Entre les remèdes de grand-mère proposés par les uns et les théories conspirationnistes alimentées par d’autres, il faut décidément bien s’accrocher en cette période de Covid-19 où l’infodémie sévit alors que l’on pensait justement que la pandémie qui nous touche toutes et tous allait signer le grand retour de la science et de l’information droite et honnête…
Hélas… nous avons bien conscience d’y avoir aussi — dans une moindre mesure — participé. Ainsi, nous vous demandons pardon ! Nous faisons amende honorable pour nous être parfois dévoyés, détournés de notre route, ou pour avoir relayé des informations ou des analyses qui ont pu vous égarer, ou vous faire penser que notre réflexion, jadis humaniste et lucide, avait cédé sa place à la simplicité. Ce n’était pas notre intention. Abusés par certaines personnalités, chercheurs, sociologues ou par des ami·e·s et des groupes de réflexion en lesquels nous avions confiance, nous avons parfois perdu de vue le sens de notre « mission » : transmettre l’empathie, le respect de l’autre et du vivant, partager avec vous nos réflexions pour un présent (et un à venir) meilleur.
Cela arrive. Certes, c’est peut-être un peu facile de dire cela maintenant, mais il arrive à tout le monde de commettre des erreurs avec les informations. Nous avons l’humilité de nous en excuser. Très critiques ces deux dernières années des mesures de confinement visant à enrayer la propagation de la pandémie de Covid-19, nous admettons que ce que nous avions qualifié auparavant de petite épidémie est en réalité un des plus grands défis pour l’humanité. Le risque de propagation de ce virus mortel a nécessité de déterminer en qui nous avions réellement confiance.
Apprendre à s’excuser de manière significative ne devrait jamais être entravé par ce principe culturel archaïque selon lequel divulguer nos erreurs revient à montrer de la faiblesse. L’introspection est pourtant quelque chose d’essentiel, particulièrement en ces temps troublés ou tant de fausses nouvelles et de rumeurs complotistes polluent les Internets, nos groupes sociaux et divisent nos familles. C’est la raison de cette déclaration personnelle d’empathie et de regret : nous reconnaissons que certaines de nos paroles ont pu être nuisibles, même involontairement.
Il n’y a pas de vaccin contre le mal que l’on peut faire en relayant ce genre de propos et d’égarements. Seuls les mots comptent, l’autocritique et le regard intérieur. Le comportement et nos gestes comptent, et notre détermination à nous améliorer et à réformer notre pensée si celle-ci est dans l’erreur. Le changement n’est pas facile. Mais tant que nous vivrons dans une culture qui promeut davantage « d’aller de l’avant » plutôt que de prononcer de véritables expressions d’excuses, nous sommes destinés à vivre dans la division.
Alors que nous exigeons des changements dans le discours public, nous pouvons également pratiquer le pouvoir de donner et de recevoir des excuses dans nos vies personnelles, dans nos groupes affinitaires et sociaux ou sur les réseaux numériques et réduire ainsi la quantité de souffrances, en nous et tout autour de nous.
Il est primordial de savoir faire face à ses erreurs, à ses méfaits. Il y a tellement de maux contre lesquels on pense ne rien pouvoir faire. Il y a de terribles inégalités, des destructions et des souffrances qu’il est si difficile de réparer. Mais cela ne signifie pas que nous ne devrions pas faire ce que nous pouvons pour réparer nos torts, ou du moins les redresser. Puisse ce mea culpa sincère soulager le fardeau spirituel qui est le nôtre aujourd’hui…
Puis, nous avons ressorti des cartons notre « Bibliothèque Vigilante », initiée fin 2013 et publiée dans notre analyse des réseaux conspis à cette époque. Ce document, toujours disponible sur le site s’intitulait « Alliances extrêmes chez les anti-systèmes. » Alliances et collusions qui perdurent aujourd’hui avec une force et une véhémence très inquiétante ! En poussant nos analyses au-delà de nos croyances personnelles et des biais cognitifs dont nous fûmes victimes, en cessant d’écouter les défenseurs d’une pensée comme les détracteurs d’une autre, nous avons pu constater avec une certaine amertume — j’ose le mot « honte » — nos graves manquements déontologiques et journalistiques.
Encore une fois, nous nous en excusons. Et nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour réparer les torts que nous avons pu faire. Pour commencer, nous avons remanié l’ensemble du site, nous avons corrigé voire supprimé plusieurs articles, nous avons ajouté notre déclaration d’intérêts et, par souci de transparence envers celles et ceux qui nous lisent ou à l’attention des internautes qui se posent des questions sur nos propos, nous avons décidé d’un commun accord de révéler qui nous étions.
Ce n’est pas une « révolution », juste une petite révélation. Chose que les partisan·es de la « doxa » extrémiste ne font que très rarement — pour ainsi dire jamais. C’est chose rare aussi dans nos groupes, mais cela est parfaitement compréhensible lorsqu’on désire agir tout en se protégeant de la répression, qu’elle vienne de l’État, de la police, du capital ou des fascistes. C’est donc un choix risqué, mais c’est avant tout un choix clair. Puis, nous avons republié La Bibliothèque Vigilante, en l’enrichissant de nombreux contenus et en dénonçant de nombreuses autres plateformes de désinformation (« réinformation ») que nous avons pu identifier ces deux dernières années. Nous espérons que notre travail — dans les faits c’est un projet commun avec de nombreux autres chercheurs — trouvera l’écho qu’il mérite et qu’il permettra à d’autres de trouver les réponses à leurs questions, voire de remettre en cause certaines de nos croyances trop bien ancrées, pour nous concentrer sur les faits et la réalité.
Merci à vous de la confiance dont vous nous témoignez.
Prenez attention. À vous, aux autres, à l’infime.
Tâchez d’être heureu·ses·x.
Et que vive l’empathie !
La Rédaction.
Illustration : les Oiseaux de mauvais Augures (détail), Zeka, 2022.
Source: Zeka.noblogs.org