On nâa rien Ă dire de Jupiter, dieu de la Terre et du ciel, sauf quâun petit homme portĂ© au pouvoir dans ce quâil a interprĂ©tĂ© comme un alignement des planĂštes, a vraiment cru quâil sortait de sa cuisse. Depuis bientĂŽt quatre ans, sa maniĂšre toute personnelle, et trĂšs irrationnelle, de gouverner en attaquant sur tous les fronts Ă la fois, en ouvrant des brĂšches sans jamais les colmater, en changeant de cible au grĂ© de ses caprices restera un cas dâĂ©cole pour les futurs analystes de la Macronie disruptive. Car sâil est une singularitĂ© de ce petit homme devenu petit chef, câest dâagir ou de sâagiter comme lâenfant-roi dĂ©molisseur qui prend plus de plaisir Ă casser ses jouets quâau jeu lui-mĂȘme.
Cela dit, tout le monde lâa compris, il y a du rationnel dans cette logique de casse systĂ©matique. Le jeu peut rapporter gros puisquâil sâagit dâabord, au nom des intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs du capital et de la finance, dâabattre les derniers conquis sociaux qui tiennent encore debout et, en mĂȘme temps, de dĂ©courager prĂ©ventivement ceux qui, tout fous, se seraient mis en tĂȘte de reprendre Ă leur maniĂšre et sans retenue le flambeau de lâoffensive sociale. Notre Fulminator lâa vite compris dâailleurs puisque, ayant passĂ© sans encombre la bataille sociale contre le « Pacte ferroviaire » du printemps 2018 â classique, malgrĂ© la combativitĂ© des bases et lâĂ©largissement des « cortĂšges de tĂȘte » â, il lui fallut affronter la horde jaune de lâhiver 2019 qui, comme beaucoup dâautres, y compris dans les bataillons de lâanticapitalisme traditionnel, le prit au dĂ©pourvu. Dans un premier temps condescendant, puis pris de panique au point dâenvisager sa fuite vers Varennes, le petit chef reprit vite ses esprits en espĂ©rant que le gĂ©nĂ©ral hiver chasserait les insurgĂ©s de leurs ronds-points et assĂ©cherait leurs « actes ». Mais le propre dâun casseur, câest dâĂ©prouver sa jouissance dans lâinstant oĂč il casse. Et câest ainsi que le petit chef a choisi la double voie du Grand DĂ©bat de sourds pour casser des rĂ©putations et du vrai carnage policier pour casser des ĂȘtres. Jamais depuis trĂšs longtemps, mouvement social de grande ampleur nâavait Ă©tĂ© aussi sauvagement rĂ©primĂ© que celui des Gilets jaunes. Si tout le monde dĂ©teste la police, câest que chacun est en mesure dâattester, pour avoir vu ses Robocops Ă lâĆuvre, que Macron la Casse, petit chef de tout, avait du sang sur le costard. Et ça fait deux ans que ça dure avec, chaque jour qui passe, un nouveau palier franchi dans la bestialitĂ© dâĂtat, le sien, celui quâil gĂšre comme sa chose.
Avec le temps et dans lâĂ©preuve, il a pris quelques rides, le quadra, mais rien perdu de sa morgue. Autant celle du Sarko Ă talonnettes pouvait, en face-Ă -face â « Casses-toi, pauvâ con ! » â, relever de lâautodĂ©fense du complexĂ©, autant celle de Macron la Casse, toujours froide et distante, est celle du narcissique de la haute qui ne doute pas une seconde de son gĂ©nie. Il sâadmire Ă un tel point, le petit chef, quâaucun avertissement, mĂȘme sĂ©rieux, nâa dâeffet troublant sur lâamour quâil se porte. A-t-il une rĂ©elle ambition politique ? On nâen est mĂȘme pas sĂ»r. Il joue la surpuissance dans un monde oĂč, reprĂ©sentĂ© par ce coq arrogant, la France, qui fut phare, nâest mĂȘme plus bougie. Elle ne compte, dĂ©sormais, que comme objet statistique systĂ©matiquement Ă©pinglĂ© par diverses commissions internationales ad hoc listant ses atteintes aux droits de lâHomme. Et il y a de quoi faire ! Ce qui nâempĂȘche pas le petit roi, notons-le, de donner des leçons de dĂ©mocratie et de gĂ©opolitique Ă la terre entiĂšre et, juste retour des choses, comme rĂ©cemment sur la question du « sĂ©paratisme », de lâislam et de la laĂŻcitĂ©, de susciter Ă son Ă©gard un feu de critiques, ironiques ou courroucĂ©es, de lâestablishment mĂ©diatique international. Car, hors frontiĂšres, tout le monde semble avoir compris que le seul talent (de figurant) dont dispose ce lynx de pacotille Ă©tait celui de lâapproximation impulsive, celle qui peut Ă tout moment mettre le feu aux poudres. Il suffit de lire, sur le sujet, la presse Ă©tatsunienne ou, sur sa gestion dĂ©sastreuse de la crise sanitaire en cours, la presse allemande de son bord politique pour comprendre Ă quelle vitesse la crĂ©dibilitĂ© du macronisme est en train de partir en sucette.
Et puis voilĂ que, cerise sur le gĂąteau dâune annĂ©e maudite, la Macronie parlementaire vient de voter en premiĂšre lecture une loi dite « de sĂ©curitĂ© globale » dont on ne sait plus, ce qui du reste importe peu, si le projet Ă©mane du raide Fauvergue, dĂ©putĂ© Larem, de lâĂ©borgneur Castaner, prĂ©sident de groupe, ou de Darmanin (de jardin), ministre de la Police plus que de lâIntĂ©rieur. Ce quâon a vite compris, en revanche, câest en quoi et pourquoi cette loi Ă©tait liberticide et, plus encore, ce quâelle disait de la sujĂ©tion du pouvoir Ă sa police.
Car lĂ est bien le problĂšme, et finalement le seul qui compte. Cette maniĂšre de gouverner qui est celle de Macron la Casse ne se met pas en mal dâimagination pour dĂ©faire ce qui lâirrite. II exige de sa police quâelle remette de lâordre dans un royaume oĂč tout ce qui bouge doit ĂȘtre matĂ©, quelle quâen soit la maniĂšre. Et ce faisant, pour que force reste Ă la loi, câest Ă cette force armĂ©e quâil se livre, le petit chef. Car elle nâest pas Ă sa botte ; il est dans sa pogne. Câest parce quâil lui doit tant, Ă cette police, depuis que les Gilets jaunes ont failli aller le chercher chez lui, quâil lui lĂąche tout, et par avance. Il lâa exemptĂ©e des bienfaits supposĂ©e dâune contre-rĂ©forme des retraites dont personne ne voulait ; il lui a payĂ© ses nombreuses heures supâ de salariĂ©s du LBD, de la gazeuse et du canon Ă eau ; il lâa chouchoutĂ©e comme jamais au moindre de ses bobos ; il lâa portĂ©e au pinacle dâune RĂ©publique si rĂ©pressive quâaucun de ses projets de dĂ©molition sociale ne peut aujourdâhui se passer de ses concours et coups fourrĂ©s. Et tout cela de maniĂšre si massive, si Ă©vidente, que le « Police partout, justice nulle part » des manifestants contre lâOrdre bleu pourrait dĂ©sormais remplacer, aux frontons du dĂ©shonneur, la fiĂšre devise dâune RĂ©publique qui naquit de la chute (violente) de lâOrdre blanc dâun Ancien RĂ©gime renvoyĂ© par les foules haineuses de 1789 aux poubelles de lâHistoire.
Cette dĂ©rive hyperflicarde que la Macronie â cette engeance â a dĂ©lĂ©guĂ©e Ă des casquettĂ©s de prĂ©fecture au front bas, thĂ©oriciens de la nasse et adeptes du « visez la tĂȘte », aurait dĂ» alerter, voire inquiĂ©ter, au plus vite â il y a deux ans donc â, tout ce que ce pays de la libertĂ© de la presse et de la loi de 1881 comptait encore, au sein des rĂ©dactions de la presse Ă©crite et tĂ©lĂ©visuelle, de dĂ©fenseurs, non pas dâune possible rĂ©volution Ă venir, mais dâune garantie de ne pas finir journalistes accrĂ©ditĂ©s par Lallement. Mais voilĂ , les journalistes, comme les intellectuels de salon, sont durs Ă la dĂ©tente. Il fallut, ne lâoublions pas, une bonne annĂ©e aux vĂ©rificateurs du Monde, lâorgane de tous les pouvoirs, pour admettre que, ben oui, la police exagĂ©rait. Un an ! Le temps dâĂ©borgner Ă tour de bras des Gilets jaunes qui, eux, avaient fini par sâadmettre comme hĂ©ritiers des sans-culotte. On ne parlera Ă©videmment pas des Rizet de service des chaĂźnes dâinfos mainstream, dont on ne sait plus depuis longtemps sâils sont flics ou journaleux, et moins encore des enfoirĂ©s de lâĂ©ditorialisme si grassement payĂ© pour salir et diffamer celles et ceux qui, nâen pouvant plus de vivre dans la merde, finissent par devenir objectivement rĂ©volutionnaires, câest-Ă -dire dĂ©terminĂ©s Ă abattre les privilĂšges. Il suffisait de les entendre : « Louis XVI on tâa dĂ©capitĂ©, Macron on peut recommencer ! » Câest clair, non, Patrick Cohen ? Si clair quâon comprend que ça vous fasse frĂ©mir, mĂȘme si la peur est toujours mauvaise conseillĂšre en matiĂšre dâinformation non propagandiste.
Dâun coup dâun seul, donc, la Profession, la mĂȘme qui sâest toujours couchĂ©e devant le petit roi et ses chambellans, devant la garde armĂ©e et ses exactions, devant les mensonges dâun pouvoir obstinĂ©ment aveugle Ă la misĂšre et Ă la colĂšre du peuple, semble aujourdâhui vent debout contre un seul article de cette loi de « sĂ©curitĂ© globale » â le 24 qui, câest vrai, empiĂšte largement sur des prĂ©rogatives dont, par ailleurs, trop occupĂ©e Ă ne pas fĂącher le pouvoir, la Profession nâa pas pour habitude dâabuser. On dira, Ă son crĂ©dit, celui quâelle a perdu depuis longtemps, que câest une question de dignitĂ© professionnelle. Mais on ajoutera dans la foulĂ©e quâon comprend surtout que nombre de journalistes indĂ©pendants, Ă carte de presse ou sans carte de presse, ceux qui, depuis au moins deux ans, sont systĂ©matiquement rĂ©primĂ©s, gardĂ©s Ă vue, diffamĂ©s, poursuivis, ne tiennent pas Ă ĂȘtre mĂ©langĂ©s Ă cette Profession. Car, large de contours, lâentitĂ© journalistique englobe tout Ă la fois la lie du mĂ©tier et le sel de la terre, des petits marquis couchĂ©s devant tous les pouvoirs et des soutiers de lâinformation rĂ©elle, celle qui filme le rĂ©el dâun matraquage en meute quâaucun danger rĂ©el ne saurait justifier et dont, pourtant, lâimage diffusĂ©e pourrait porter atteinte Ă lâintĂ©gritĂ© physique ou psychique dâun quelconque bourreau matraqueur et devrait, en consĂ©quence, nâexister que « floutĂ©e ». Comme le rĂ©el de la Macronie illibĂ©rale, autoritaire, policiĂšre.
La dĂ©marche Ă©minemment corporatiste de la caste journalistique encartĂ©e tend donc Ă rĂ©duire cette loi scĂ©lĂ©rate Ă son seul article 24 â dĂ©jĂ retoquĂ©, en cours de réécriture et probablement destinĂ© Ă disparaĂźtre de ce dispositif lĂ©gislatif pour en intĂ©grer un autre, le projet de loi censĂ© « conforter les principes rĂ©publicains », par exemple. Elle pourra, la Profession, prĂ©senter le retrait de cet article ou son abandon comme une victoire, quand chacun devrait savoir quâil nây a de victoire possible que dans le retrait global de cette loi « globale » de mise en coupe rĂ©glĂ©e de nos libertĂ©s les plus essentielles : filmer un flic quand il tabasse un manifestant ou un simple citoyen Ă terre, sâopposer par tout moyen au dronage gĂ©nĂ©ralisĂ© de nos espaces, aux camĂ©ras de reconnaissance faciale, Ă tout ce qui nous avilit dans nos intimitĂ©s, Ă toutes ces donnĂ©es qui serviront Ă alimenter la grande machine rĂ©pressive dâun pouvoir qui a tout cĂ©dĂ© Ă sa garde prĂ©torienne parce que, sans elle, il ne tiendrait pas trois jours tant les colĂšres qui montent sont puissantes.
Ă cet instant, on ne peut quâavoir une pensĂ©e Ă©mue, mais caustique, pour les idiots utiles qui, le 7 mai 2017, ont votĂ© Jupiter pour nâavoir pas Madame de Montretout. Finalement, ils ont les deux : le petit homme de la « sĂ©curitĂ© globale » et la Montretout qui vote sa loi. Ă vrai dire, personne nâaurait imaginĂ©, lors de sa marche vers la Pyramide, un tel destin caporaliste au souriant Ă©narque ricĆurien. Depuis le soulĂšvement des Gilets, en revanche, la vraie nature â authentiquement policiĂšre â du rĂ©gime quâil prĂ©side, toujours souriant mais souvent jaune, est actĂ©e. Depuis, les digues tombent une Ă une. On Ă©vitera dâen rajouter dans la qualification dâune dĂ©rive Ă©vidente vers le tout-policier. Le macronisme est dâabord lâexpression presque parfaite du nĂ©ant politique. Sans autres soutiens que la finance, le patronat, le CAC 40 et les startupeurs dâun nouveau monde de la paupĂ©risation absolue et du dĂ©tissage mĂ©thodique des derniers filets de protection sociale, son petit chef a mis le pays, Ă chacune de ses initiatives punitives et rĂ©pressives, en Ă©tat de siĂšge permanent : contre les Gilets jaunes de lâhiver 2019, contre le mouvement social de lâhiver 2020, contre les opposants Ă sa dĂ©sastreuse politique sanitaire de lâannĂ©e Covid, contre les sinistrĂ©s sociaux des quartiers pauvres contrĂŽlĂ©s et recontrĂŽlĂ©s au faciĂšs et traitĂ©s comme des chiens, contre quiconque en somme conteste â et ça fait du monde ! â sa politique de destruction massive. Le pire, la preuve de son total Ă©garement, câest que Jupiterminator sâimagine sans doute que le primat donnĂ© Ă un maintien de lâordre oĂč toute bavure est dâavance permise et toujours couverte pourrait ramener Ă lui des Ă©lecteurs Ă©garĂ©s dâune droite perdue qui lâa cru de gauche. Pauvre type ! Pour cette droite privĂ©e de chef, son ordre, câest la pĂ©rennisation dâun dĂ©sordre institutionnel quâelle dĂ©teste et que Macron la Casse organise Ă un point tel quâil a dĂ©jĂ rĂ©alisĂ© lâimpensable : faire imploser sa propre majoritĂ©, humilier ses oppositions parlementaires de droite, redonner Ă la gauche de gouvernement un semblant de crĂ©dibilitĂ© contestatrice et conforter la gauche « de gauche » dans le rĂŽle, dont elle rĂȘvait, de dernier rempart du peuple. Ă vrai dire, tout ce quâil fallait faire pour partir en cacahouĂšte, le petit chef lâa fait.
Rappelez-vous : quand câest flou, dit le proverbe, câest quâil y a un loup. Quand on veut flouter le visage du crime, câest que le loup est dĂ©jĂ dans le palais. Si aucune pression nâa, pour lâinstant, eut dâeffet sur le petit chef du scĂ©lĂ©rat projet de « loi de sĂ©curitĂ© globale » â ni la DĂ©fenseure des droits humains (on dit comme ça), ni les mises en garde de lâONU et de lâEurope, ni la mobilisation de la presse institutionnelle, ni la levĂ©e en masse dans une infinitĂ© de villes du pays dâune colĂšre infinie, la raison en est simple. On la rĂ©pĂšte : câest que Jupiter ne peut pas plier sauf Ă risquer dâĂȘtre pliĂ© lui-mĂȘme par sa police. Car il suffit quâelle range ses LBD et suspende lâenvol de ses matraques pour que les toujours lĂ Gilets jaunes aillent enfin le chercher chez lui, accompagnĂ©s de tous les dĂ©possĂ©dĂ©s que la Macronie a rendu fous de vengeance sociale. Câest comme ça. Quand un pouvoir ne peut sâexercer que par sa police, câest la police qui gouverne. Cette police est gangrĂ©nĂ©e par une haine si recuite quâelle peut sâexprimer de cette maniĂšre :
Alors on fait quoi ? Vous les avez vu ces visages de cognes Ă la derniĂšre manif parisienne du 5 dĂ©cembre, en principe autorisĂ©e mais nassĂ©e de bout en bout, fragmentĂ©e par les flics en plusieurs tronçons transformĂ©s en champs de tir par les allumĂ©s du LBD ? Vous les avez vus, ces tronches oĂč suintaient la haine et la peur ? Câest quoi, ça. Câest la police dâaujourdâhui ! Elle se croit tout permis. Et elle a raison puisque tout lui est permis et que ses « syndicats » majoritaires ne sont plus la voix de leur maĂźtre, mais les maĂźtres du jeu. Quand ils ont lĂąchĂ© Castaner, suspect de mollesse rĂ©pressive, le petit chef lâa dĂ©mis de ses fonctions. Quand ils ont voulu Darmanin, ils ont eu Darmanin. Le cĆur de la Macronie, câest sa police. Elle influe, elle dĂ©cide, elle peut sanctionner Ă tout moment, par le zĂšle ou par la grĂšve. Le rĂ©el câest ça : un corps Ă lâesprit de corps, corporatiste jusquâĂ la caricature, qui nâa de la RĂ©publique quâune idĂ©e trĂšs vague. Car les types et les typesses qui le composent sont le produit dâune dĂ©faillance gĂ©nĂ©rale : celle quâa produite depuis des dĂ©cennies lâenseignement de lâignorance de cette mĂȘme RĂ©publique. La diffĂ©rence, câest quâils ont, eux, elles, le monopole de la violence dite lĂ©gitime, cette saloperie instituant la terreur gĂ©nĂ©ralisĂ©e que la police est en Ă©tat dâexercer. La nouveautĂ© rĂ©side en ceci : alors que lâĂtat fut longtemps son donneur dâordre et quâil Ă©tait capable, au grĂ© des avanies, de lui tenir la bride ou de la lĂącher, câest dĂ©sormais elle qui tient le manche et la cognĂ©e, sous la seule autoritĂ© dâune hiĂ©rarchie interne qui la couvre systĂ©matiquement et dont le casquettĂ© de Paris, le bien nommĂ© Lallement Kommandant, est le grand inspirateur. Avec lui, on est si loin de Grimaud, prĂ©fet de police de Paris en Mai 68 qui disait Ă ses hommes que « frapper un manifestant tombĂ© Ă terre, câest se frapper soi-mĂȘme en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policiĂšre », quâon est en droit de constater lâabyssale distance qui sĂ©pare deux Ă©poques de prĂ©-« guerre civile », mais surtout deux types dâhommes en charge de lâordre bourgeois : un bon type et une canaille.
Cette police, les Ă©meutiers la combattaient en mai 68, mais personne ne la dĂ©testait comme nous dĂ©testons aujourdâhui la nĂŽtre, ce corps autonomisĂ©, sans tĂȘte, sauvage, qui exige dâavoir le droit de mutiler sans quâon filme ses exactions. Ce sont ses « syndicats » majoritaires qui ont nassĂ© le petit chef, inspirĂ© la « nouvelle mĂ©thode » de maintien de lâordre et qui tentent dâimposer aujourdâhui cette infĂąme loi dâinsĂ©curitĂ© globale. LâĂtat, câest elle, et cet Ătat est policier.
Au point oĂč nous en sommes, dans cette merde oĂč nous a mis Jupiter, celui qui allait nous dĂ©livrer du lepĂ©nisme, il faut bien admettre que lâhistoire peut ĂȘtre, en mĂȘme temps, farceuse et sanglante. Reste Ă tenir, coĂ»te que coĂ»te. Ce rĂ©gime est au fond si faible quâun grand vent de rĂ©volte sociale peut le balayer. Il le sait, dâailleurs ; câest mĂȘme pourquoi, Ă lâabri de sa milice, il ne peut plus reculer. Et nous non plus !
Freddy GOMEZ
Source: Acontretemps.org