La pensée politique de Guy Debord est devenue un champ d’études universitaires, quasiment panthéonisé depuis le versement de ses archives à la Bibliothèque nationale, ce qui a aussi permis l’accès aux chercheurs qui livrent dans la présente revue quelques résultats de leurs recherches.
Plusieurs thèmes se révèlent être particulièrement intéressants. D’abord sa critique de la société marchande qui ne se résume pas au « spectacle » de cette dernière, mais qui porte également sur l’aliénation qu’elle génère. Domination par la dépendance à la consommation, mais aussi par le temps, la société du spectacle étant une critique, souvent passée inaperçue, de l’aliénation qui s’écoule trop vite. On en retrouve du reste un écho chez son complice d’alors Raoul Vaneigem dans la la vie s’écoule la vie s’enfuit dans l’album Pour en finir avec le travail.
Mais surtout la revue contient deux articles méritent l’attention.
Le premier signé par l’ami Nedjib Sidi Moussa qui revient sur les rapports entre Debord et l’Algérie montrant qu’elle a été un aspect central dans la politisation du jeune lettriste, qui par la suite s’est livré à une critique radicale de la gauche béate devant le FLN et la mise en œuvre d’un parti État de type soviétique. Dans les années 1980, il s’est montré aussi particulièrement sévère en compagnie de son complice Mezioud Ouldamer comparant les militaires algériens au général Bigeard et voyant dans les mouvements pour une société multiethnique la généralisation du spectacle made in America.
Enfin, la revue s’ouvre sur un article sur les rapports entre Debord et l’anarchisme dont il était si loin quand il s’agissait des organisations et si proche quand il s’agissait des pratiques.
Bref, un volume utile pour approfondir la lecture du situationniste.
Guy Debord et la politique. Revue française d’histoire des idées politiques n°55 1er semestre 2022
L’Harmattan 2022. 21,50 €
Source: Monde-libertaire.fr