publié
le jeudi 12 novembre 2020 Ă 07:51 |
Serge UtgĂ©-Royo, Confinement dâautomne 2020 – http://www.autrefutur.net/Courrones-de-voyous
Trajectoire classique de nantis : un escroc royal Ă la retraite fuit son pays, avec son magot
Le 3 aoĂ»t 2020, le ci-devant Juan Carlos, roi retraitĂ© dâEspagne (sacrĂ© « Ă©mĂ©rite » en 2014 par la grĂące du ministre Rajoy), placĂ© sur le trĂŽne par la seule volontĂ© du dictateur Franco, fuit son pays et la justice sous les accusations de corruption, dĂ©tournement et blanchiment. Son grand-pĂšre Alphonse le TreiziĂšme avait dĂ©jĂ fui hors du pays natal en 1931 â exilĂ© dans un palace de la Rome de Mussolini, sous la poussĂ©e des rĂ©publicains espagnols.
Le petit-fils dâAlphonse a prĂ©tendu sâexpatrier pour ne pas « gĂȘner le travail » de son rejeton Philippe le SixiĂšme, roi rĂ©gnant actuellement depuis lâabdication de son pĂšre. Alphonse le TreiziĂšme avait ralliĂ© lâItalie fasciste â oĂč devait naĂźtre dâailleurs, en 1938, son illustre fiston (dont on murmurait cet Ă©tĂ© quâil pourrait poser ses bagages au Portugal ou en RĂ©publique dominicaine). Un journaliste de tĂ©lĂ©vision (Jordi Ăvole) a ironisĂ© sur lâĂ©ventualitĂ© dâun atterrissage du royal fuyard dans une rĂ©publique⊠Un comble. Depuis, le voyou couronnĂ© a plutĂŽt fait confiance Ă ses collĂšgues dâAbu Dhabi, Ă©mirs, milliardaires et criminels planĂ©taires.
Pour simplifier lâinformation et souligner les trajectoires historiques, il faut redire que Franco a assassinĂ© la RĂ©publique espagnole en 1939, pris sous son aile paternelle le futur Juan Carlos et rĂ©tabli par la force des armes cette monarchie des Bourbons, dĂ©gagĂ©e par le peuple en 1931.
Deux jours aprĂšs la mort du caudillo (20 novembre 1975), Juan Carlos le Premier sâasseyait Ă la place toute froide de son parrain, avec lâonction de la galaxie franquiste orpheline. Il serait dĂ©finitivement adoubĂ© deux ans plus tard et empoignerait les rĂȘnes du pays avec les rĂ©vĂ©rences, cette fois, des partis de droite et des gauches socialiste et communiste (pacte de la Moncloa, 1977), pour conduire depuis la plus haute chaise de lâĂtat la « nouvelle dĂ©mocratie ».
La monarchie voulue par le dictateur sombre dans le scandale de la corruption et du blanchiment dâargent sale ; la fille du voyou royal, princesse et sĆur du roi actuel Philippe le SixiĂšme, avait dĂ©jĂ , elle aussi, plongĂ© ses mains dans les pesetas, les dollars et les euros en marge de la lĂ©galitĂ©. Il est sans doute temps dâouvrir une rĂ©flexion sur le rĂ©gime nĂ© dans les dĂ©combres franquistes…
Lâhistoire a parfois des rebondissements savoureux : lâEspagne vient donc de vivre le dĂ©nouement provisoire dâune escroquerie politique et historique, le point final dâun parcours pseudo dĂ©mocratique, avec la piteuse fuite du successeur du dictateur gĂ©nĂ©ralissime. Juan Carlos le Premier rejoint ainsi, en quelque sorte, lâimmense cohorte des exilĂ©Es espagnolEs : pourvu quâune association mĂ©morielle quelconque lâassure de sa bienveillanceâŠ
Plus sĂ©rieusement, que ces familles engalonnĂ©es et dĂ©corĂ©es comme des arbres de NoĂ«l soient au-dessus des vastes populations, comme des crĂšmes de compĂ©tence, savantes de la chose sociale ou politique, indispensables tuiles faĂźtiĂšres, cultures inouĂŻes et supĂ©rieures, soient irremplaçables et se payent sur le dos de la bĂȘte populeuse et sa sociĂ©tĂ©, parlementaire ou non, est une idĂ©e de gĂ©nie. Elle sâimpose Ă tous les coquins et les pauvres dâesprit, les gens de robe et les gens dâarmes, les foutriquets et les dĂ©vots, les braves gens et les sales types⊠Câest une misĂ©rable prestidigitation historique qui dure â il faut dire enfin lâĂ©vidence â et gave des voyous chanceux, des voleurs, des manipulateurs habiles, une secte de fin de race qui nâen finit pas de finirâŠ
Ce qui vaut pour lâEspagne vaut tout aussi bien pour le Royaume-Uni, la Belgique, la ThaĂŻlande ou les pays scandinaves, quelles que soient les qualitĂ©s humaines des acteurs et des actrices qui endossent le rĂŽle : lâhistoire de ces pitres couronnĂ©s a dĂ©butĂ© par des coups de force, des prises de possession abusives et des actes souvent criminels. Les multiples parlementarismes des rĂ©publiques de la planĂšte frĂŽlent ici ou lĂ des directions autoritaires, voire brutales, oĂč la corruption se cache derriĂšre la finance et/ou la force armĂ©e. Câest dit.
« Le roi est nu », comme Andersen le fait dire Ă un enfant dans son conte Les habits neufs de lâempereur ; il doit donc redescendre de son fauteuil ridicule : les spectacles absurdes et minables des monarchies ne sont quâune vieille et vaste escroquerie et une atteinte Ă lâintelligence de lâhumanitĂ©.
NB. â Andersen disait Ă qui voulait lâentendre que son conte Ă©tait inspirĂ© dâune histoire⊠espagnole.
Serge UtgĂ©-Royo, Confinement dâautomne 2020
Source: Nantes.indymedia.org