Mai 24, 2016
Par Quartiers Libres
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Jean-Michel Décugis, chef du service police-justice d’I-télé est un faussaire médiatique bien connu des services de police … pour ses bons et loyaux services. C’est même un multirécidiviste. Il s’était illustré en 2010 pour un bidonnage ahurissant : l’invention d’une histoire de polygamie galopante dans la cité des Tarterêts à Montfermeil, dans le magazine à fort capital publicitaire Le Point. C’est aussi lui qui était à l’origine en 2013 des délires sur le détroussage par des hordes de banlieusards-charognards des cadavres encore chauds de l’accident de train de Brétigny-sur-Orge, déjà d’après un tuyau percé fourni par les CRS.Le point-couv-polygamie

On pourrait penser que ce type de mensonges devrait écarter à jamais son auteur de la profession, mais comme il s’agit de pousser à la roue dans le sens d’un racisme et d’une stigmatisation des quartiers, ce genre de crime contre l’intelligence ne porte pas à conséquence, bien au contraire. Le gentil Jean-Mi peut continuer à débiter des cloporteries à longueur d’années et à émarger confortablement auprès d’entreprises comme I-télé et Le Point pour son rôle d’auxiliaire de la police et de la politique de quadrillage ethnique promue par l’État. Et, au passage, à alimenter les fantasmes de l’extrême-droite. C’est donc très logiquement que ses employeurs l’ont collé sur le traitement de la criminalisation de la mobilisation contre la loi « travaille ! ». Non pour faire une étude critique de cette criminalisation par le pouvoir néo-socialiste ou son bras judiciaire armé –le Parquet– au contraire : pour en rajouter depuis son crachoir en en diffusant sur le ton de l’affirmation les charges du gouvernement et de la maison poulaga contre des militants mis en examen pour « tentative d’homicide volontaire » dans l’affaire brûlante du Quai de Valmy. Le but est clairement de faire plaisir aux trente-sept bureaucrates policiers qui pleurnichaient place de la République à Paris contre la « haine anti-flics » et de montrer à l’« opinion » que quand Manuel Valls, Bernard Gazeneuve et François Hollande montrent leurs petits muscles implacables, il y a des résultats. Peu importe qu’il n’y ait aucune preuve, selon un des avocats des victimes de ce montage politico-médiatique, et que ces accusations ne reposent que sur l’allégation d’un flic de la DRPP (ex-RG) : on ne va pas s’embarrasser de ce genre de détail, il faut communiquer à tout prix, et taper fort, de préférence sur les militants les plus actifs dans la lutte contre la contre-révolution ultra-libérale en cours.

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Plus à l’aise dans le relais servile des notes de police que dans l’expression orale –le cloporte ne se caractérise guère par son éloquence– le spécialiste police-justice ressert tiède la bouillie prédigérée qu’on croyait oubliée depuis le fiasco médiatique de l’affaire Tarnac sur le péril « anarcho-autonome », auquel vient s’adjoindre désormais celui de la mouvance « antifaf ». Fi fi : « antifaf », le vournalifte polife-vuftife a bien dit « antifaf ». Il faudrait que les informateurs de Jean-Mi la bidouille lui fasse une formation expreffe : même dans les catégories policières, pourtant peu subtiles, il se perd…

En revanche, là où il ne perd pas le fil de son argumentation, c’est pour s’indigner avec le gouvernement, le patronat et les quelques bourgeois apeurés qui n’ont pas encore compris que l’incendie allumé par la loi El Khomri était légèrement plus inquiétant pour eux que celui de la vieille Clio du Quai de Valmy : les « casseurs » c’est mal, c’est le visage hideux de la haine contre nos braves fonctionnaires de police, pour des raisons qu’il ne faut surtout pas chercher. Il n’y en a pas. Le « casseur », il déteste la police, point, et il casse parce que ça lui plaît. C’est comme ça, c’est presque génétique chez lui, et ça n’a rien à voir avec la gestion coloniale des dernières manifestations, où on retrouve des tactiques qui avaient disparu depuis la guerre d’Algérie, ni avec la multiplication des mutilations à coup de Flash-ball ou de tonfa. Expliquer, c’est déjà excuser, comme dirait Valls. Donc le casseur, il faut le choper et le décortiquer pour mieux montrer le « vrai » visage de l’anti-France et réveiller l’indignation dans les foyers, derrière la télé. Quand il s’agit de mobilisation dans les quartiers populaires, c’est facile il suffit de rabâcher que des bandes ethniques s’en prennent à l’État par atavisme et habitudes culturelles de délinquants. Dans le cas présent, c’est plus compliqué, la mobilisation est générale, elle touche tout le monde et la résistance à la répression systématique des troupeaux casqués dans la rue est également massive. Il faut donc essayer autre chose pour faire peur et décrédibiliser. Le casting choisi par l’État et ses relais dans certains cloaques médiatiques est donc mené dans l’opposition la plus déterminée, anticapitaliste et antifasciste. En soi, pour les cloportes qui reprennent le communiqué de la préfecture sans s’interroger un seul instant sur son contenu et sa fabrication, cette radicalité, c’est déjà inquiétant. C’est vrai ça : comment peut-on être radical ? Mais, comme il faut bien dire quelque chose en plus pour faire mousser un peu l’affaire et éviter de parler de politique, on va chercher des arguments personnels pour décrédibiliser les accusés et étoffer leur pelage de parfaits  boucs émissaires: I-télé et le reste de la cloporterie balance donc des noms et s’indigne de la trahison de classe de militants « de bonne famille », habitant « les beaux quartiers », avec le sous-entendu évident que quand on a les moyens de ses parents, on soutient le système, on reste dans sa classe et on ne manifeste pas avec les gueux. Et quand on est révolutionnaire, on ne vit pas aux crochets de la société et on ne touche pas d’allocations, hein, Jean-Michel il est expert en révolutions.

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Bon, ça c’était pour le profilage, mais les spéfialiftes police-justice le savent bien, pour compléter le tableau, il faut des faits, ou au moins des indices. Les faits : les « individus bien connus des services de polife » étaient présents -avec plusieurs centaines de personnes- dans le cortège formé des participants à la contre-manifestation organisée par le collectif Urgence Notre Police Assassine, manifestation interdite après coup dans la plus grande improvisation, par la préfecture, et qui s’est donc retrouvée par hasard, après gazage et matraquage de rigueur, sur la route de la fameuse clio maréchaussesque. Rien ne permet de dire qu’ils ont touché à la moindre écaille de peinture de ce véhicule pimponnant, et encore moins à ses occupants. Après les faits, Les indices, pour achever le portrait du coupable idéal. Ça c’est plus dur, il faut chercher, et le cloporte, par nature, a un rayon d’action limité. Du coup il se contente de ce qui lui tombe sous les mandibules. En l’occurrence le compte-rendu des perquisitions menées au bélier par ses commanditaires bleu-marine. Maigre butin en l’occurrence : des casques, des bouteilles de gaz et des tracts. Un bon conseil à nos lecteurs : si vous prévoyez de partir en congés payés, évitez le vélo (casque obligatoire), préférez les sandwichs aux couscous lyophilisé (camping-gaz nécessaire) et la lecture du Point à celle de tracts militants. Vous risqueriez de passer de la tente au mitard, avec justification médiatico-policière en prime.

Cet enfumage en dit long sur la panique de l’État néo-socialiste, contraint de réchauffer les pires recettes de la sarkozie corrèzophile pour essayer de faire avaler sa loi anti-sociale. Le coup des activistes de la mouvance ultra-gauche-anarcho-autonome-de-la-contestation radicale-antifasciste-qui-veut-se-faire-un-flic-et-sont-mus-par-la-haine-de-l’État-et-donc-de-la-République-en-groupes-armés, ça ne fait pas un rideau de fumée suffisant pour faire oublier le fond. Le dossier à charge à peine monté se dégonfle tout seul : des journaux aussi peu suspects de haine contre l’État, la République et le gouvernement comme Le Monde et Sud-ouest sont déjà en train de démontrer l’énormité du montage policier. Faut vraiment avoir la qualité professionnelle et l’autorité morale des Jean-Michel Décugis pour cloporter de pareilles salades.

Cloportes




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