Passa Palavra (Brésil), 30 octobre 2020
Lâassassinat de Samuel Paty ne peut ĂȘtre liĂ© exclusivement Ă lâoppression Ă laquelle sont soumis les musulmans en Occident, ou aux violences symboliques quâils subissent dans leur vie quotidienne, que si on Ă©loigne complĂštement cet assassinat dâun contexte plus large.
Le meurtre de Samuel Paty contient certainement ces Ă©lĂ©ments, mais si le fait nâest traitĂ© que dans le cadre dâun conflit entre une « laĂŻcitĂ© eurocentrique » et un « islam opprimĂ© », il devient impossible de comprendre comment cet assassinat rĂ©sulte Ă©galement des conditions idĂ©ologiques et matĂ©rielles créées par un camp politico-idĂ©ologique fasciste qui construit un « Ătat totalitaire miniature » fondĂ© sur le culte de la personnalitĂ© du dirigeant dâune classe de capitalistes dâĂtat. En utilisant la violence, les menaces, les humiliations publiques et divers autres instruments rĂ©pressifs, cette classe condamne plus dâun million de musulmans tchĂ©tchĂšnes Ă une vie de pauvretĂ©, de surexploitation et dâoppression politique absolue â conditions idĂ©ales pour lâĂ©panouissement du fondamentalisme islamique et du messianisme djihadiste, expressions tchĂ©tchĂšnes dâun conservatisme et dâun obscurantisme que la gauche voulait encore combattre dans un passĂ© pas trop lointain. Sans cette base prĂ©alable, les conditions pour que la famille dâA.A. Anzorov Ă©migre de TchĂ©tchĂ©nie, et pour quâil se rapproche du djihadisme et assassine Samuel Paty en se proclamant « martyr », nâauraient certainement pas Ă©tĂ© rĂ©unies.
Il serait bon que, lorsquâils traitent des « identitĂ©s », des « traditions » et des oppressions qui leur sont associĂ©es, certains secteurs de la gauche se livrent au mĂȘme exercice que nous avons tentĂ© de faire dans cet article, câest-Ă -dire dâenquĂȘter sur lâorigine des « identitĂ©s » et des « traditions » prĂ©sumĂ©es, le contexte dans lequel elles apparaissent, leur utilisation par les classes capitalistes et leur impact sur les travailleurs, oĂč quâils soient. Sans cet exercice, sans une caractĂ©risation prĂ©cise de lâarticulation entre les oppressions quotidiennes et lâexploitation capitaliste, la lutte contre les oppressions devient un piĂšge. Et il ne faut alors pas sâĂ©tonner si la gauche converge avec les capitalistes qui bĂ©nĂ©ficient de ces « identitĂ©s » et de ces « traditions, et avec lâextrĂȘme droite qui prĂ©tend parler au nom des opprimĂ©s pour prendre le pouvoir Ă la premiĂšre occasion. Cette convergence entre la gauche et la droite porte un nom que nous connaissons bien : le fascisme.
Source: Mondialisme.org