Cette procĂ©dure de dissolution du CCIF sâinscrit dans la logique de rĂ©pression islamophobe annoncĂ©e par le discours dâEmmanuel Macron aux Mureaux le 2 octobre 2020 dont les premiĂšres traductions concrĂštes ont Ă©tĂ© la dissolution de lâassociation Baraka City et des centaines de perquisitions de mosquĂ©es, dâ associations cultuelles et au domicile de particuliers. Lâobjectif nâest rien dâautre en plus de dĂ©tourner les regards et les colĂšres en pleine crise sociale et sanitaire vers les musulman.es, que dâintimider afin de re-silencier ceux qui ont osĂ©s ces derniĂšres annĂ©es dĂ©noncer lâislamophobie dâEtat et exiger un traitement Ă©galitaire pour les musulmans ou supposĂ©s tels. Ce projet gouvernemental de dissolution du CCIF ne saurait ĂȘtre dissociĂ© de la proposition de loi contre le « sĂ©paratisme » et plus gĂ©nĂ©ralement de la gestion coloniale de lâislam et des musulman-e-s poursuivie par Macron dans la continuitĂ© des gouvernements prĂ©cĂ©dents.
Cette gestion coloniale de lâislam et des musulman-e-s nĂ©cessite de mettre sous contrĂŽle lâensemble des acteurs musulmans et de rĂ©primer toute voix musulmane autonome, discordante ou critique. Ainsi, le gouvernement attaque une organisation antiraciste, le CCIF, ayant pour but de combattre les violences et discriminations islamophobes, notamment par un accompagnement des victimes dâislamophobie et par la publication dâun rapport annuel dressant un Ă©tat des lieux de lâislamophobie en France. Exploitant sans vergogne lâĂ©motion suscitĂ©e par lâassassinat de lâenseignant Samuel Paty, le gouvernement franchit un pas de plus dans la gestion racialiste et sĂ©curitaire des questions sociales et politiques dont lâimpact sâĂ©tendra bien au-delĂ de lâassociation visĂ©e.
Par la dissolution du CCIF, le gouvernement espĂšre certainement faire taire toute dĂ©nonciation de lâislamophobie ; et plus particuliĂšrement la dĂ©nonciation de lâislamophobie dâĂtat quâil souhaite renforcer au travers de nouvelles lĂ©gislations. Pensant nâavoir plus face Ă lui de structures visant Ă lutter contre lâislamophobie, le gouvernement pense assurĂ©ment quâil aura les mains libres pour mettre en Ćuvre sa politique islamophobe de gestion coloniale de lâislam et des musulman-e-s. Il compte ainsi se donner les moyens de dĂ©tourner durablement lâopinion publique des vĂ©ritables questions qui se posent Ă notre sociĂ©tĂ©, celle de la paupĂ©risation de masse.
En rĂ©ponse, dans son communiquĂ©, la CCIF a dâores et dĂ©jĂ annoncĂ© que ce projet de dissolution Ă©tait « sans objet » car le siĂšge social du Collectif contre lâislamophobie en France a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e Ă lâĂ©tranger afin de pouvoir poursuivre sa mission et de se protĂ©ger contre la politique autoritaire du gouvernement. Nous saluons cette dĂ©cision qui est un signe de rĂ©sistance. Nous appelons chacune et chacun Ă se mobiliser plus que jamais contre lâislamophobie. Ils tentent de briser un thermomĂštre afin de masquer une fiĂšvre raciste destructrice. Visibilisons par notre mobilisation ce racisme dâEtat que lâon veut masquer et les fonctions politiques quâil remplit.
Le Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP) condamne fermement cette attaque contre le CCIF et lâassure de son soutien dans sa lutte contre lâislamophobie et pour lâĂ©galitĂ©. Nous soutenons aux cĂŽtĂ©s du CCIF et dâautres organisations les initiatives du 9 dĂ©cembre et du 12 dĂ©cembre contre la loi » sĂ©paratisme ».
Face lâoffensive islamophobe et sĂ©curitaire du gouvernement, nous avons plus que jamais besoin de nous unir pour ne plus subir.
Source: Mars-infos.org