Manifestations “pour les libertés”, vivier des réactionnaires
Rédigé par ici et maintenant
18 décembre 2021
Aucun commentaire
La réussite des mobilisations contre les mesures sanitaires
sont sans aucun doute facilitées par une couverture médiatique
importante (à la différence de ce qui se passe lors des
grèves des prolétaires et des luttes syndicales ) et
par le fait qu’on présente ce mouvement comme
l’expression du mécontentement des « gens normaux
», de « monsieur et madame tout le monde », du «
peuple ».
Au-dessus des
classes aussi. L’exploitation capitaliste n’est pas
pointée du doigt. Et pourtant c’est bien l’État
qui est entre les mains de la classe dominante (les capitalistes, la
bourgeoisie). Sa fonction principale est de maintenir l’ordre établi
grâce à ses infrastructures et son organisation
économique de la société (mode de production,
division en classes sociales, domination, aliénation,
salariat, télévisions, médias, religions, lois…)
On appelle la police
à rejoindre les rangs des mécontent.e.s… En
oubliant que le rôle essentiel de la police, sa raison d’être,
est un rôle politique. Elle existe pour défendre la
propriété et l’ordre des capitalistes. En lisant
certaines déclarations, on a l’impression que les
actrices et acteurs de ce mouvement découvrent qu’ils
vivent dans un système capitaliste avec ses crises cycliques
et son autoritarisme !
Bien évidemment,
nous rejetons les mots d’ordres ambigus et farfelus :
introduction d’une puce, 5G, complot judéo-maçonnique,
éradication de l’humanité, satanisme… Le
doute et le soupçon relèvent d’une démarche
intellectuelle saine et nécessaire. Mais quand elle s’exerce
à tout va, elle profite à des formes d’irrationalisme
toujours porteuses d’une vision autoritaire et conservatrice de
la société. Le grand fantasme du réseau
pédophile mondial figure à cet égard le recours
à une pseudo incarnation du Mal, et la manière dont la
sacralisation de l’enfant participe au discours de ces
mouvances (la vaccination des enfants, victimes innocentes des
« blouses blanches ») relève d’une
mystique irrationaliste déconnectée de la réalité.
C’est à une forme de délire paranoïaque de
groupe que l’on est confronté dans le contexte de ces
manifestations. Le capitalisme n’est pas un grand Moloch Baal
dévoreur d’enfants. C’est un système
d’exploitation, avec ses oppresseurs et ses opprimés.
C’est un modèle économique doté de
dispositifs de contrôle et de surveillance. Historiquement
construit, il peut être socialement renversé. La lutte
contre ce système ne passe pas par le refus de la vaccination
obligatoire mais par la conscience de classe.
Pour faire face à
des difficultés et des crises économiques toujours plus
graves, le capitalisme n’a pas d’autre ressource que
d’accroître sa pression sur celles et ceux qui bossent
(et qui produisent réellement les richesses), de démanteler
les amortisseurs sociaux et reprendre les avantages qu’il avait
concédés dans les périodes fastes (les 30
glorieuses par ex.) pour maintenir la paix sociale : assurer ou
rétablir les profits implique l’accroissement de
l’exploitation capitaliste avec comme conséquence et
condition d’accélérer l’oppression sociale
sous toutes ses formes. La crise sanitaire et les tensions inhérentes
au virus est une aubaine : salaires bloqués,
surexploitation, autoritarisme, allongement de l’âge de
la « prépension », cadeaux fiscaux pour les
riches, aides aux patrons (chômage covid, droit passerelle,..),
attaques antisyndicales,…
Il n’est pas
rare de voir le drapeau national ou les bannières
régionalistes flotter dans les manifs. Liberté !
démocratie ! Que ça gueule. La croyance en une
démocratie idéale et les illusions d’une lutte «
populaire », qui pourrait faire reculer le gouvernement sont
typiques de ce genre de mouvement confusionniste et apolitique,
incapable de comprendre que la plus démocratique des
démocraties n’est jamais autre chose que le masque de la
loi du profit et du Capital. Un tel mouvement de contestation
interclassiste attire inévitablement les forces de
l’extrême-droite (comme en Allemagne, en Italie, aux
USA,..)
Les médias
autoproclamés « libres » (en quémandant
continuellement du fric ou en touchant des subventions) et ses
vedettes « reporters-citoyens » ne mouftent pas en
présence des fascistes. Les stars du net comptent les clics et
la caillasse, empilent les vues… pour le rejet de l’extrême-droite,
on verra plus tard…
Ceux-ci ont
d’ailleurs partagé l’estrade avec Sarkis Simonjan,
qui, d’après le Front Antifa liégeois, est un «
chrétien orthodoxe intégriste (anti-avortement etc.)
grand fan des théories du complot : satanistes tueurs de bébés
dans les hautes sphères du pouvoir, le covid n’existe
pas c’est un complot des « mondialistes » (sic)
afin de pucer la population via les vaccins, etc. ».
Avec Escada (ex-FNB)
et les cathos-fachos de Civitas ou Sarah Melis, une proche de Schild
& Vrienden.
Avec David Bouillon,
ancien colistier de Georges Louis Bouchez et ex-soutien de la liste
islamophobe Destexhe ou Cristian-Vasile Terheş député
roumain (droite conservatrice chrétienne) cortégé
par les homophobes de l’Alliance pour l’Unité des
Roumains/AUR.
Ils ont donc battu
le pavé bruxellois avec des démagogues du net en quête
de notoriété, de médiocres charlatans issus des
réseaux sociaux, des sectes nazies, des groupuscules
conservateurs et les reliquats fascistes échappés des
poubelles de l’histoire…
Henri Golan &
Julienne Delhez-Gume
Groupe Ici &
Maintenant de la Fédération anarchiste
Écrire un commentaire
Source: Ici-et-maintenant.group