Le « nĂ©o-malthusianisme » est de plus en plus Ă lâordre du jour. AprĂšs lâintervention du vertueux Gauthier de Clagny et les promesses vengeresses du non moins vertueux Aristide, on annonce de nouvelles poursuites contre les propagateurs de cette infĂąme thĂ©orie. Le tour des malthusiens est, en effet, venu. Il y a quelques annĂ©es quâon les guette. Ils peuvent se prĂ©parer Ă trinquer largement.
Paul Robin â dont nous nous occupons cette semaine â compte prĂ©cisĂ©ment parmi les prĂ©curseurs et les thĂ©oriciens les plus ardents de la doctrine blĂąmĂ©e au Palais-Bourbon par de courageux moralistes. Cet homme sur lequel on a dĂ©jĂ jetĂ© lâanathĂšme, Ă propos de Cempuis et de son systĂšme de co-Ă©ducation des sexes, complique encore son cas par lâappui quâil apporte, en toute occasion, Ă la plus immorale et Ă la plus dangereuse des doctrines sociales. RĂ©volutionnaire, Ă©ducateur subversif et partisan de la procrĂ©ation limitĂ©e, câest beaucoup pour un seul homme. Il sera difficile de le laver de toutes ces tares dont chacune suffit pour le rendre odieux. Mais il sera surtout difficile de faire admettre au public quâun individu capable de prĂȘcher la limitation consciente et raisonnĂ©e des naissances nâest pas une abominable fripouille.
Songez donc. Ce Paul Robin a Ă©ditĂ© des journaux et des brochures dans lesquels il conseille carrĂ©ment aux femmes de prolĂ©taires dâĂ©viter la grossesse et il leur indique mĂȘme les moyens les plus propres Ă Obtenir ce rĂ©sultat. Ce Paul Robin dit aux travailleurs : Ne faites plus de gosses au petit bonheur. RĂ©flĂ©chissez. Calculez votre coup. Songez Ă lâavenir. Les familles trop nombreuses sont pour les pauvres gens les principales causes de leur misĂšre et de leur servage. On nâa pas le droit de faire des enfants quand on nâa pas les moyens de les rendre heureux. Lâamour doit ĂȘtre libĂ©rĂ© de toutes les contraintes. La femme doit pouvoir refuser la maternitĂ©.
Ce Paul Robin dit bien dâautres choses encore, du mĂȘme genre. Quel Ă©pouvantable gredin ! Plus nous rĂ©flĂ©chissons Ă son cas, et plus nous apercevons les difficultĂ©s qui lâentourent. Ce rĂŽle dâavocat que nous avons acceptĂ© ne sera pas prĂ©cisĂ©ment gai. Nous allons essayer, malgrĂ© tout, de le tenir en toute conscience.
Source: Partage-noir.fr