Mars 31, 2018
Par CGA Lyon
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Le meurtre violent de Mireille Knoll, femme prolétaire juive de 85 ans, est d’autant plus révoltant compte tenu de l’histoire de sa vie profondément marquée par la violence antisémite : elle avait échappé à la rafle du Vel d’Hiv, avait trouvé refuge au Portugal et épousé après la guerre un homme ayant survécu à Auschwitz. C’est pourtant cette violence antisémite qui l’a arrachée à sa famille et à ses proches auxquels nous exprimons notre tristesse et notre solidarité.

À l’heure actuelle, deux personnes sont considérées comme suspectes pour son meurtre. Si le caractère antisémite est retenu par les instances chargées de cette enquête, il est trop souvent minimisé voire totalement écarté, comme cela a longtemps été le cas concernant le meurtre de Sarah Halimi, une autre femme juive âgée assassinée à son domicile l’année dernière.

Ce meurtre intervient dans un climat délétère de violence antisémite et raciste. Partout en Europe, ou encore aux États-Unis, l’antisémitisme connaît une montée en puissance qui va de pair avec la montée des fascismes : que ce soit la loi polonaise visant une déresponsabilisation nationale des crimes commis par les nazis, la campagne d’affichage du gouvernement hongrois de Viktor Orban visant l’homme d’affaire George Soros, clairement inspirée par l’iconographie nazie, les menaces terroristes contre des synagogues ou des lieux communautaires juifs…

Contrairement à ce qu’en disent les réactionnaires, l’antisémitisme est partie prenante de la société française, et n’est certainement pas une relique anecdotique du passé, ou encore un produit d’importation, mais bien la continuité historique d’un rapport social violent : l’oppression de la minorité nationale juive, qui se manifeste ces dernières années en France par des agressions, des viols et des meurtres.

Nous considérons qu’il serait une grave erreur de souscrire à l’opposition de l’antisémitisme aux autres formes de racisme, dans la mesure où cette division entre les minorités nationales est un mécanisme de diversion profitant aux classes dominantes. L’antisémitisme et l’islamophobie, en particulier, s’alimentent mutuellement, fonctionnent en miroir inversé, et doivent être combattus dans un même mouvement par toutes les forces progressistes et antiracistes.

Ainsi, le camp réactionnaire qui n’a de cesse d’attribuer aux musulman-e-s et migrant-e-s la seule responsabilité de l’antisémitisme en France (tout en le minimisant par ailleurs) fait-il preuve d’un cynisme morbide. Qui diffusait des caricatures d’Emmanuel Macron portant haut de forme et cigare pendant la campagne présidentielle, sinon le compte twitter officiel des Républicains ? Qui a tenté de réduire les subventions régionales à la maison d’Izieu, mémorial dédié aux enfants et adultes juifs raflés le 6 avril 1944, sinon Laurent Wauquiez ?

Nous dénonçons donc l’indécence de l’expression d’une pseudo-compassion venant des réactionnaires et des fascistes. Ainsi la présence annoncée de Marine le Pen à la marche blanche organisée en mémoire de Mireille Knoll à Paris n’est rien d’autre qu’une obscène et insultante récupération politique, au lendemain de la condamnation de son père, le fondateur du Front National, pour contestation de crime contre l’humanité.

Rappelons aussi que l’antisémitisme n’est pas l’apanage des fascistes : nous devons avec encore plus de force refuser toute complaisance à l’égard de notre propre camp politique. En particulier, lorsqu’au lieu d’une critique conséquente et matérialiste du capitalisme fleurissent des discours reprenant un imaginaire antisémite, fondés par exemple sur un fantasme de pouvoir financier occulte. Ces dérives confusionnistes et conspirationnistes participent à renforcer l’oppression antisémite, tout en affaiblissant notre camp social au profit des fascistes, l’original surpassant toujours la copie.

De la tristesse à l’indignation, le meurtre de Mireille Knoll appelle à la lutte. C’est pourquoi à Lyon, nous appelons à rejoindre l’appel de nos camarades Juives et Juifs Révolutionnaires 69 à se rassembler ce dimanche 1er avril à 14h sur la stèle d’Anne Franck dans le 3ème arrondissement de Lyon.

Le groupe de Lyon de la Coordination des Groupes Anarchistes




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