Février 15, 2021
Par Demain Le Grand Soir
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Pour mieux comprendre, revenons sur quelques dates : 1981, le cinéma est revendu au Comité d’Entreprise de la Caisse d’Epargne d’Ile-de-France et le lieu passe alors de 3 à 2 salles, 1990, deux associations se succèdent et font de la Clef, le cinéma historique parisien, où sont programmés des films venus d’Afrique, d’Amérique du Sud et du monde arabe. En avril 2018, le propriétaire veut vendre le bâtiment, deux anciens salariés tentent de le racheter en vain et c’est la fermeture officielle.

Prix libre et autogestion

Heureusement, en septembre 2019, un collectif de réalisateurs, d’activistes, membres de diverses associations, de cinéphiles décident d’occuper La Clef. C’est la naissance de la Clef Revival et de l’association Home Cinéma. Des séances à prix libre, une par jour, accompagnées de débats et des films expérimentaux, ou bien des documentaires militants se succèdent dans une organisation horizontale. La programmation est très différente des autres cinémas d’art et d’essai et attire de plus en plus de spectateurs.

Géant de l’entreprenariat dit « social et solidaire »

En août 2019, le Groupe SOS (organisation française spécialisée dans l’entrepreneuriat social) signe, une promesse de vente avec le comité social et économique de la Caisse d’Epargne Ile-de-France (CSECEIDF) qui possède les murs du bâtiment. Le groupe, dirigé par Jean Marc Borello, un proche d’Emmanuel Macron, l’un des fondateurs de la République En Marche. Un ombre plane sur l’avenir de La Clef.

Préemption espérée

Le collectif pensait être soutenu par la mairie de Paris et la mairie du 5ème …Mais en période d’élections municipales, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent ! Et pour contrer le mastodonte, le collectif demande à nouveau une préemption par la mairie de Paris, là, le désengagement des pouvoirs publics est flagrant. Le vœu déposé dans ce sens par les écologistes, les communistes et les élus du groupe Génération n’est pas défendu par l’exécutif parisien.

Tout les oppose

D’un côté donc, un lieu « auto-géré », de l’autre un groupe comptabilisant 21 000 salariés qui n’a de solidaire que le nom, une entreprise qui pèse plus d’un milliard de chiffre d’affaire et a le culot de dire qu’ils ne comprennent pas pourquoi La Clef Revival et eux sont en opposition. Ils s’engagent, même « par écrit » à maintenir la programmation du collectif. On devine facilement ce que le lieu deviendrait dans les mains de ce groupe en allant sur le site http://communeimage.com/. De l’événementiel, du co-working, une start-up de la culture, ouverte aux entreprises les après-midi, pour rentabiliser une culture que personne ne veut rentable. Fini le cinéma associatif. Après le greenbashing, vive le squatbashing !!!

Une occupation politique et non un squat d’habitation.

Pour revenir à la chronologie, il reste quelques dates importantes, celle du jugement du tribunal confirmant l’expulsion le 19 décembre 2019 et des fin de semaine joyeuses de mars 2020 à mai ; durant le premier confinement, le bastion de résistance propose chaque vendredi soir, des projections sur le mur au-dessus du cinéma., Un printemps tâché par le 8 mai, quand six membres actifs de l’association sont condamnés à une astreinte journalière de 350 euros et une amende de 4 000 pour occupation illégale. Expulsion pas expulsion, le combat s’intensifie et chaque nuit 3 membres au minimum dorment dans le local.

Un délai supplémentaire et une amende effacée.

Le procès en appel est jugé le 21 septembre, le délibéré tombe le 28 octobre, un délai de 6 mois est accordé et l’amende effacée. L’idée trotte de plus en plus : la Clef doit devenir un bien commun pour préserver son indépendance sa liberté. Un crowfunding, un financement participatif est ouvert sur Helloasso.Quatre mois plus tard, la cagnotte comptabilise plus de 70 000 euros.

Un cinéma libre et citoyen

Le collectif continue de travailler sur un projet de reprise du cinéma dans le cas où la Mairie de Paris tiendrait sa promesse de racheter le bâtiment. Pour sortir le bâtiment de la spéculation immobilière, il faudrait 4,3 millions : 100 000 euros avec la cagnotte, 2 millions du mécénat, un emprunt d’un million (avec les 300 000 euros de subventions, la rénovation du lieu serait effectuée). La ville de Paris a jusqu’au 19 février pour préempter sinon SOS sera propriétaire de la Clef.

Mélanie Trachsler

Sauve qui peut La Clef sur le site Helloasso.com




Source: Demainlegrandsoir.org