Accueil > Articles > Les Illusions Gauchistes > Autonomie ! Critiques antiautoritaires du syndicalisme

vendredi 6 décembre 2019
Voici une petite compilation de textes critiques du syndicalisme, Ă toute fin utile. Elle sera peut-ĂȘtre amenĂ©e Ă sâĂ©paissir plus tard. En 2010, contre une rĂ©forme des retraites, lâIntersyndicale de Caen organise des simulacres de blocage nĂ©gociĂ©s en amont avec la Pref. Les marchandises sont dĂ©jĂ parties, les patrons Ă©tant dĂ©jĂ au courant. Les feux de palettes sont dâabord lĂ pour la photo. Et quand les camions de transport sont bloquĂ©s, les bureaucrates syndicaux tentent de les faire partir dans la nuit, parfois empĂȘchĂ©s par des syndicalistes de base. Une assemblĂ©e de lutte rĂ©unissant une centaine dâindividus dâhorizons diffĂ©rents tente de dĂ©border ces blocages, se retrouvant parfois bien seuls face aux flics, mais contribuant davantage Ă durcir le mouvement que les manifs Ă 40.000. Parmi bien dâautres initiatives, des tubes passent de mains en mains pour faire pĂ©ter les valves des camions citernes.
La critique du syndicalisme est une critique nĂ©cessaire pour toute personne qui souhaite sâopposer Ă lâordre existant. Câest pourquoi il mâa paru bon de raviver ces dangereuses pensĂ©es Ă travers plusieurs textes de diffĂ©rentes Ă©poques, depuis le dĂ©but du 20Ăšme siĂšcle jusquâĂ aujourdâhui. Le syndicat transforme lâimagination en certitudes, lâĂ©galitĂ© en hiĂ©rarchie, la recherche de la qualitĂ© en priorisation de la quantitĂ©, la libre association en discipline de parti, la rĂ©volte sans concessions en stratĂ©gies des petits pas. Il nây a pas de luttes rĂ©elles sans dĂ©bordements des syndicats. Il nây a pas de luttes rĂ©volutionnaires sans dĂ©passement des syndicats â dont le rĂŽle de maintien de lâordre est connu depuis longtemps. MĂȘme un syndicat comme Solidaires, plus conflictuel et moins bureaucratique, reste un syndicalisme classique avec ses dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux, ses accords avec le patronat et sa section au MinistĂšre de lâIntĂ©rieur pour les personnes qui font tourner cette machine de la rĂ©pression. LâactualitĂ© nous offre un bon exemple dâune rĂ©volte sans leaders ni partis : des pans entiers de leur monde dâexploitation et dâoppression sont dĂ©truits au Chili en cette fin dâannĂ©e 2019. Les syndicats, dĂ©passĂ©s par les Ă©vĂšnements, nâont pas eu le choix de suivre, poussĂ©s par leurs bases. Mais les grĂšves gĂ©nĂ©rales dâun jour sont appelĂ©es pour pacifier la rĂ©volte et remettre le soulĂšvement dans un cadre plus acceptable. Dâailleurs, les bureaucrates syndicaux y font des appels rĂ©pĂ©tĂ©s Ă ââla paix socialeââ tout en nĂ©gociant avec le gouvernement sur le dos dâune lutte autonome. Du classique que les feux de la rĂ©volte peuvent rendre inopĂ©rants, pourvus quâils sâĂ©tendent en multipliant les foyers dâauto-organisation, depuis le groupe affinitaire jusquâaux assemblĂ©es de lutte. Si grĂšve il doit y avoir, quâelle soit insurrectionnelle et expropriatrice, et toujours sans dieux ni maĂźtres.
Décembre 2019.
[Reçu par mail.]
Source: Non-fides.fr