Cet article affirme la nĂ©cessitĂ© dâune opposition ferme Ă la reconnaissance faciale que le gouvernement souhaite diffusĂ© de plus en plus.
Il est tirĂ© du dernier numĂ©ro des brĂšves du bistrot Ă tĂ©lĂ©charger en intĂ©gralitĂ© Ă la fin de lâarticle.
Il y a un an, en fĂ©vrier 2019, le gouvernement en partenariat avec la ville de Nice expĂ©rimentait lâutilisation de la reconnaissance faciale pendant trois jours, pour le Carnaval de Nice. CâĂ©tait la premiĂšre tentative pour faire rentrer insidieusement cette technologie dans nos vies, sous couvert bien sĂ»r de la lutte contre le terrorisme, et facilitĂ©e aussi par le zĂšle sĂ©curitaire du maire de la ville, Christian Estrosi.
LâidĂ©e de lâinstallation de la reconnaissance faciale sâest depuis largement dĂ©veloppĂ©e. Ainsi, deux lycĂ©es se sont portĂ©s volontaires pour lâinstallation de portiques aux entrĂ©es pouvant discriminer les personnes ayant le droit, ou non, de rentrer dans lâĂ©tablissement. A Nice, malgrĂ© lâopposition formelle des Ă©lĂšves, parents dâĂ©lĂšves, et personnels du lycĂ©e, les portiques sont en place depuis la derniĂšre rentrĂ©e scolaire. Ăa coince encore, pour lâinstant, dans lâautre lycĂ©e test Ă Marseille. La Quadrature du Net sâĂ©tait opposĂ©e dĂšs que le projet avait Ă©tĂ© rendu public, puis plus rĂ©cemment câest la CNIL qui sâest elle aussi dressĂ©e contre lâutilisation des donnĂ©es biomĂ©triques et le risque « dâaboutir Ă un phĂ©nomĂšne dâaccoutumance Ă ces dispositifs de captation qui permettent de reconnaĂźtre automatiquement une personne. Et donc de crĂ©er in fine un sentiment de surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e qui pourrait mettre en doute la capacitĂ© dâaller et venir anonymement. »
Le gouvernement entend bien pour autant imposer la reconnaissance faciale de partout, et utilise pour cela une stratĂ©gie Ă deux volets. Dâune part, il dĂ©fend cette technologie par le chantage au terrorisme ; en ce moment, une vaste opĂ©ration de lĂ©gitimisation des camĂ©ras intelligentes est en cours, ces derniĂšres constitueraient une arme nouvelle et particuliĂšrement efficace pour empĂȘcher des attentas ou en retrouver les auteurs a posteriori. Câest le sens de lâintervention de Castaner par exemple qui expliquait en octobre dernier que lâhomme qui avait dĂ©posĂ© le colis piĂ©gĂ© rue Victor Hugo Ă Lyon aurait pu ĂȘtre retrouvĂ© bien plus vite. Ăvidemment ça ne tient pas debout une minute. Techniquement dâabord ça ne fonctionne pas, plusieurs Ă©tudes amĂ©ricaines -pays prĂ©curseur dans la biomĂ©trie sĂ©curitaire- montrent que la reconnaissance faciale nâest pas du tout au point et confond rĂ©guliĂšrement des visages. Et puis surtout, on connaĂźt trop bien lâentourloupe ; quelle mesure anti-terroriste nâa pas Ă©tĂ© utilisĂ©e par la suite dans dâautres cadres ? Il est Ă©vident que lâobjectif est la gĂ©nĂ©ralisation de la surveillance biomĂ©trique en ce quâelle facilite la rĂ©pression de nâimporte quel dĂ©lit commis par une personne pas assez masquĂ©e mais aussi en ce quâelle incite Ă lâauto-contrĂŽle par son effet panoptique.
NĂ©cessitĂ© de la reconnaissance faciale donc, mais dâautre part, ça tente de faire passer la pilule en expliquant, comme CĂ©dric O le mois dernier, que tout cela devra ĂȘtre accompagnĂ© dâune « Ă©thique » dans lâutilisation. Le secrĂ©taire dâĂ©tat au numĂ©rique et ses sbires comme StĂ©phane SĂ©journĂ©, affirment ainsi que, dans le respect de la loi actuelle sur lâutilisation des donnĂ©es biomĂ©triques, la reconnaissance faciale ne pourra ĂȘtre utilisĂ©e quâavec lâaccord des personnes concernĂ©es. Comment demander leur consentement Ă toutes les personnes prĂ©sentes dans une gare avant de les filmer ? Aucune rĂ©ponse Ă ce sujet… On imagine bien sĂ»r que les premiĂšres utilisations de la reconnaissance faciale seront rĂ©glementĂ©es assez Ă©troitement et puis chaque gouvernement se succĂ©dant desserrera un peu plus la loi. Il nâest de toute façon pas question pour nous de prĂ©senter une bonne ou une mauvaise utilisation de cette technologie, mais bien de viser son interdiction.
Le train de la reconnaissance faciale est en marche, Castaner et sa clique annoncent 2020 comme une annĂ©e test dans les gares, les aĂ©roports mais aussi le lancement de ALICEM, une application qui permettra de se connecter aux services publics Ă lâaide de son smartphone et de la reconnaissance faciale. Dring dring, Black Mirror sonne Ă la porte. La Quadrature du net agit par toutes les voies lĂ©gales possibles afin dâempĂȘcher sa mise en place. Si toutefois la reconnaissance faciale sâimpose, le masquage en manif deviendra dâune autant plus grande nĂ©cessitĂ©, et la motivation sera double pour mettre hors dâĂ©tat de nuire les camĂ©ras. A Hong Kong ou au Liban, les manifestants ont massivement utilisĂ©s les lasers pour brouiller les camĂ©ras, plus largement de plus en plus de personnes, notamment en Russie, aux Etats Unis ou au Royaume-Uni planchent sur des vĂȘtements, des types de maquillage ou des coupes de cheveux qui rendent inefficace cette technologie. On sâen rappellera.
Retrouvez cet article et tous les autres dans le derniÚr numéro des brÚves du bistrot :
Source: Rebellyon.info