Février 16, 2018
Par Zone À Défendre
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Il n’y aura pas d’usine à pellets torréfiés sur la Montagne Limousine !

Invitation depuis la Montagne Limousine à tous les complices potentiels
pour une défense active contre l’offensive industrielle en cours sous le
masque de la “transition écologique”…

À nos chers ami-es en lutte, à Khimky, à Bure, en Islande, à Notre Dame
des Landes, à Białowieża, à Durham, dans les Cévennes, dans le
territoire Mi’kmaq, dans l’Amazonie, dans la forêt de Charnie, à Cambo,
à Salau, dans le Val de Suza, à Dompierre, dans la Roşia Montană, à
Standing Rock, à Guéret, à Atenco, dans l’Isthme de Tehuantepec, dans le
Chalkidiki, à Saint Victor, sur le lac Baïkal, dans le Wallmapu
(territoire Mapuche), en Guyane, à Saint-Yrieix-la-Perche, à Pyhäjoki,
dans les dunes du Trégor, à Istambul, à Landivisiau, dans la Hambacher
Faurst, dans la forêt de Chambaran, à Saint Victor, au Makwa Camp
(Ojibwe Territories), à Loc Envel, dans le territoire K’iche, dans le
delta du Niger, au Wendland, dans le Gran Chaco, à Merléac, dans le
Norra Kärr Vättern, aux jardins des Lentillères, dans la Treburer Wald,
à Jabiluka (Mirrar Territory), dans la Sierra Sur de Oaxaca …– et dans
tous les territoires où on ne laisse plus passer l’hydre de
l’industrialisation du monde,

Bonjour,

Nous vous écrivons depuis la Montagne Limousine, quelque part au centre
de la France. Nous sommes aux prises avec un projet industriel d’usine à
Pellets torréfiés (biomasse) qui cherche à s’implanter sur les petites
communes rurales de Bugeat et Viam, dans le département de la Corrèze,
dans un confin valloné de landes, de tourbières et de forêts.

Ce projet, porté par un aventurier de l’économie à courte vue*1 comme il
y en a tant, a trouvé le soutien poussif d’un petit politicien local,
président de Conseil Général, connu pour sa longue coopération avec les
lobbys de l’agro-industrie*2. Un avis favorable suite à l’enquête
publique vient donc d’être prononcé malgré de très nombreuses et
argumentées contributions contre le projet. Il semble bien que les
promoteurs du projet soient déterminés à passer en force. C’est une
nouvelle phase de la lutte qui s’ouvre à présent et c’est le moment pour
nous de faire appel à vous.

Ce projet d’usine prétend introduire en France un système de
torréfaction de pellets expérimenté aux Etats-unis qui vise à produire
un substitut “renouvelable” au charbon pour les grandes centrales
thermiques françaises. En fait, une nouvelle et édifiante opération de
“Green Washing” pour sauver le système énergivore qui nous a conduit au
désastre présent en le repeignant de vert. L’ampleur du projet et les
quantités astronomiques de matière végétale brute qu’il chercherait à
transformer en charbon, jusqu’aux racines des arbres abattus, laisse
entrevoir une désertification à grande vitesse des fragiles sols de
notre Montagne.

Au cours des dernières décennies, un système d’exploitation industrielle
de forêts de résineux -plantées au début du siècle- a déjà mis une
partie des sols pauvres de notre région à rude épreuve :
sur-mécanisation, coupes rases systématiques, désouchages, engrais,
insecticides, lessivages des sols à nu par les pluies abondantes. Alors
que la catastrophe des ces méthodes d’exploitation brutales commence à
crever les yeux, ce projet d’usine intervient comme une prime à la
poursuite de cette logique suicidaire.

Le développement de l’énergie “biomasse”, ici comme ailleurs, cherche à
mettre “au travail” la forêt dans son ensemble et c’est aussi aux belles
forêts de feuillus du plateau que ce monstre glouton veut commencer à
s’attaquer. Ces forêts mixtes qui avaient repoussé naturellement et en
désordre sur les terres abandonnées par l’exode rural dans ce pays de
landes, de tourbière et d’élevage, font aujourd’hui l’objet de tous les
calculs.

Pour nous qui parlons ici il ne s’agit pas juste d’un problème d’usage
des ressources, ou de préservation de notre “cadre de vie” particulier,
mais d’une lutte pour affirmer une autre relation à un monde dont nous
ne sommes, en tant qu’espèce, qu’une petite fraction. Comme beaucoup
d’entre vous, nous avons décidé de tourner le dos à cette course
frénétique de l’espèce vers sa propre destruction. Le destin funeste de
cette forme là de l’humanité n’est pas le nôtre. Nous, terriens parmi la
diversité des terriens, voulons emprunter un chemin inverse et défendre
ce qui rend la vie possible. C’est la nature même qui nous pousse, par
la violence de ses “réactions” (dont nous n’avons encore rien vu), a ne
plus rien laisser passer de ce qui ajoute au pillage généralisé.

Les luttes que vous avez menées, d’un bout à l’autre du globe ces
dernières années, nous ont grandement inspiré. Nous voudrions
aujourd’hui contribuer à l’effort nécéssaire de nous organiser à une
échelle au moins européenne face à des projets qui, sous leur diversité
apparente, sont autant de manifestations de la même vieille logique
extractiviste même quand elle se drape par endroit dans l’alibi moral de
la “transition écologique”… nous avons tant à partager de nos
analyses, de nos histoires, des stratégies et des techniques qui ont
permi parfois de rencontrer la victoire.

Nous vous invitons à venir nous rendre visite, à nous prêter main forte
à l’occasion, à nous apporter votre soutien de quelque façon qui vous
semblera juste, cela dès aujourd’hui et dans les semaines et les mois
qui viennent qui seront décisives pour enterrer définitivement ce projet
d’usine.
Un grand merci à vous toutes et tous et à très bientôt nous espérons.

Des amis de la forêt Limousine.

amisdelaforet[at]riseup.net

*1 M. Gaudriot dirigeant des sociétés CARBON’ INGEN’R BUGEAT-VIAM et
SOMIVAL
*2 M. Coste, président du Conseil Général de la Corrèze.




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