La guerre en Ukraine permet Ă la Russie de sâaffirmer Ă nouveau comme une puissance politique. Mais les commentaires sur ce pays restent encore engluĂ©s dans les clichĂ©s et les fantasmes. Il semble important de se pencher sur la vie politique en Russie et son histoire rĂ©cente pour comprendre les enjeux liĂ©s Ă lâactualitĂ©.
AprĂšs les batailles pour le pouvoir de la pĂ©riode Eltsine, la Russie semble davantage stable depuis les annĂ©es 2000. Ce pays sâappuie sur sa croissance Ă©conomique. La population russe semble accepter lâordre Ă©tabli. Les syndicats et les associations ne parviennent pas Ă se faire entendre. Cependant, le rĂ©gime actuel ne semble pas parvenir Ă rĂ©aliser les idĂ©aux de dĂ©mocratie et de justice sociale.
Des chercheurs se penchent sur les évolutions de la Russie post-soviétique. Ils analysent le régime politique, mais également la structure du capitalisme en Russie. Ils évoquent également les mouvements sociaux qui se développent. Leurs contributions sont rassemblées dans le livre collectif Capitalisme, néolibéralisme et mouvements sociaux en Russie.
Régime autoritaire et capitalisme
Michel Roche se penche sur la situation politique en Russie. AprĂšs lâeffondrement de lâURSS, les idĂ©ologues libĂ©raux ont tentĂ© dâimposer le capitalisme et la dĂ©mocratie en Russie. Les rigiditĂ©s du pays seraient uniquement liĂ©es Ă la tradition autoritaire hĂ©ritĂ©es du tsarisme et du stalinisme. « En somme, il sâagirait pour les libĂ©raux, dâintervenir massivement dans la sociĂ©tĂ© russe pour enseigner aux dirigeants et Ă diffĂ©rentes organisations les rudiments du systĂšme en vigueur dans le monde occidental », dĂ©crit Michel Roche.
Mais les rĂ©sultats actuels semblent trĂšs Ă©loignĂ©s des projets espĂ©rĂ©s. La situation politique en Russie dĂ©coule de la thĂ©rapie de choc des annĂ©es 1990, avec de multiples privatisations. Le capitalisme russe se distingue par sa trĂšs forte dĂ©pendance de lâexportation des ressources pĂ©troliĂšres et gaziĂšres et par le dĂ©clin de son industrie. Ensuite, le rĂ©gime politique nâapparaĂźt pas comme une dĂ©mocratie modĂšle. La propension Ă lâautoritarisme sâest manifestĂ©e avec Boris Eltsine et ne cesse de se renforcer avec le temps.
Ces dĂ©rives autoritaires ne sâexpliquent pas uniquement par une tradition russe immuable ancrĂ© dans un supposĂ© essentialisme issu de la pĂ©riode tsariste. Câest avant tout pour dĂ©fendre la stabilitĂ© du capitalisme que le rĂ©gime russe se durcit. « A mon avis, câest pour prĂ©server le nouvel ordre Ă©tabli, pour maintenir le contrĂŽle exercĂ© par la bureaucratie de lâEtat et une oligarchie sur les ressources du pays, en somme, pour sauvegarder le capitalisme encore fragile que se manifeste cette tendance Ă lâautoritarisme », analyse Michel Roche.
Dans les sociĂ©tĂ©s oĂč les rapports marchands semblent peu dĂ©veloppĂ©s, la bourgeoisie apparaĂźt trop faible voire inexistante. Câest alors lâEtat qui permet de stimuler le dĂ©veloppement du capitalisme. LâEtat russe est devenu un Etat bourgeois avant mĂȘme lâĂ©mergence dâune classe bourgeoise en Russie. Les forces procapitalistes peuvent alors facilement sâemparer du pouvoir dâEtat. « De cette maniĂšre, le capital peut pĂ©nĂ©trer dans la sociĂ©tĂ© russe par lâintermĂ©diaire de lâEtat », observe Michel Roche. Les libĂ©raux russes et leurs alliĂ©s internationaux imposent une « thĂ©rapie du choc » pour rendre la transition irrĂ©versible et empĂȘcher un retour au capitalisme bureaucratique.
Pour imposer cette thĂ©rapie du choc, Boris Eltsine verrouille le systĂšme politique pour Ă©touffer les oppositions au nĂ©olibĂ©ralisme. En 1993, il fait appel Ă lâarmĂ©e pour massacrer la contestation, avec plus de mille morts Ă Moscou. Cette rĂ©pression permet Ă Eltsine dâimposer sa constitution qui permet au PrĂ©sident de concentrer tous les pouvoirs. La rĂ©pression permet dâĂ©craser lâopposition du moment, mais permet aussi dâempĂȘcher la prise du pouvoir par des forces hostiles au nouvel ordre Ă©tabli, y compris dans le cadre lĂ©gal dâĂ©lections dĂ©mocratiques. La transition au capitalisme ne semble pas compatible avec la dĂ©mocratie libĂ©rale. « Les forces procapitalistes qui contrĂŽlent lâEtat russe et les entreprises les plus rentables du pays sâestimaient incapables de prendre le risque dâune simple dĂ©faite Ă©lectorale », indique Michel Roche. La fraude Ă©lectorale se banalise sous la prĂ©sidence Eltsine.
Vladimir Poutine est nommĂ© au poste de premier ministre en 1999. Lâoligarchie craint lâarrivĂ©e au pouvoir dâEvgueni Primakov qui promet la renationalisation de certains secteurs et une lutte contre la corruption. Le rĂ©gime russe renforce davantage la prĂ©sidence et affaiblit les institutions. Le contrĂŽle des Ă©lections permet Ă la classe dirigeante de lĂ©gitimer ses dĂ©cisions. La « lutte contre le terrorisme » permet Ă Poutine de resserrer le contrĂŽle exercĂ© par lâEtat, et surtout par le PrĂ©sident, sur la vie politique. La presse occidentale valorise les figures dâune opposition dĂ©mocratique fantoche, comme Navalny. Mais ce sont les mouvements sociaux que Poutine redoute le plus. En dĂ©cembre 2011, des manifestations Ă©clatent pour protester contre la fraude Ă©lectorale. Mais le mouvement finit par sâestomper et aucune autre mobilisation ne parvient Ă menacer le rĂ©gime.
Politisation dans les luttes sociales
Carine ClĂ©ment prĂ©sente les pratiques militantes en Russie. La sociĂ©tĂ© russe post-soviĂ©tique est considĂ©rĂ©e comme peu contestataire. NĂ©anmoins, une mobilisation sociale massive Ă©clate en dĂ©cembre 2011. Cette protestation politique contre la fraude Ă©lectorale est dĂ©signĂ©e comme « le rĂ©veil de la sociĂ©tĂ© civile russe ». En revanche, les mouvements sociaux qui prĂ©cĂšdent cette mobilisation restent rarement Ă©voquĂ©s. Les commentateurs se focalisent sur la mobilisation citoyenne concentrĂ©e Ă Moscou mais occultent les luttes sociales. Des mobilisations plus locales et Ă©parses sâattaquent aux problĂšmes sociaux concrets de la vie quotidienne. Des hommes et des femmes de la Russie ordinaire, Ă©loignĂ©s du militantisme citoyen, prennent le chemin de lâaction collective.
Lâhistoire de la protestation sociale en Russie semble mĂ©connue. Pourtant de nombreuses luttes ont Ă©clatĂ© en URSS. La sociĂ©tĂ© nâest pas totalement passive et Ă©crasĂ©e. Surtout, des mobilisations massives se dĂ©veloppent en 1989-1991. Ce mouvement contribue Ă la chute du rĂ©gime soviĂ©tique. En 1993 et Ă la fin des annĂ©es 1990 Ă©mergent Ă©galement des mobilisations. Mais ces luttes concernent surtout le monde du travail et un public dĂ©jĂ politisĂ©. A partir des annĂ©es 2000, avec lâarrivĂ©e au pouvoir de Poutine, une pĂ©riode de pacification sociale semble sâimposer.
Cependant, Ă partir de 2005, de nouveaux mouvements Ă©mergent. Ils ne proviennent pas de syndicats ou de militants politisĂ©s, mais davantage dâinitiatives de base. Ils ne visent pas le renversement du rĂ©gime mais se concentrent sur des problĂšmes particuliers qui relĂšvent du quotidien. Ces luttes locales restent Ă©clatĂ©es sur le vaste territoire de la Russie et peu liĂ©es entre elles. Surtout, ce sont des personnes sans expĂ©rience militante qui se lancent dans lâaction collective. Ce qui brise les normes dominantes dâune sociĂ©tĂ© russe engluĂ©e dans la passivitĂ©, le clientĂ©lisme et la soumission.
Dans la ville dâAstrakhan, les logements se dĂ©gradent. LâEtat se dĂ©sengage du financement pour confier la gestion de lâentretien et de la rĂ©novation Ă des sociĂ©tĂ©s privĂ©es. Mais les habitants se mobilisent pour amĂ©liorer leur cadre de vie. Ce sont les problĂšmes de la vie quotidienne, comme le logement, qui poussent ces personnes ordinaires Ă sortir de la rĂ©signation et de la passivitĂ©. Les habitants dĂ©cident de passer en gestion directe pour sâorganiser par eux-mĂȘmes face aux problĂšmes de logement.
Cette mobilisation se heurte Ă des obstacles et Ă des barriĂšres administratives, mais qui renforcent la conscience sociale des habitants. « Analysant le poids des obstacles extĂ©rieurs, rajoutons un point essentiel : sâils sâaccompagnent dâune lutte collective pour en venir Ă bout, ces obstacles favorisent la mobilisation des habitants en ce sens quâils entraĂźnent lâindignation, font naĂźtre le soupçon sur les vĂ©ritables intentions des agents de lâEtat, font vaciller les illusions dâun Etat paternaliste », souligne Carine ClĂ©ment.
La conflictualitĂ© ne fait que consolider la solidaritĂ© et la communautĂ© mobilisĂ©e. La logique de la lutte favorise la volontĂ© de rĂ©sister et dâaffirmer sa dignitĂ©. Les habitants prennent conscience de leur force collective. « Ils ont pris goĂ»t Ă leur nouveau rĂŽle, se sentent investis dâune responsabilitĂ© collective, capable dâagir et dâinfluencer la situation, ont acquis la conscience dâavoir du pouvoir et de faire changer les choses », observe Carine ClĂ©ment.
Syndicalisme indépendant
David Mandel se penche sur le syndicat de lâusine Ford Ă Vsevolzhsk. Ce collectif ouvrier affirme son « indĂ©pendance de classe ». Il se dĂ©marque des autres syndicats qui reposent sur le « partenariat social » et considĂšrent que les intĂ©rĂȘts des ouvriers et des patrons peuvent se rejoindre. Au contraire, lâorientation de « lâindĂ©pendance de classe » considĂšre ces intĂ©rĂȘts comme antagonistes.
En 2002 sâouvre une usine de montage dâautomobiles Ă Vsevolzhsk, dans la rĂ©gion de Saint-PĂ©tersbourg. Mais son administration sâorganise selon des normes occidentales. NĂ©anmoins, Ford cherche Ă marginaliser le syndicat et adopte les mĂȘmes mĂ©thodes de rĂ©pression que les entreprises russes. Les ouvriers de lâusine Ford sont plus jeunes et plus diplĂŽmĂ©s que les autres travailleurs industriels en Russie. Ensuite, le secteur de lâautomobile est en pleine expansion. Ce qui rend moins crĂ©dibles les menaces de licenciements ou de fermeture de lâusine.
Le syndicat est créé dĂšs la premiĂšre annĂ©e avec un employĂ© de bureau qui exige le paiement des heures supplĂ©mentaires. Mais la direction cultive lâimage de « la grande famille Ford » pour marginaliser le syndicat. Cependant, avec lâaugmentation de la production, les cadences sâintensifient et les chefs deviennent moins respectueux. Ce qui blesse le sens de la dignitĂ© des ouvriers. Dans ce contexte de mĂ©contentement croissant, AlekseĂŻ Etmanov se rend au BrĂ©sil pour rencontrer des ouvriers de Ford grĂące Ă lâappui financier dâune ONG. Il dĂ©couvre un syndicalisme dâaction directe qui insiste sur la conflictualitĂ© sociale. « On parle lĂ -bas du marxisme, de la lutte de la classe ouvriĂšre contre le capital », dĂ©clare AlekseĂŻ Ă son retour.
Le syndicat lance une journĂ©e de grĂšve en 2005. Il revendique une augmentation de salaires, dans une dĂ©marche offensive. Une grĂšve du zĂšle permet ensuite de ralentir la production de lâusine. « Ces premiĂšres actions collectives ont fortement contribuĂ© Ă libĂ©rer les travailleurs de la peur dâaffronter leur employeur », souligne David Mandel. La direction finit par cĂ©der. Mais elle recrute des intĂ©rimaires au moment des grĂšves. Cependant, cette lutte redonne confiance aux ouvriers qui prennent conscience de leur force collective.
Une grĂšve importante Ă©clate en 2007. Mais la direction parvient Ă regrouper des briseurs de grĂšve et des intĂ©rimaires. NĂ©anmoins, une solidaritĂ© de classe se construit. MĂȘme si la lutte nâest pas entiĂšrement victorieuse, les ouvriers sont parvenus Ă tenir tĂȘte Ă leurs chefs. « Oui, le sentiment de notre puissance collective, le pouvoir dâinfluer sur nos conditions de travail et de vie â ça, câest un sujet sĂ©rieux. Câest un sentiment magnifique », confie un ouvrier. AprĂšs la grĂšve, le syndicat se renforce avec de nouveaux militants. La direction cĂšde aux revendications et accepte une nouvelle convention collective par crainte dâune nouvelle grĂšve.
Carine ClĂ©ment Ă©voque Ă©galement les ouvriers de lâusine Ford de la rĂ©gion de Saint-PĂ©tersbourg qui ont menĂ© des grĂšves marquantes en 2007. La crĂ©ation dâun syndicat de lutte permet de redonner de la force collective aux ouvriers. Ils relĂšvent la tĂȘte face aux chefs. La lutte sociale permet de leur redonner de la fiertĂ©. Surtout, lâaction directe semble efficace pour permettre des augmentations de salaires et des amĂ©liorations des conditions de travail. Ensuite, leurs grĂšves sont largement mĂ©diatisĂ©es. Ce qui contribue Ă lĂ©gitimer leurs mouvements, notamment auprĂšs de leurs proches.
Mais les ouvriers veulent Ă©galement sâadresser aux travailleurs des autres usines pour Ă©largir le mouvement. « LâĂ©tablissement de contacts avec les ouvriers des autres entreprises est indispensable. Parce quâun syndicat, câest un syndicat, et tout le mouvement ouvrier, câest autre chose », analyse un grĂ©viste. La diffusion de pratiques de luttes dans les entreprises peut permettre de construire un mouvement dâampleur redoutable.
Opposition ouvriĂšre en Russie
Ce livre collectif permet de sortir des clichĂ©s colportĂ©s sur la Russie par les commentateurs. Ces contributions nâadoptent pas la posture surplombante de la gĂ©opolitique, ni celle de lâexĂ©gĂšse savante des kremlinologues. Le regard adoptĂ© reste celui de la lutte des classes. La Russie ne se rĂ©duit pas Ă la figure du prĂ©sident Poutine. Câest avant tout une sociĂ©tĂ© et un prolĂ©tariat qui peut aussi parfois sâorganiser et lutter.
Michel Roche apporte quelques clarifications salutaires. Son propos permet de sortir des discours essentialistes selon lesquels la Russie sâinscrirait dans une tradition immuable dâautoritarisme des tsars jusquâĂ Poutine en passant par lâURSS. La vodka ne rend pas forcĂ©ment plus autoritaire. En revanche, la thĂ©rapie du choc imposĂ©e en 1992 provoque des remous dans la sociĂ©tĂ© russe. Des mobilisations sociales sâopposent Ă cette politique nĂ©olibĂ©rale. Une violente rĂ©pression sâaccompagne dâun durcissement autoritaire de lâEtat. Les mĂ©dias considĂšrent Eltsine comme un alcoolique rigolard presque sympathique alors que Poutine impose son regard de glace forgĂ© par le KGB. En rĂ©alitĂ©, il sâinscrit bien dans les pas de son prĂ©dĂ©cesseur. Câest bien Eltsine qui a imposĂ© les rĂ©formes institutionnelles qui renforcent le pouvoir du PrĂ©sident.
Plusieurs contributions se penchent sur les spĂ©cificitĂ©s du capitalisme en Russie. La vague de privatisations impose une logique de prĂ©dation. La mafia et les oligarques peuvent alors sâenrichir sur les dĂ©combres de lâURSS. Ensuite, lâĂ©conomie repose sur une rente extractiviste, avec le pĂ©trole et le gaz. Ce qui ne conduit pas Ă se tourner vers lâinnovation technologique. Ce capitalisme repose sur dâimportantes inĂ©galitĂ©s sociales. Câest pour contenir la contestation sociale et politique que sâimpose alors un rĂ©gime autoritaire.
Depuis la France, la vision de lâopposition en Russie reste limitĂ©e. Navalny, avocat fascisant, est ainsi devenu la figure emblĂ©matique de lâopposition. La bourgeoisie occidentale insiste sur la contestation qui provient de la classe moyenne de Moscou. Ses revendications se tournent vers la dĂ©mocratie reprĂ©sentative prĂ©sentĂ©e comme un modĂšle indĂ©passable. Leurs exigences de libertĂ©s publiques restent Ă©videmment incontournables. Mais le discours libĂ©ral de la classe moyenne occulte les revendications sociales de la classe ouvriĂšre.
Carine ClĂ©ment insiste sur la politisation Ă travers les luttes sociales. La dĂ©fense des idĂ©aux dĂ©mocratiques reste noble. Mais câest Ă partir des problĂšmes concrets de la vie quotidienne que se mobilise la population en Russie, comme ailleurs. Les luttes pour le logement et les amĂ©liorations des conditions de travail restent dĂ©cisives. Elles permettent de sâorganiser collectivement et de sortir de la passivitĂ©. David Mandel Ă©voque Ă©galement les pratiques du syndicalisme indĂ©pendant. Il insiste sur lâautonomie ouvriĂšre politique nĂ©olibĂ©rale. Les exploitĂ©s et les exploiteurs ont des intĂ©rĂȘts opposĂ©s. Au contraire, le syndicalisme traditionnel insiste sur le partenariat avec les patrons. Câest lâautonomie de classe qui permet dâarracher de prĂ©cieuses victoires et de construire une force collective.
NĂ©anmoins, ces pratiques de lutte restent marginales, en Russie comme ailleurs. La sociĂ©tĂ© reste enfermĂ©e dans la passivitĂ© et la dĂ©lĂ©gation de pouvoir. LâURSS puis le rĂ©gime post-soviĂ©tique ne cessent dâentretenir la passivitĂ© de la population. Les luttes sociales ne dĂ©passent pas lâĂ©chelle locale. Le syndicat Ford tente de sâimplanter dans dâautres usines, mais sans grand succĂšs. Il manque Ă©galement une dimension politique Ă ces mouvements sociaux. Ils ne se risquent pas Ă remettre en cause les autoritĂ©s nationales de maniĂšre frontale. Câest la direction de lâentreprise ou les autoritĂ©s locales qui restent lâunique adversaire. NĂ©anmoins, câest par la diffusion de pratiques de lutte dâautonomie de classe que peut se construire un mouvement social capable de renverser le pouvoir en Russie.
Source : Michel Roche (dir.), Capitalisme, néolibéralisme et mouvements sociaux en Russie, Syllepse, 2016
Extrait publié sur le site Entre les lignes entre les mots
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Source: Zones-subversives.com