Nous relayons ici un article au sujet de Stocamine paru sur rue89strasbourg.com. Cet article fait trĂšs Ă©chos Ă la lutte contre CigĂ©o. Il est question dâenfouissement de dĂ©chets « ultimes » Ă 500m de profondeur, de galeries qui sâeffondrent, de rĂ©cupĂ©ration de dĂ©chets, de pollution des eaux et de questionnement sur la mise en danger des ouvrier.e.s. Stocamine câest un projet dâenfouissement de dĂ©chets industriels en Alsace oĂč des militants pour la rĂ©cupĂ©ration des dĂ©chets sont venus prĂ©senter leur lutte aus festivals Les Burelesques en 2018. Depuis, des opposant.es Ă CigĂ©o leur ont donnĂ© le change en allant Ă leurs manifestations. Le lien entre ces deux luttes proches gĂ©ographiquement est Ă©vident. En relayant cet article nous montrons notre soutien Ă cette lutte, et vous invitons Ă aller faire un tour sur leur site internet: https://www.destocamine.fr/
La dĂ©cision sur lâavenir des « dĂ©chets ultimes » entreposĂ©s dans les anciennes mines de potasse Ă Wittelsheim est imminente. La pression augmente autour de la ministre Barbara Pompili.
Le gouvernement remontera-t-il Ă la surface une partie des milliers de tonnes de dĂ©chets toxiques enterrĂ©s de maniĂšre « rĂ©versible » dans lâancienne mine de potasse Ă Wittelsheim ? Ou laissera-t-il les galeries sâeffondrer sur ces barils et Ă terme communiquer avec la nappe phrĂ©atique dâAlsace ? La dĂ©cision de la ministre de la Transition Ă©cologique Barbara Pompili est imminente, pour la fin de lâannĂ©e 2020 ou dĂ©but 2021. Et nombre de parties prenantes craignent quâun confinement total du sous-sol soit privilĂ©giĂ©.
Quand François de Rugy gagnait du tempsâŠ
Rappel du contexte : dĂ©but 2019, le gouvernement annonce avec fracas quâil sâapprĂȘte Ă enterrer dĂ©finitivement tous les dĂ©chets entreposĂ©s Ă Stocamine, le nom du site ouvert en 1997, interrompu suite Ă un incendie en 2002. Un revirement spectaculaire par rapport Ă la position de lâex-ministre Nicolas Hulot, dâun rapport parlementaire transpartisan de 2018 ou dâune Ă©tude du Bureau de recherches gĂ©ologiques et miniĂšres (BRGM) qui avait « mis en Ă©vidence la faisabilitĂ© des opĂ©rations de dĂ©stockage [âŠ] tout en assurant, dans la mesure du possible la sĂ©curitĂ© du personnel, du site et la prĂ©servation de lâenvironnement ».
CâĂ©tait en fĂ©vrier 2019 et le ministre de lâĂcologie sâappelait encore François de Rugy. Sous la pression des Ă©lus alsaciens, lâĂ©phĂ©mĂšre ministre concĂšde une nouvelle « Ă©tude complĂ©mentaire ». Le temps de publier un cahier des charges et dâattribuer le marchĂ©, plusieurs mois passent. DĂ©but 2020, le confinement fait perdre de nouveaux mois et les conclusions des bureaux dâĂ©tudes Antea et Tractebel, « un groupement qui nâest jamais intervenu sur le sujet de StocaMine » selon les Mines de potasses dâAlsace (MDPA), Ă©taient attendues Ă lâĂ©tĂ© 2020.
Quel avenir pour les dĂ©chets de l’ancienne mine de sel de Wittelsheim, comme ce Bigbag de dĂ©chet contenant de l’amiante dans une galerie de stockage Ă -500m. (photo JFG / Rue89 Strasbourg)
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Deux nouveaux scénarios
Aujourdâhui nous sommes dĂ©but dĂ©cembre et Barbara Pompili, quatriĂšme ministre de lâĂcologie du quinquennat, est depuis quelques semaines en possession de ces conclusions. La ministre sâest rĂ©cemment entretenue en visio-confĂ©rence avec des Ă©lus du Haut-Rhin et du Grand Est.
Pour faire simple, trois options sont dĂ©sormais prĂ©sentĂ©es : un confinement immĂ©diat, une remontĂ©e dâenviron 10% des dĂ©chets jusquâen 2025, suivie dâun confinement de la mine jusquâen 2027, ou encore un dĂ©but de confinement, un dĂ©stockage, suivi de la fin des opĂ©rations de confinement, qui permettrait de remonter jusquâĂ 25% des 41 700 tonnes de barils et « big bags » entreposĂ©s, ces dĂ©chets « ultimes » que lâon ne sait pas traiter.
Député de la circonscription et co-rapporteur de la mission parlementaire, Raphaël Schellenberger (LR) souhaite le déstockage de 25% et veut « pousser à cet arbitrage ».
« Nous sommes face Ă un dossier oĂč la complexitĂ© technique a pris le dessus. Il faut un choix politique fort pour donner un sens Ă la dĂ©cision et confiance dans la parole de lâĂtat. Surtout quâil y a un consensus : on ne pourra pas tout remonter, notamment le bloc 15 Ă lâorigine de lâincendie ou encore les Refiom (rĂ©sidus dâĂ©puration des fumĂ©es dâincinĂ©ration des ordures mĂ©nagĂšres, ndlr). »
Les arguments du confinement des déchets
Le 17 novembre, le nouveau sĂ©nateur du Bas-Rhin Jacques Fernique (EELV) a eu lâoccasion dâinterpeller Barbara Pompili lors dâune audition. DĂ©jĂ en possession de lâĂ©tude, elle rĂ©pondait alors :
« On va avoir des choix Ă faire sur ce quâil est encore possible de retirer avant que [la mine] ne sâaffaisse, combien de temps on a ? Est-ce que ça vaut la peine oui ou non, au regard de ce que lâon peut retirer, et de ce quâon en fait. OĂč on les met [les dĂ©chets toxiques] ? Et du risque quâon fait peser sur les hommes et les femmes qui vont aller rĂ©cupĂ©rer ces colis ? Je regarde les rĂ©sultats de lâĂ©tude Ă lâaune de ces Ă©lĂ©ments-lĂ . »
Des premiers mots qui nâavaient guĂšre convaincu Jacques Fernique. « Quand jâentends ses rĂ©ponses, jâai lâimpression quâelle prĂ©pare les arguments pour ne rien faire ».
PrĂ©sident de la mission parlementaire de 2018, le dĂ©putĂ© du Bas-Rhin Vincent ThiĂ©baut (LREM) avoue avoir « du mal Ă se positionner ». Sur le plan technique, il esquisse les arguments pour le confinement. Selon lui, des considĂ©rations diffĂ©rentes sâentrechoquent :
« Si on fait une lecture froide et pragmatique de lâĂ©tude, il faut confiner. Câest le moins risquĂ© et rater cette Ă©tape serait le pire. Les projections les plus pessimistes estiment Ă 0,07 m3 de saumure par an, avec des traces de pollution, dans une nappe phrĂ©atique de 35 000 m3. La pire menace pour la nappe est bien lâactivitĂ© de surface, notamment la pollution liĂ©e aux mĂ©dicaments, pas celle des anciennes mines. Barbara Pompili sâest engagĂ©e Ă ce que la somme non dĂ©pensĂ©e dans le dĂ©stockage serait redĂ©ployĂ©e dans la protection de la nappe. Mais il est vrai quâil y a une volontĂ© des Ă©lus et des citoyens de remonter des dĂ©chets et il faut la prendre en compte. En cas dâaccident, il faudra nĂ©anmoins poser la question du partage de la responsabilitĂ© pĂ©nale avec celles et ceux qui souhaitent cette orientation. «
Le confinement immĂ©diat est estimĂ© Ă environ 60 Ă 80 millions dâeuros, contre 120 Ă 160 millions pour les options de dĂ©stockage partiel.
Le risque la perte de confiance
Bruno Fuchs (Modem), autre co-rapporteur de la mission parlementaire de 2018, est dâaccord sur un point : le confinement immĂ©diat est moins risquĂ©. Mais câest nĂ©gliger un autre risque selon le dĂ©putĂ© :
« Quel que soit le scĂ©nario, lâacceptabilitĂ© localement nâest pas acquise. Il faut que la ministre nous dise comment la dĂ©cision sera prise. Est-ce quâelle dĂ©cide seule dans son bureau, comme François de Rugy, ou est-ce quâil y a un dĂ©bat public mature, Ă lâheure de la CollectivitĂ© europĂ©enne dâAlsace qui marque une Ă©tape de dĂ©centralisation ? Il y a un risque politique qui va bien au-delĂ de Stocamine, qui est la parole de lâĂtat. On sait quâil est possible techniquement de remonter des choses. Je ne veux pas prendre la responsabilitĂ© dâune dĂ©cision qui permettra de dire que dans 300 ans, lâĂtat nâa pas tout fait pour remonter des dĂ©chets toxiques enterrĂ©s sous la nappe phrĂ©atique. »
LâĂ©lu haut-rhinois a sa prĂ©fĂ©rence personnelle pour un autre scĂ©nario, proposĂ© dĂšs 2018 par le BRGM, qui permettrait dâextraire 20 Ă 25% « des dĂ©chets les plus dangereux ». Une piste « plus compliquĂ©e juridiquement », reconnaĂźt-il. Lâoption la plus ambitieuse dĂ©sormais prĂ©voit que seuls les barils et les sacs les plus accessibles soient remontĂ©s.
« Ne plus traßner »
Porte-parole du collectif dâopposants Destocamine, Yann Flory sâinquiĂšte des premiers Ă©chos de ces Ă©changes entre politiques. Il espĂšre pouvoir faire entendre la demande des habitants pour la remontĂ©e de barils, quitte Ă ne plus demander le dĂ©stockage total, position pourtant historique de lâorganisation :
« Nous voyons bien que le dĂ©stockage massif est le scĂ©nario le plus risquĂ©, mais dans les nouveaux scĂ©narios, certains prĂ©sentent un risque modĂ©rĂ©. Si on a lâoccasion de sâentretenir avec la ministre, on aimerait proposer une alternative : se donner comme objectif de tout remonter, quitte Ă confiner ce quâil reste si les conditions matĂ©rielles ne le permettent plus. Câest un scĂ©nario qui implique de la confiance rĂ©ciproque, ce qui a fait dĂ©faut dans ce dossier. LâĂtat se fixe la date de 2027 comme limite, mais câest un argument juridique. La durĂ©e de vie du stockage temporaire Ă©tait de 30 ans, mais le BRGM proposait un dĂ©stockage qui se terminerait en 2031. Le projet a tellement changĂ© que cette date limite peut ĂȘtre repoussĂ©e. »
Le 17 novembre, Barbara Pompili assurait que le gouvernement « ne va plus traĂźner sur cette affaire ». Les eurodĂ©putĂ©s Ă©cologistes français viennent de lui Ă©crire pour lui demander « preuve de bon sens et de courage politique lĂ oĂč [ses] prĂ©dĂ©cesseurs en ont maquĂ© » pour Ă©viter « une bombe Ă retardement ». Lâancienne dĂ©putĂ©e Ă©cologiste risque de faire des déçus dans le Haut-Rhin et chez ses anciens amis.
Source: Bureburebure.info