infiltrer le mouvement d’extrême droite, Égalité et réconciliation.
Issu de la classe moyenne, vivant dans un HLM à Créteil, fils d’une famille catholique camerounaise. Petit dernier d’une famille de cinq, ses sœurs ont tout fait pour échapper à leur condition.
Initialement, le petit Thomas fana du PSG fréquente le kop d’Auteuil et les chasseurs de skin des « Black dragons » mais embarqués dans des mauvais plans, il se fait serrer pour divers escroquerie.
Un flic très louche, qui fréquentera, ou fréquente alors déjà les milieux de la Francafrique et les cercles sarkozistes, lui propose de bosser pour lui en infiltrant le groupe de Soral, un espèce de Doriot aux petits pieds, qui selon les dires de l’auteur est un pétochard et un mythomane de première.
Il se fait alors passer pour un hooligan fascistoïde, fréquentant le kopp de Boulogne, un « black natio ».
La fascination de la bande de Soral pour la violence favorise la rencontre et la montée de Thomas, qui se fait alors appelé Mathias Cadet.
Il évoque – compte rendu de dialogues à l’appui – l’antisémitisme du chef de la secte mais aussi et surtout la volonté d’alliance entre les fascistes et les islamistes dont la manifestation antisémite jour de colère en janvier 2014 constitue l’acmé.
Il souligne aussi que tous ces petits chefs sont mués par les rivalités, la recherche de la renommée, la haine et la cupidité, Soral et son acolyte Dieudonné en étant les preuves les plus manifestes.
On apprend sans que cela ne soit vraiment une surprise que le mouvement est piloté en sous-mains par les anciens gudard, Chatillon et Loustaud, eux-mêmes prenant leurs ordres chez le seigneur de Montretout (père).
Le bouquin écrit avec un style alerte se lit comme un polar. Bien construit et bien raconté, il faut cependant noter que le lecteur est obligé de le suivre dans son récit de le croire sur parole, même si parfois certaines scènes semblent proche d’un roman, les faits exposés sont souvent corroborés par d’autres ouvrages. Il est un témoignage important sur cette frange de la fachosphère.
Les bouffons de la haine, Thomas Nlend, préface de Caroline Fourest. Grasset 2022 318 p. 20,90 €
Source: Monde-libertaire.fr