Quoi quâen disent des mĂ©dias, friands de trouver un petit incendie quelque part, la manifestation parisienne dâaujourdâhui mâest apparue comme peut-ĂȘtre la plus sympathique depuis longtemps.
Le nombre de manifestants Ă©tait impressionnant, 46.000 selon la police, donc pas loin du double en rĂ©alitĂ©. A partir de 17 h, les manifestants quittaient la place de la Bastille (par la rue Amelot entre autres) pour laisser la place Ă ceux qui affluaient encore vers Bastille par le boulevard Beaumarchais. MalgrĂ© un trajet aussi court, les manifestants ont dĂ©filĂ© pendant quatre heures au total, remplissant lâintĂ©gralitĂ© des boulevards entre RĂ©publique et Bastille, la place de la Bastille elle-mĂȘme, et de nombreuses rues adjacentes.
La prĂ©sence policiĂšre Ă©tait importante mais plus discrĂšte que dâhabitude. Quelques pelotons se sont rangĂ©s le long des commerces sur le flanc nord du boulevard, mais les nombreux cars Ă©taient stationnĂ©s Ă distance et les pelotons Ă©vitaient Ă©galement dâĂȘtre visibles depuis la manifestation. Car tout le monde sait trĂšs bien que seule la prĂ©sence policiĂšre provoque des violences, et que le contexte politique y Ă©tait peu favorable. En revanche, le choix stratĂ©gique du PrĂ©fet incluait comme dâhabitude les canons Ă eau et une trentaine de voltigeurs Ă moto dits « BRAV-M ». Le trajet de mĂȘme que la place de la Bastille nâont par contre pas Ă©tĂ© intĂ©gralement nassĂ©s, laissant quelques issues disponibles (environ une artĂšre sur 3).
Dans la manifestation, la joie de pouvoir se retrouver Ă nouveau rĂ©unis en plein air dominait trĂšs nettement sur la colĂšre suscitĂ©e par les violences policiĂšres. Je pense que plus de la moitiĂ© de la manifestation Ă©tait constituĂ©e par des personnes trĂšs jeunes, dynamiques et souriantes, une belle jeunesse trĂšs sympathique. Et jâai pu retrouver plusieurs personnes, que parfois je nâavais pas vues depuis presque un an. Et partout des gens portĂ©s au dialogue, au jeu de mot, au clin dâoeil, Ă une libĂ©ration de lâesprit.
Ce qui me semblait Ă©galement notable, câĂ©tait la trĂšs faible proportion de banderoles « institutionnelles » (syndicats, partis, associations). MĂȘme si les sigles habituels rĂ©unissaient leurs adhĂ©rents et sympathisants, une trĂšs forte proportion de manifestants Ă©tait prĂ©sente visiblement sans affiliation. On retrouve la mĂȘme chose dans le trĂšs grand nombre de pancartes personnelles, souvent hĂątivement bricolĂ©es, mais prĂ©sentant de bons slogans. Chacun veut sâexprimer personnellement (habitude peut-ĂȘtre favorisĂ©e par lâexpression sur Internet?).
Le slogan « tout le monde dĂ©teste la police » fait dĂ©sormais lâunanimitĂ©, et câĂ©tait inĂ©vitable compte tenu des rĂ©centes exactions policiĂšres. Maintenant quâAlexandre Langlois a demandĂ© une rupture conventionnelle pour quitter la police (et en espĂ©rant quâil lâobtiendra, pour la premiĂšre fois dans lâhistoire de cette sinistre institution), cela pourrait provoquer des dĂ©parts nombreux puisque dans ces conditions, lâancien flic a droit Ă une indemnitĂ© de licenciement et aux indemnitĂ©s de chĂŽmage!
Source: Monde-libertaire.fr