Justice4Mawda
Rédigé par ici et maintenant
22 novembre 2020
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A Mons, les 23 et 24 novembre prochains, le tribunal correctionnel
devra juger des faits remontant au mois de mai 2018. A cette période,
un gouvernement, dont le secrĂ©taire dâĂ©tat Ă
lâasile et Ă la migration ne cachait pas ses sympathies
pour les idées xénophobes, avait appelé les
forces de lâordre Ă un renforcement de la lutte contre
lâimmigration dite illĂ©gale. Les bons chiens de garde de
service ne se sont pas privés de prendre au mot les consignes
de leurs maimaĂźtres. Un minibus chargĂ© dâune
trentaine de migrants, une course-poursuite, un policier qui fait
feu⊠La balle « perdue » vient toucher Ă
la tĂȘte une fillette kurde de deux ans. Elle dĂ©cĂ©dera
peu de temps aprÚs. Le tribunal montois va devoir désigner
les responsabilitĂ©s de cette sĂ©rie dâactes qui
ont conduit Ă la mort dâune enfant.
Dans la nuit du 16
au 17 mai 2018, Mawda, une fillette de deux ans, trouve la mort dans
des circonstances à la fois lamentables et révoltantes.
Elle a pris une balle, tirĂ©e par un policier, lors dâune
course poursuite entre des véhicules de police et un minibus,
sur l’autoroute prĂšs de Mons. Mawda, petite fille kurde,
fuyait avec sa famille les violences de son pays. Le minibus, piloté
par un passeur, transportait une trentaine de personnes migrantes,
dites « illégales », à la
recherche dâun endroit oĂč vivre en paix. Les parents de
Mawda, arrĂȘtĂ©s et embarquĂ©s par la flicaille, ne
pourront pas lâaccompagner dans lâambulance oĂč
elle mourra un peu plus tard.
AprĂšs les
faits, les mensonges. RĂ©voltants, immondes. Lorsque l’examen
médical a déterminé que la fillette était
morte d’une balle, d’autres mensonges ont suivis. Les rĂ©fugiĂ©s
auraient tiré également, ou se seraient servi de la
fillette comme bouclier humainâŠ
Contentons-nous des
faits. Une balle a été tirée par un policier et
c’est cette balle qui a tuĂ© Mawda. L’enquĂȘte a permis de
déterminer la vérité des circonstances. Au
centre de cet embrouillamini, ce qui ressort, dans la lumiĂšre
brute, câest la mort dâune enfant de deux ans. Et câest
aussi la tristesse épouvantable de ses parents.
Le procĂšs qui
aura lieu Ă Mons les 23 et 24 novembre prochains va devoir
déterminer les responsabilités des uns et des autres.
L’officier est jugĂ© avec le conducteur de la camionnette,
ainsi quâun prĂ©sumĂ© passeur. Le policier est jugĂ©
pour homicide involontaire. Comment justifier lâacte dâun
policier qui sort son arme, la charge, vise un van transportant
trente occupants, puis appuie sur la dĂ©tente ? Cela nâa
rien dâinvolontaire.
Nous sommes
nombreux·ses à réclamer la justice pour Mawda,
autrement dit : que le policier soit condamné pour ses
actes. Que tous les mensonges et manipulations de la police et du
parquet soient dénoncés et punis. Enfin, que la
responsabilité écrasante du gouvernement belge et de sa
politique migratoire soit exposée, dénoncée et
condamnée.
Mawda est, bien
malgré elle, devenue un symbole de lutte et de résistance :
contre les violences policiĂšres, contre les violences dâĂ©tat
contre les personnes migrantes, contre le racisme ordinaire entretenu
par une politique sécuritaire et aussi pour une société
plus juste, plus libre et plus fraternelle, sans clivages ni
frontiĂšres.
Groupe Ici &
Maintenant (Belgique) de la Fédération anarchiste
En guise de
souvenir, le groupe Ici & Maintenant partage ci-dessous un texte
de lâartiste Jo Hubert, qui forme un diptyque avec lâĆuvre
présentée en illustration.
EXIL
Le
mot exil sable lâĆsophage, racle la gorge, laisse la
bouche en sang.
Coincé dans le gosier, il ne franchira
pas le mur-frontiĂšre de l’Ă©piglotte. Jamais il
n’atteindra le refuge utopique, atypique et dyspeptique hĂ©rissĂ©
de barriĂšres par “ceux d’ici”. L’exil aux relents de
défaite a des airs de sens interdits.
Quémander,
l’exilĂ© n’en a pas l’estomac.
Il n’a que le cĆur au
ventre et le ventre Ă la rage de fuir le carnage, les ravages,
le servage, le malheur d’ĂȘtre nĂ© lĂ -bas, sur des
terres trop disputées, mal irriguées, aux minerais
convoitĂ©s, aux minarets conspuĂ©s. La haine est dure Ă
digérer.
L’exilĂ© perd ses billes, ses
quilles et ses béquilles, son droit de revenir, la chance de
l’oubli.
Jo Hubert
Texte
& collage sur encre de Chine et encre blanche de calligraphie
Josiane (Jo) Hubert
a frĂ©quentĂ© l’Ecole des Arts d’Anderlecht (section
peinture), de 1991 à 1995. Elle a exposé en groupe, en
duo ou en solo Ă Charleroi, Bruxelles, Nivelles, Mons, Les
Bons Villers, Florennes, Euskirchen (Allemagne) ⊠Pendant de
nombreuses années, Jo Hubert a animé des ateliers
d’Ă©criture (entre autres pour des demandeurs d’asile). Elle a
illustré « Fondus au Noir » de
Jacqueline Fischer (Ed. Rougier) et a signé le frontispice de
« Ce soir c’est relĂąche » de Marc Menu
(Ed. Taillis-PrĂ©). Elle est Ă©galement l’auteure de
quelques livres, dont « Chambre d’Ă©chos »
(Ed. Rougier), « La mort est un coureur de fond »
(Ed. Crocs électriques) et, derniÚrement, « Assis
! » (Ed. Cactus inébranlable).
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Source: Ici-et-maintenant.group