Sâil reste en mĂ©moire, par de multiples commĂ©morations, le massacre dâalgĂ©riens jetĂ©s dans la seine le 17 octobre 1961 par la police française aux ordres, il paraĂźt aussi important et au vu de lâactualitĂ©, de rappeler le comportement du mĂȘme Ătat colonialiste aux Antilles les 26 et 27 mai 1967.
Ă Rama Yade [1]
Objet : VĂ©ritĂ© â Justice – RĂ©paration â RĂ©habilitation pour les victimes des massacres des 26 et 27 Mai 1967 Ă Pointe Ă Pitre (Guadeloupe).
Madame la SecrĂ©taire dâĂtat,
Les 26 et 27 Mai 1967, Ă Pointe Ă Pitre, Ă lâoccasion dâune grĂšve dâouvriers du bĂątiment, les CRS, Gendarmes mobiles (KĂ©pis Rouges) français perpĂ©trĂšrent un vĂ©ritable massacre contre le Peuple GuadeloupĂ©en.
« Le massacre commença le 26 mai 1967 au dĂ©but de la matinĂ©e et dura jusquâau lendemain soir. Pointe-Ă -Pitre martyrisĂ©. Ces morts ne furent pas les victimes accidentelles dâun combat sans merci. Ces ĂȘtres furent assassinĂ©s de sang froid avec mĂ©thodes. Ce crime fut dĂ©cidĂ©, organisĂ©, planifiĂ© dans le cadre dâune politique de terreur. »
Le PrĂ©fet Pierre BOLOTTE, inhumĂ© le 27 Mai 2008 (41 ans jour pour jour aprĂšs le massacre des GuadeloupĂ©ens), commandeur de la lĂ©gion dâhonneur, demanda de faire usage de toutes les armes contre tous ceux qui bougeaient, qui Ă©taient noirs ou tiraient leur origine de cette couleur. Plusieurs centaines de GuadeloupĂ©ens furent traquĂ©s, blessĂ©s ou tuĂ©s par balles. LâarmĂ©e Française tirait sur les ambulances et mĂȘme dans la veillĂ©e mortuaire dâune des premiĂšres victimes. LâhĂŽpital Ă©tait dĂ©bordĂ©. Des exĂ©cutions sommaires ont Ă©tĂ© perpĂ©trĂ©es aussi bien Ă la gendarmerie du Morne Miquel quâĂ la Sous-prĂ©fecture de Pointe-Ă -Pitre oĂč des dizaines de corps jonchaient le sol.
Depuis 2005, nous avons entrepris des dĂ©marches auprĂšs de lâĂtat Français pour quâune enquĂȘte soit diligentĂ©e sur les tueries de Mai 1967. Jusquâici, aucune rĂ©ponse.
Toutes les archives des hÎpitaux et mairies relatives à cette période ont mystérieusement disparu et les archives Françaises de Fontainebleau nous sont interdites.
Face Ă ce mĂ©pris, les investigations se sont poursuivis directement sur le terrain mĂȘme, en Guadeloupe, et ont permis de rencontrer des tĂ©moins visuels, des parents et amis de victimes, des blessĂ©s, des emprisonnĂ©s⊠Aux dires dâun ancien ministre des DOM, M. Lemoine, il y eut 87 morts et des centaines de blessĂ©s. Mais le nombre rĂ©el de morts va bien au-delĂ et dĂ©passera 200 GuadeloupĂ©ens tuĂ©s soient prĂšs de 7% de la population de lâĂ©poque.
Aujourdâhui, 41 ans aprĂšs, nous poursuivons notre combat pour la vĂ©ritĂ©, la reconnaissance de ce massacre, la justice, le jugement et la condamnation des coupables, la rĂ©habilitation des victimes, la rĂ©paration des prĂ©judices, lâaccĂšs aux archives et dossiers de lâĂ©poque et Ă lâĂ©criture de cette page de notre histoire. Depuis plusieurs mois maintenant, nous suivons avec intĂ©rĂȘt vos prises de position sur tous les dossiers relatifs Ă la dĂ©fense des droits de lâhomme Ă travers le monde…
Pour le KOMITĂ MĂ 67,
(AKIYO â UGTG â Mouvman NONM â TRAVAYE & PĂYIZAN)
Elie DOMOTA [2]
Source: Oclibertaire.lautre.net