« Tirer le premier, le plus vite, est une vertu du Far West qui peut ĂȘtre utile Ă certains moments, mais il faut savoir utiliser sa tĂȘte avant, et utiliser sa tĂȘte signifie avoir un projet. Lâanarchiste ne peut pas se contenter dâĂȘtre un rebelle, il est un rebelle muni dâun projet. Il Va Donc devoir unir le cĆur et le courage Ă la connaissance et lâingĂ©niositĂ© de lâaction. Ses dĂ©cisions seront Ă©clairĂ©es par le feu de la destruction, et alimentĂ©es dans le foyer permanent de lâanalyse critique. »
Certains mythes qui continuent Ă hanter les rĂ©volutionnaires, doivent ĂȘtre dĂ©molis de toute urgence si nous ne voulons pas nous contenter de simplement chĂ©rir lâidĂ©e de la libertĂ©. Ne craindre ni les ruines, ni le bouleversement total de lâexistant, ne pas nous leurrer dans lâattente dâune prise de conscience gĂ©nĂ©ralisĂ©e ou dâune participation Ă des luttes enfermĂ©es dans la logique du pouvoir. Câest lĂ que surgit la question de lâinsurrection.
[Réédition de « Qui a peur de lâinsurrection?« , ed. Tumult, 2012, Ă©puisĂ©]
mars 2020
176 pages â 4 euros
Voici lâavant-propos de lâĂ©diteur
AVANT-PROPOS
Certes, la force subversive des dĂ©sirs et des rĂȘves ne peut pas ĂȘtre nĂ©gligĂ©e. Personne ne peut souhaiter le bouleversement total de ce monde dâexploitation et de domination, simplement parce quâil a faim. LâĂȘtre humain et la libertĂ© sont des choses bien plus complexes, qui ne peuvent se rĂ©duire Ă des questions dâestomac. Mais certains de ces mythes soutenus et nourris par lâhistoire rĂ©volutionnaire, doivent ĂȘtre dĂ©molis de toute urgence si nous ne voulons pas nous contenter de chĂ©rir ces dĂ©sirs, si nous voulons vraiment dĂ©truire lâexistant. Ne craindre ni les ruines, ni la rĂ©volution sociale, ne pas nous leurrer dans lâattente dâune prise de conscience gĂ©nĂ©ralisĂ©e ou la participation Ă des luttes enfermĂ©es dans la logique du pouvoir. Câest lĂ que surgit la question de lâinsurrection : ces tentatives dâattaque contre le pouvoir, qui ne correspondent pas, pour autant, aux caractĂ©ristiques dâune vĂ©ritable rĂ©volution sociale. Car attendre le « Grand Soir », attendre lâorganisation des masses exploitĂ©es, attendre que la classe entiĂšre prenne conscience dâelle-mĂȘme, nous Ă©loigne plus que jamais de vĂ©ritables perspectives pour lutter et attaquer.
Il nâest pas question ici, de prĂ©tendre quâun certain nombre dâinsurrections suffiraient Ă provoquer la grande subversion des rapports sociaux quâest la rĂ©volution sociale ; lâhistoire ne fonctionne pas avec des schĂ©mas additifs et une progression linĂ©aire. Par contre, sans ruptures violentes, sans interruptions brutales de la reproduction des rĂŽles sociaux de la domination, aucune transformation sociale nâest envisageable. Il sâagit alors de chercher, de comprendre et dâagir sur les terrains et dans les contextes qui nous permettent dâentrevoir la possibilitĂ© de telles ruptures. Il faut plus que de la bonne volontĂ© ou de lâenthousiasme pour se prĂ©parer Ă lâinsurrection, pour prĂ©parer lâinsurrection. La question est complexe, sans cesse renouvelĂ©e, jamais rĂ©solue. Il sâagit dâapprĂ©hender un ensemble dâidĂ©es Ă approfondir, dâanalyses Ă Ă©tendre, de mĂ©thodes Ă affiner ; bref, câest une question de projectualitĂ©.
Lâimage idyllique et romantique de lâinsurrection avec ses barricades, son peuple en armes, ses drapeaux et son ciel sans nuages relĂšve bien sĂ»r de ces mythes quâil nous faut dĂ©molir. Les choses ne sont pas comme ça et ne le seront sans doute jamais plus. La conflictualitĂ© sociale est aujourdâhui confuse, mais parfois furieuse ; dĂ©sespĂ©rĂ©e, mais parfois trĂšs destructrice ; diffuse, mais rattrapĂ©e en permanence par lâaliĂ©nation. Mais, câest dans ce contexte, dans cet environnement toujours plus empoisonnĂ©, contrĂŽlĂ© et structurĂ© par la domination et ses technologies, câest avec cette population toujours plus aliĂ©nĂ©e et mutilĂ©e, toujours plus dĂ©munie de moyens dâexpressions et de dialogue, quâil nous faut Ă©laborer ces projectualitĂ©s insurrectionnelles. Et cela, sans aucune garantie de succĂšs.
Mais chaque tentative a des consĂ©quences qui vont bien au-delĂ du visible et palpable. Il ne sâagit pas dâentretenir un nouveau mythe, mais de promouvoir les expĂ©riences dâauto-organisation et dâattaque des individus qui sâinsurgent contre le pouvoir, au-delĂ du temps et de lâespace de la domination â dans le cĆur, le corps et le cerveau des gens. Seules ces expĂ©riences-lĂ nous permettent dâespĂ©rer â ou mieux, de rendre possible â la pratique de la libertĂ©.
Le projet insurrectionnel nous invite Ă nous dĂ©barrasser de lâun de ces grands mythes, qui rĂ©duirait la transformation sociale Ă une question quantitative. Le nombre suffirait Ă changer les choses et Ă transformer les rapports sociaux, la subversion serait une simple question de statistiques dâadhĂ©rents ou de dĂ©gĂąts occasionnĂ©s. Non, les choses ne sont pas comme cela, et elles ne lâont jamais Ă©tĂ©. Lâaction rĂ©volutionnaire se situe dans un autre champ, celui de la qualitĂ© ; il sâagit de tendre vers des ruptures insurrectionnelles, qui feront surgir et pĂ©nĂ©trer cette qualitĂ© dans la rĂ©alitĂ© de la domination. La critique explicite de la logique quantitative ne revient pas Ă prĂ©tendre que lâinsurrection ne saurait ĂȘtre lâĆuvre que de quelques poignĂ©es de rĂ©volutionnaires illuminĂ©s ; mais lâinsurrection ne peut pas ĂȘtre envisagĂ©e comme un jeu de comptables, lâaction minoritaire y joue un rĂŽle dĂ©terminant. Câest pour cela aussi quâaujourdâhui, les quelques poignĂ©es de rĂ©volutionnaires que nous sommes peuvent y rĂ©flĂ©chir, sây prĂ©parer et y contribuer.
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ThĂ©orie et pratique ne peuvent pas ĂȘtre sĂ©parĂ©es, elles se confondent, sâinfluencent et se nourrissent rĂ©ciproquement. Car la thĂ©orie ne peut pas avoir comme seul but de dĂ©crire la rĂ©alitĂ©, elle doit aussi ĂȘtre capable dâen tirer des perspectives, mĂȘme provisoires et toujours incomplĂštes. Une perspective rĂ©volutionnaire ne peut jamais se rĂ©sumer au simple rĂ©sultat dâune somme de suppositions et de constats thĂ©oriques, elle rassemble toujours lâidĂ©e et lâaction dans un ensemble plus ou moins cohĂ©rent. Les textes rĂ©unis dans ce livre sont nĂ©s justement de cette interaction. Il ne sâagit ni de modĂšles pour le futur, ni de recettes applicables Ă nâimporte quelle situation, mais surtout de suggestions mĂ©thodologiques pour des compagnons qui veulent intervenir et contribuer Ă des ruptures insurrectionnelles. Le terme souvent vilipendĂ© dâ « insurrectionalisme » renvoie donc tout simplement vers lâarsenal mĂ©thodologique dont disposent les anarchistes aujourdâhui pour contribuer Ă la crĂ©ation de conditions qui rendent lâinsurrection possible. Les textes proposĂ©s ici constituent ainsi les fragments dâune recherche incessante sâefforçant dâanalyser, de proposer, de critiquer cet arsenal. Cette recherche ne saurait se contenter ni de ce qui est, ni de rĂ©flexions thĂ©oriques dĂ©jĂ formulĂ©es, ni mĂȘme dâexpĂ©riences rĂ©alisĂ©es, elle doit continuer.
Les rĂ©flexions sur les mĂ©thodologies insurrectionnelles ne peuvent pas ĂȘtre sĂ©parĂ©es de lâĂ©laboration dâun projet. Par projet, nous entendons lâensemble toujours provisoire dâidĂ©es, dâanalyses et de mĂ©thodes qui ciblent, qui sont projetĂ©s vers lâavenir. On ne peut certes pas prĂ©tendre que tous les anarchistes ont nĂ©cessairement un projet. Au contraire, les compagnons qui cherchent Ă Ă©laborer un projet sont souvent une trĂšs petite minoritĂ©. Mais selon nous, câest justement dans le projet que le faire peut devenir agir. LâĂ©laboration et le dĂ©veloppement dâun projet de lutte permet dâaller bien plus loin que la simple proclamation de notre anarchisme et les ondulations sur les vagues de la conflictualitĂ© sociale. Dire et expliquer que nous sommes anarchistes, que nous pensons ceci et cela sur tout et nâimporte quoi ; se rĂ©unir dans un quelconque local, publier notre journal et assouvir notre indignation et notre colĂšre de temps Ă autres sur une quelconque cible choisie au hasard, est trĂšs beau et peut-ĂȘtre parfois mĂȘme agrĂ©able. Mais le dĂ©veloppement de perspectives rĂ©volutionnaires et insurrectionnelles exige bien dâautres choses. Ces perspectives, aujourdâhui indispensables, ne peuvent naĂźtre que de projets de lutte, dâinitiatives, si modestes quâelles soient, qui cherchent Ă agir de façon cohĂ©rente sur la rĂ©alitĂ© de la domination.
On peut comprendre les rĂ©ticences rĂ©currentes face Ă de telles questions. De fait, nombre dâentre nous aimeraient que notre existence mĂȘme, notre anarchisme, suffise, par la voie de lâexemple et de la prise de conscience, Ă subvertir les rapports de la domination. Lorsque les exploitĂ©s ne nous « suivent » pas, nous voilĂ déçus Ă en devenir cyniques ; et si une partie dâentre eux sâenflamme, il nous est difficile de nous reconnaĂźtre dans leurs motivations supposĂ©es et nous nous sentons dĂ©munis face aux possibilitĂ©s. Les rĂ©flexions proposĂ©es dans ce livre pourraient offrir quelques pistes pour sortir de ces impasses. Trouver des bases plus solides pour affronter la domination, mettre sur pied un projet de lutte, prendre lâinitiative, mĂȘme si les conditions sont loin dâĂȘtre idĂ©ales, penser la rĂ©volte et lâinsurrection dans des termes moins habituels⊠autant de suggestions pour trouver des angles dâattaque sur nos parcours. Car si lâon convient que tout ne peut pas dĂ©pendre de la bonne volontĂ©, des bonnes intentions, de la spontanĂ©itĂ© et des conditions historiques, certaines pistes de rĂ©flexion peuvent nous aider Ă construire quelques repĂšres dans la mĂȘlĂ©e. Et nous espĂ©rons alors que ceux qui, sur leurs parcours de dĂ©veloppement dâidĂ©es et de rĂ©volte, ressentent le besoin et le dĂ©sir de plus dâapprofondissement, dâune comprĂ©hension plus prĂ©cise des mĂ©thodes anarchistes pour engager la lutte, trouveront un intĂ©rĂȘt Ă ces considĂ©rations.
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A la fin des annĂ©es 70, il devient clair, du moins en Italie mais aussi dans dâautres pays, que le soi-disant « deuxiĂšme assaut prolĂ©taire au ciel » touche Ă sa fin. Tandis que lâEtat invite et incite de nombreux rĂ©volutionnaires Ă dĂ©poser les armes, avec des milliers de prisonniers comme monnaie dâĂ©change, les restructurations au sein de la domination endiguent toujours plus la conflictualitĂ© sociale diffuse. Dans ces temps de reflux, certains compagnons anarchistes tentent dâĂ©laborer de nouvelles perspectives combatives qui ne suivent pas le compromis dĂ©mocratique, la « fin dĂ©clarĂ©e de la guerre contre lâEtat », la fin supposĂ©e « de la possibilitĂ© de lutte radicale ». Mais cette possibilitĂ© de nouvelles perspectives exige aussi un retour critique sur les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Tandis que de nombreuses personnes tentent de se servir de la « dĂ©faite » des fractions armĂ©es pour enterrer toute possibilitĂ© de lutte radicale, dâautres essayent, dans une revue comme Anarchismo et ensuite, dans un journal comme Provocazione, de formuler une critique de la logique du parti armĂ© sans balayer la nĂ©cessitĂ© de lâattaque destructrice. Des expĂ©riences sont faites avec des luttes « Ă la pĂ©riphĂ©rie » : des luttes contre un aspect concret de la domination, sans perdre de vue la totalitĂ© des idĂ©es rĂ©volutionnaires, sans sombrer dans la politique, des luttes Ă caractĂšre insurrectionnel. Dans certaines de ces luttes2, on expĂ©rimente le dĂ©veloppement de propositions organisationnelles avec tous ceux qui veulent lutter sur une base dâauto-organisation, dâattaque et de conflictualitĂ© permanente ; dans dâautres cas, lâaccent est mis davantage sur la possibilitĂ© dâattaques modestes et facilement reproductibles contre les structures diffuses et pĂ©riphĂ©riques de la domination.
Le projet insurrectionnel partait donc, dans son dĂ©veloppement permanent aussi bien sur un plan plus thĂ©orique que plus pratique, dâune critique des expĂ©riences passĂ©es et dâanalyses des nouvelles formes de la domination. Au lieu de penser la lutte comme un affrontement symĂ©trique, oĂč deux blocs bien dĂ©limitĂ©s sâopposent et oĂč la logique quantitative domine, on approfondissait le concept de structures informelles nâayant pas pour but de reprĂ©senter toujours plus dâexploitĂ©s ni de rĂ©unir un maximum dâanarchistes et de rĂ©volutionnaires autour dâun programme, mais mettant lâaccent sur la qualitĂ© de lâaffrontement avec la domination, sur des ruptures, fussent-elles temporaires et limitĂ©es, avec lâespace/temps de la domination. Face aux « organisations anarchistes de synthĂšse », comme des fĂ©dĂ©rations, qui fonctionnent autour dâune dĂ©claration de principes et de congrĂšs pĂ©riodiques, on proposait dâancrer les aspects organisationnels directement dans la lutte en cours. Au lieu de grandes structures, on proposait de sâorganiser sur une base affinitaire, en petits groupes agiles, avec un parcours autonome en pensĂ©es et en actes, qui pouvaient donner lieu, autour dâun projet spĂ©cifique de lutte, Ă une coordination ou une organisation informelle.
Mais la question ne concerne pas seulement « lâintĂ©rieur » du mouvement anarchiste, mais aussi la façon dont les anarchistes peuvent dĂ©velopper des luttes avec dâautres exploitĂ©s. En ce sens, des expĂ©riences ont Ă©tĂ© faites, dâune qualitĂ© autre que celle des modĂšles prĂ©cĂ©dents, comme lâanarchosyndicalisme ou les fĂ©dĂ©rations : la formation et la construction de structures de base insurrectionnelles, vouĂ©es Ă la destruction dâun aspect concret de la domination. Structures dont on nâattend pas quâelles se perpĂ©tuent dans le temps, qui ne sont pas orientĂ©es vers la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts dâun certain groupe social ou dâune classe, mais qui sont des propositions organisationnelles pour passer Ă lâattaque. Quoique ces structures aient Ă©videmment un aspect quantitatif, elles sont dans un certain sens peut-ĂȘtre plus des points de rĂ©fĂ©rence pour une certaine lutte, des points de rĂ©fĂ©rence pour une certaine façon de concevoir la lutte.
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Appelons un chat un chat. MalgrĂ© de nombreuses annĂ©es de dĂ©veloppement et dâapprofondissement du projet insurrectionnel, bien des compagnons en ont fait une caricature pour plus facilement prendre leurs distances. Dâautres sont entrĂ©s en contact avec certaines idĂ©es et pratiques et ont dĂ©cidĂ© que « lâinsurrectionnalisme » Ă©tait la voie Ă suivre parce que ses formes sont radicales et quâon y refuse le compromis et la remise de lâattaque. Sans vouloir prĂ©tendre quâil nâexisterait quâune interprĂ©tation Ă respecter, de nombreuses incohĂ©rences et approximations nous sautent aux yeux. LâaffinitĂ© est considĂ©rĂ©e comme identitĂ©, câest-Ă -dire, la fusion complĂšte entre lâun et lâautre, produisant inĂ©vitablement de lâidĂ©ologie, ou sinon comme autre mot pour sympathique, gĂ©nĂ©rant plutĂŽt un milieu libertaire avec ses Ă©cueils que des groupes affinitaires anarchistes. Le refus de lâattente est confondu avec un refus de rĂ©flĂ©chir sur les perspectives et lâĂ©laboration de projets. Lâorganisation informelle est confondue avec des simulacres des organisations combattantes du passĂ© avec leur sĂ©rie de sigles et de communiquĂ©s. Mais il ne sert Ă rien de crier pour des sourds.
Face Ă la confusion consciente ou inconsciente, un livre ne peut pas faire grand-chose, Ă part proposer dâautres pistes, dâautres angles de rĂ©flexions. Peu dâindividus sont en effet capables de se regarder eux-mĂȘmes droit dans les yeux et de soumettre leurs propres suppositions et pratiques Ă une analyse critique, et encore moins leurs a priori tellement confortables. Quelle meilleure justification pour lâĂ©ternelle rĂ©pĂ©tition de la mĂȘme chanson ? Publier un livre comme celui-ci nâa pas dâautre intention que de contribuer Ă ouvrir des espaces de dĂ©bat et de discussion.
Certains compagnons ont exprimĂ© leur prĂ©occupation que ce livre puisse ĂȘtre pris comme une sorte de manuel, un livre de recettes pour dĂ©passer leurs propres limites et insatisfactions. Sâil est vrai que ces textes sont des fragments dâun parcours de recherche et se retrouvent rĂ©unis aujourdâhui dans un seul livre, nous comptons davantage sur lâesprit critique de ceux qui y chercheront des pistes pour approfondir leurs idĂ©es et en dĂ©couvrir dâautres ; pour dĂ©molir les lieux-communs qui tendent Ă remplacer lâeffort de rĂ©flexion individuelle. Il est aisĂ© dâimaginer que le langage utilisĂ© dans certains textes, plus ou moins courant Ă une Ă©poque, ne facilite pas forcĂ©ment la comprĂ©hension, voire risque de provoquer un rejet prĂ©alable. Nous ne pouvons quâespĂ©rer que chacun sache franchir ces Ă©ventuels obstacles pour creuser le fond. Les mots ne suffiront jamais Ă exprimer la vie et les pensĂ©es. Il faut chercher au-delĂ , et pour cela, un effort est indispensable.
Dans la recherche des façons dâintervenir dans la rĂ©alitĂ© de la conflictualitĂ©, nous ne pouvons nous contenter ni de modĂšles ou de recettes, ni des idĂ©aux hĂ©ritĂ©s des classiques de la subversion. Au-delĂ de la nĂ©cessitĂ© « dâĂ©tude permanente » sur tous les aspects de lâĂȘtre et de la vie humaine, des capacitĂ©s techniques et des instruments analytiques ; au-delĂ des approfondissements de nos idĂ©es et des visions de lâanarchie, lâapprofondissement de lâanarchisme est nĂ©cessaire. Lâanarchisme, compris comme la recherche thĂ©orique et pratique de mĂ©thodes, de perspectives et de maniĂšres pour avancer vers lâanarchie. Dans cette recherche, le projet et les mĂ©thodes insurrectionnels nous semblent ouvrir quelques chemins qui pourraient bien se rĂ©vĂ©ler beaucoup plus adĂ©quats Ă la rĂ©alitĂ© actuelle que dâautres mĂ©thodes. Cette intuition nous a poussĂ©s Ă publier ce recueil de textes. Cette mĂȘme intuition qui nous pousse incessamment Ă explorer ces chemins, Ă les analyser et Ă les approfondir.
Source: Tumult.noblogs.org