Lettre de Christian Ranucci.
Ă Marseille, le 26 Juillet 1976
Ma chĂšre et tendre mĂšre,
Tu Ă©tais depuis le dĂ©but persuadĂ©e bien plus que moi de mon innocence, et aujourdâhui je peux te dire que tu avais raison.
Jâavais honte dâavouĂ© que mon amnĂ©sie du moment prĂ©cis de lâhorrible meurtre Ă©tait liĂ© Ă la tournĂ©e de bars faites la veille. Devant les preuves pertinentes et les arguments convaincants des policiers mâaccusant, je ne pus quâacquiescer face Ă ce terrible destin. Je fis tout ce quâils voulurent et bien plus encore.
Mais aujourdâhui, aujourdâhui je sais que ça ne colle pas ! Les relents de souvenirs qui mâassaillent me convainquent que mon histoire et celle de la petite dĂ©funte ne peuvent en aucun cas ĂȘtre liĂ©es.
Câest pourtant trop tard pour moi, la justice a trouvĂ© son meurtrier idĂ©al, malgrĂ© ce que je peux dire aujourdâhui. MĂšre, toi qui, je sais, enquĂȘte de ton cotĂ© jâespĂšre que tu trouveras cet homme pour qui je donne ma vie.
Ma derniĂšre volontĂ© serait que toi et mes avocats rĂ©tablissiez ma mĂ©moire qui nâaurait jamais du ĂȘtre salie. Jâaurais du depuis le dĂ©but tâĂ©couter, Ă croire que tu me connais mieux que moi-mĂȘme.
Sache que je partirais la tĂȘte haute.
Je tâenvoie mille baisers dans cette lettre qui sera la derniĂšre.
Ton fils qui tâadore, Christian.
Christian Ranucci, 22 ans, inculpĂ© de lâenlĂšvement suivi du meurtre dâune fillette, condamnĂ© Ă mort aprĂšs seulement deux jours dâun procĂšs chargĂ© de zones dâombres, exĂ©cutĂ© le 29 juillet 1976 Ă 4h13. Trois jours plus tĂŽt, contrairement Ă lâavis dâune commission de hauts magistrats qui a Ă©tĂ© consultĂ©e, ValĂ©ry Giscard dâEstaing avait refusĂ© de gracier le condamnĂ©.
Lâavocat de la partie civile, qui sâest acharnĂ© Ă “prouver” la culpabilitĂ© de Christian Ranucci, un certain Gilbert Collard.
Bernard
Source: Monde-libertaire.fr