Un autoritarisme exacerbé
La rĂ©pression nâest bien sĂ»r pas une nouveautĂ©. On pouvait mettre en prison dans les annĂ©es 70 sous Marcelin des directeurs de journaux, le directeur de la Cause du Peuple emprisonnĂ© pour ĂȘtre le directeur de publication du journal par exemple. La Cour de SĂ»retĂ© de lâĂtat nâa Ă©tĂ© abolie quâen 1981, et dĂšs 1986 une lĂ©gislation anti-terroriste a Ă©tĂ© mise en place. Rappelons-nous en 1953 lâarrestation de Jacques Duclos, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du parti communiste, Ă lâĂ©poque premier parti en terme dâĂ©lecteurs, et qui est pourtant allĂ© en prison. Les exemples pourraient remplir un numĂ©ro complet du journal. On peut plutĂŽt parler dâune parenthĂšse avec lâarrivĂ©e au pouvoir du PS. On a alors rĂ©ussi Ă nous faire accepter lâidĂ©e selon laquelle la vie politique et sociale de la France Ă©tait passĂ©e dâun mode dâaffrontement, le rĂ©sultat dâun rapport de forces, de rapports dâaffrontement dans la sociĂ©tĂ©, quâils soient rĂ©els ou simulĂ©s, Ă une espĂšce de consensus qui serait fantasmĂ© oĂč en fait finalement on est tous des citoyens, dont certains ont besoin dâĂȘtre conseillĂ©s.
On observe aujourdâhui une forme dâautoritarisme accru de la part de lâĂtat dans la gestion des foules, la gestion des manifestations, dans lâimposition dâun certain nombre de dĂ©cisions, la rĂ©pression politique et la rĂ©pression syndicale, un discours stigmatisant vis Ă vis de lâimmigration (multiplication des discours sur le sĂ©paratisme, sur le communautarisme), et une forme de tolĂ©rance vis Ă vis de lâextrĂȘme droite de la part du pouvoir.
La verticalitĂ© du pouvoir sâest accentuĂ©e. Par exemple, la gestion de la pandĂ©mie a Ă©tĂ© purement descendante, sâest faite contre ce qui pouvait Ă©merger des soignants. Ce phĂ©nomĂšne peut sâobserver dans lâensemble des services de lâĂtat oĂč tout savoir-faire est niĂ©, les compĂ©tences professionnelles sont Ă©crasĂ©es au profit dâune gestion par le haut par des « technocrates » en fait incompĂ©tents dans le domaine quâils dirigent. La rĂ©publique est devenue une notion complĂštement autoritaire. Ce nâest pas rĂ©publicain dâinsulter les flics, mais ce nâest pas rĂ©publicain non plus de traverser hors des clous, ce nâest pas rĂ©publicain de frauder (enfin pas pour tout le monde), ce nâest pas rĂ©publicain de pas travailler, ce nâest pas rĂ©publicain dâĂȘtre feignasse, ce nâest pas rĂ©publicain de porter un foulardâŠ
Câest cet autoritarisme exacerbĂ© qui sâexerce jusque sur notre quotidien le plus quotidien avec les mesures sanitaires par exemple qui peut faire penser Ă une fascisation. Certes, le fascisme historique (Italie et Allemagne des annĂ©es 20 et 30) a Ă©tĂ© une rĂ©ponse de la bourgeoisie, afin de ramener lâordre face Ă des tentatives dâinsurrection ou de bouleversements de la situation. Dans ce sens, il serait complĂštement anachronique de parler de fascisme aujourdâhui.
Dâautres Ă©lĂ©ments peuvent pourtant faire penser au fascisme. Le gouvernement lui mĂȘme a une posture parfois anti-parlementariste. On peut se rĂ©fĂ©rer aux dĂ©clarations de Darmanin Ă la manifestation des flics, on peut voir Ă quel point le parlement est Ă©cartĂ© des dĂ©cisions importantes, des guerres extĂ©rieures Ă la gestion de la crise sanitaire, rĂ©duit Ă une chambre dâenregistrement de lois sĂ©curitaires ou dâexception permanente. On ne peut ignorer non plus les dĂ©lires racistes et xĂ©nophobes du personnel politique (loi sur le sĂ©paratisme par exemple). On peut enfin Ă©voquer la destruction systĂ©matique des corps intermĂ©diaires, des partis aux syndicats, mais aussi les organismes de cogestion et certains corps dâĂtat. Le discours gouvernemental et de la droite aujourdâhui, câest le discours que lâextrĂȘme droite tenait il y a vingt ans. Lorsque lâautoritarisme se renforce, les Ă©trangers et les femmes sont toujours les premier·es ciblé·es. Songeons aux attaques contre les droits des femmes en Hongrie, en Pologne. Songeons aux suspicions dont les Français·es de fraĂźche date font toujours lâobjet, ce qui sâappelle donc un discours raciste.
Mais ça a sans doute peu de sens de rĂ©flĂ©chir en ces termes. La question nâest pas celle du fascisme, la question est celle de lâĂ©volution vers un Ătat de plus en plus autoritaire et sĂ©curitaire. Il faut sâinterroger sur lâĂ©volution de lâĂtat, de son rĂŽle et de ses modes de gestion. Car nous subissons au quotidien les consĂ©quences de cette Ă©volution.
Une crise politique globale
Pourquoi ce dĂ©bat a-t-il lieu alors ? Il y a un Ă©lĂ©ment commun avec le fascisme historique, nous vivons une crise politique, ce que Grasmci qualifiait de crise de lâhĂ©gĂ©monie. Pas forcĂ©ment une crise rĂ©volutionnaire, mais on est dans un moment de grande dĂ©fiance vis-Ă -vis de lâĂtat qui a perdu sa lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique. Les niveaux dâabstention sont devenus tellement Ă©levĂ©s quâil est clair aux yeux de tous et toutes que les Ă©lus ne reprĂ©sentent quâune minoritĂ©, ils sont Ă©lus avec au maximum 20% des voix (Macron a rassemblĂ© en fait 18% des Ă©lecteurs au premier tour, 44% au second tour face Ă Le Pen). La vĂ©ritable minoritĂ©, câest eux. Et ça se voit.
Cette perte de lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique est renforcĂ©e par le dĂ©pĂ©rissement des syndicats et des partis. Il nây a presque plus de mĂ©diation entre reprĂ©sentants et reprĂ©sentĂ©s, et on se retrouve donc avec un pouvoir de plus en plus brut, qui dans un contexte de crise peut entraĂźner une mutation de lâĂtat dans une logique fascisante. Un candidat qui Ă©manait de la gauche, du parti socialiste ou du PCF, ou de la droite ou dâailleurs, câĂ©tait des gens qui venaient de partis politiques donc de courants dans la sociĂ©tĂ©. Les candidats de la gauche venaient du mouvement ouvrier, quâilles soit social-dĂ©mocrates ou rĂ©volutionnaires, stalinien·nes, etc donc illes avaient des liens avec la sociĂ©tĂ©, reprĂ©sentaient quelque chose, un courant dâidĂ©es, des idĂ©es quâilles pouvaient dĂ©fendre, incarner. Avec les primaires, on dĂ©signe un candidat pour lequel tout le monde peut voter, finalement on a une espĂšce de grand sac Ă lâintĂ©rieur duquel on met tout, donc on ne met rien. Ceci signifie quelque chose de difficilement dĂ©finissable, en tous les cas quelque chose dâimportant dans le rapport quâon a Ă la politique et Ă lâĂtat. On constate que lâabstention concerne majoritairement les jeunes et les classes populaires, donc des gens qui sont prioritairement concernĂ©s par les politiques publiques, qui devraient au contraire sâintĂ©resser au phĂ©nomĂšne de la politique. Aujourdâhui le phĂ©nomĂšne de lâabstention dĂ©montre au moins une chose, une dĂ©connexion rĂ©elle et totale de la classe politique avec la rĂ©alitĂ© du pays et de la sociĂ©tĂ©. Et lĂ il y a danger.
Cette perte de lĂ©gitimitĂ© de lâĂtat est enfin renforcĂ©e par la mondialisation de lâĂ©conomie. Macron Ă©tait clairement le candidat de lâUnion EuropĂ©enne et de la finance. Avec lâaffaiblissement des Ă©conomies nationales, lâĂtat perd de son pouvoir rĂ©gulateur au profit du service direct aux multinationales. Et ça devient trop visible. Par exemple, en ce qui concerne la gestion de la pandĂ©mie, ce sont les trusts pharmaceutiques qui se sont rĂ©unis avec Macron pour dĂ©cider de la santĂ© de la France, sur quoi sâaxer, quoi mettre en place, combien de lits fermer⊠Ceci contribue beaucoup Ă dĂ©sacraliser le pouvoir politique.
Lorsquâun pouvoir nâa plus de lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique, il lui reste lâefficacitĂ© et la violence. Ce gouvernement nâa pas vraiment fait la preuve de son efficacitĂ© dans la gestion de la pandĂ©mie, et aucun pouvoir ne peut sâappuyer durablement uniquement sur la violence. Il lui faut donc trouver de nouvelles formes de gouvernance pour maintenir sa domination.
Une Ă©volution des modes de gestion de lâĂtat
Il faut dâabord revenir sur la trajectoire de Macron, qui sâest prĂ©sentĂ© comme un homme sans parti, issu de la « sociĂ©tĂ© civile » au sens du monde de lâentreprise privĂ©e, des start-up et de la finance. Il prĂ©tendait refonder le politique. Il faut rappeler que ce « Mozart de la finance » est dâabord un homme dâappareil. Avant de rejoindre la banque Rothschild, il a fait lâENA, appartenu Ă ce corps dâĂtat bien connu quâest lâinspection des finances, et fait partie de la commission Attali. Il a Ă©tĂ© propulsĂ© par un Jean Pierre Jouyet qui avait Ă©tĂ© secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de lâĂlysĂ©e. Macron comme Hollande sont plutĂŽt le rĂ©sultat dâun accident, la chute de DSK pour Hollande, celle de Fillon pour Macron.
Sa refondation politique a Ă©tĂ© un Ă©chec complet. La RĂ©publique En Marche nâa remportĂ© aucun succĂšs Ă©lectoral passĂ©es les prĂ©sidentielles et lĂ©gislatives, nâa constituĂ© aucun bastion, nâa pas rĂ©ussi Ă mordre durablement sur lâĂ©lectorat. Macron est toujours un prĂ©sident sans parti, sauf quâil dispose dâune majoritĂ© Ă ses ordres Ă lâassemblĂ©e, majoritĂ© incapable de la moindre proposition politique autonome. Tous les dĂ©putĂ©s de ce parti qui sây sont essayĂ©s ont dĂ» le quitter ou sâincliner.
Le personnel politique, lui, a effectivement changĂ©. Gabriel Attal en est un brillant exemple, issu dâune famille parmi les plus riches de France, et secrĂ©taire dâĂtat Ă 29 ans sans jamais avoir rien connu de la vie. Beaucoup viennent directement du privĂ© ou des grandes Ă©coles sans ĂȘtre passĂ©s par la case de la lĂ©gitimitĂ© de lâĂ©lection, qui vaut certes ce quâelle vaut, mais modifie quand mĂȘme le rapport Ă lâĂtat et Ă la chose publique, ce nâest pas la mĂȘme chose que dâĂȘtre le baron dâun petit fief Ă©lectoral quâon doit gĂ©rer au niveau sociabilitĂ©. Macron est un reprĂ©sentant de la bourgeoisie, mais pas de la grande bourgeoisie traditionnelle industrielle française, câest plutĂŽt Xavier Niel, Draghi, le PDG dâOrange⊠Le personnel politique marque aussi une identitĂ© de ce que peut ĂȘtre lâĂtat et le gouvernement.
La gestion du personnel de lâĂtat a aussi profondĂ©ment changĂ©. La prĂ©carisation est massive, y compris Ă des Ă©chelons de responsabilitĂ©, une mobilitĂ© obligatoire est imposĂ©e, par exemple les chefs dâĂ©tablissement scolaire changent tous les trois ans, toutes mesures qui facilitent une gestion complĂštement verticale jusque dans les plus petits dĂ©tails. La suppression de lâENA dans sa forme actuelle va dans ce sens. Macron est un vrai modernisateur, il dĂ©truit tout ce qui peut favoriser un statu quo, une rĂ©sistance passive Ă ses Ă©dits. Enfin, la dĂ©lĂ©gation au privĂ© se rĂ©pand rapidement, notamment par le biais du numĂ©rique devenu obligatoire pour beaucoup de dĂ©marches. Cette dĂ©lĂ©gation au privĂ© sâĂ©tend jusquâaux fonctions rĂ©galiennes de lâĂtat : pouvoir accru des vigiles, privatisation dâune partie de la logistique des opĂ©rations extĂ©rieures, sociĂ©tĂ©s privĂ©es pour les donnĂ©es biomĂ©triques des papiers, main mise de Doctolib sur les rendez-vous Ă lâhĂŽpital (avec privatisation donc des donnĂ©es mĂ©dicales), services privĂ©s pour les cartes grisesâŠ
Ce modernisateur a aussi une rage de destruction toute particuliĂšre contre tout ce qui est corps intermĂ©diaires et cogestion. Les modalitĂ©s de promotion et de mobilitĂ© des fonctionnaires ne sont plus paritaires. MĂȘme des organismes purement consultatifs et inoffensifs comme le Conseil Ăconomique Social et Environnemental, lieu de discussions entre patronat, syndicats et associations, en sont victimes. Les dĂ©cisions sont de plus en plus prises par de tout petits groupes de personnes, Ă©ventuellement non identifiĂ©s.Par exemple, on ne connaĂźt pas les auteurs des nouveaux programmes scolaires, on sait juste quâils ont Ă©tĂ© refusĂ©s par lâorganisme consultatif officiel, et maintenus quand mĂȘme.
Un pouvoir de plus en plus personnel, un commandement de plus en plus vertical, le tout sans base partidaire (ce qui fait une diffĂ©rence avec le fascisme), produit forcĂ©ment un isolement important. La multiplication des lois dâexception et le recours Ă la rĂ©pression sont inĂ©vitables dans ce contexte, le tout combinĂ© Ă une politique de la communication dont fait partie la mise en spectacle de pseudo dĂ©bats. Lâusage des rĂ©seaux sociaux (dĂ©clarations sur tweeter) et les « petites phrases » remplacent la mĂ©diation. On observe un curieux mĂ©lange entre modernisation et archaĂŻsmes qui font penser Ă lâancien rĂ©gime. Ce qui explique les fiascos comme cette commission de citoyens pris au hasard pour rĂ©flĂ©chir Ă la transition Ă©cologique mise en place par Macron soi-mĂȘme, et dont aucune proposition quasiment nâa Ă©tĂ© retenue. Eh oui, mĂȘme des citoyens pris au hasard peuvent se renseigner et proposer des mesures qui dĂ©plaisent au PrĂ©sident.
Les pouvoirs croissants de la police
Dans ces conditions, la police devient un des piliers essentiels du rĂ©gime. On peut dâailleurs remarquer que le pouvoir sâest attaquĂ© Ă la cogestion partout, sauf chez les flics. Lorsquâil y a un fait divers, ce sont toujours les responsables syndicaux de la police qui sâexpriment, avant mĂȘme le ministĂšre de lâintĂ©rieur.
Peut-on pour autant parler dâautonomisation de la police ? Lâabsence de condamnations, la tolĂ©rance vis-Ă -vis des discours extrĂȘmes en son sein, le fait de laisser les militants fascistes au sein de la police imposer leur discours peuvent le laisser penser. La prĂ©sence de Darmanin, ses dĂ©clarations, et la participation de beaucoup de politiciens Ă la manifestation des flics qui pourtant revendiquaient la fin de la sĂ©paration des pouvoirs renforcent cette impression. De façon plus anecdotique, on peut mentionner aussi la façon dont la police nâest pas intervenue contre lâattaque de la plume noire Ă Lyon.
Mais bon, les policiers ne dĂ©cident pas tout seuls, la hiĂ©rarchie existe toujours. On pourrait plutĂŽt dire que la police occupe une place de plus en plus centrale en proportion de lâisolement et de lâautoritarisme du pouvoir, qui lui court aprĂšs et lui laisse donc les coudĂ©es trĂšs franches.
Des discours racistes
LĂ encore, ce nâest pas une nouveautĂ©. Les discours et les comportements racistes Ă©taient trĂšs prĂ©gnants, sans doute plus violents, dans les annĂ©es 60-70. Ces discours et comportements Ă©taient alors trĂšs liĂ©s aux guerres coloniales et surtout Ă la guerre dâAlgĂ©rie. Le traumatisme de la sociĂ©tĂ© a Ă©tĂ© dâautant plus important du fait de la chape de plomb mise ensuite sur le sujet. Il faut se rappeler que ce sont des classes dâĂąge entiĂšres qui ont fait la guerre, une guerre trĂšs sale, une guerre non reconnue comme telle, ignorĂ©e de ceux qui nâĂ©taient pas politisĂ©s, et dont ils sont revenus vaincus. La violence raciste est restĂ©e longtemps un phĂ©nomĂšne social rĂ©pandu.
CâĂ©tait il y a soixante ans. On nâest plus dans le mĂȘme contexte. Les paroles du personnel politique ont Ă©voluĂ© dâun discours ouvertement raciste Ă un discours anti-musulmans. Le discours officiel, lui, devient de plus en plus raciste, toujours sur le thĂšme de lâislam, et se traduit dans la lĂ©gislation. Par contre, le racisme dans la population recule. Il y a un dĂ©calage entre une classe politique restĂ©e sur de vieux trucs racistes, et une population de plus en plus mĂ©langĂ©e. Or plus il y a de mĂ©lange, moins il y a de racisme. Le racisme, ce nâest pas ce que les gens peuvent sâenvoyer Ă la figure quand ils sont Ă©nervĂ©s, le racisme, ce sont des lois spĂ©cifiques, câest la sĂ©paration des populations sur la base dâidentitĂ©s fantasmĂ©es. Et si on retient cette dĂ©finition, on peut parler dâune montĂ©e du racisme dans la classe politique et mĂ©diatique, mais de sa diminution dans la sociĂ©tĂ©. Sous couvert de diversitĂ©, le racisme reste une arme privilĂ©giĂ©e pour tenter de diviser les exploité·es.
Conclusion ?
Il y a une spĂ©cificitĂ© de la France. Certaines grandes rĂ©formes exigĂ©es par lâEurope nây ont pas encore Ă©tĂ© achevĂ©es : retraite, assurance chĂŽmage, privatisation poussĂ©e des services publics⊠Macron (et Hollande avant lui) a Ă©tĂ© embauchĂ© pour ça. Briser les rĂ©sistances passe par une combinaison dâusage de la violence, dâautoritĂ© imposĂ©e, et dâachat de la paix sociale. Mais pour lâachat de la paix sociale, il semblerait que le gouvernement aie dĂ©cidĂ© que les caisses sont vides. Un avenir policier semble donc se dessiner devant nous. En fait, câest contrĂŽle, sĂ©curitaire et dĂ©possession pour le peuple, et libertĂ©, non contrĂŽle et dĂ©rĂ©gulation pour ceux qui dĂ©tiennent le pouvoir Ă©conomique. Câest une combinaison de pseudo-dĂ©bats mis en scĂšne sous la bienveillante autoritĂ© de son Altesse PrĂ©sidentielle et de menaces policiĂšres. On peut remarquer en mĂȘme temps que dans les luttes, au-delĂ des revendications sur les salaires et lâemploi, vient frĂ©quemment la revendication de la possibilitĂ© de participer aux prises de dĂ©cisions, Ă lâorganisation du travail.
Lâerreur quâon ne doit pas commettre serait devant lâautoritarisme croissant, au nom de la dĂ©nonciation dâune fascisation, de rĂ©clamer un retour Ă lâĂtat « protecteur » des trente glorieuses. Certes, dĂ©fendre le maintien de services publics fait partie de la dĂ©fense de notre pouvoir dâachat, mais pas nâimporte quels services publics dans nâimporte quelles conditions. LâĂtat combinera toujours violence policiĂšre, lois dâexception, et « bienveillance », achat de la paix sociale, en fonction des intĂ©rĂȘts du capital. La « dĂ©mocratie » et la rĂ©publique sont lĂ pour administrer le cadre Ă©conomique de notre exploitation. Les marchĂ©s financiers et les multinationales exercent des contraintes sur les Etats, contraintes rĂ©percutĂ©es Ă travers lâUnion EuropĂ©enne et dâautres institutions. Revendiquer un meilleur Ătat, une meilleure dĂ©mocratie sans bouleverser ce cadre ne peut ĂȘtre quâune illusion dangereuse.
Sylvie
Source: Oclibertaire.lautre.net