
I. Un Ătat exigeant pour lui-mĂȘme
Police
- Sur le modĂšle de la commission McPherson mise en place en 1997 en Grande-Bretagne, installation dâune commission indĂ©pendante chargĂ©e, sous les 6 mois, de faire des prĂ©conisations publiques de rĂ©formes visant Ă lutter contre le racisme au sein des forces de lâordre, Ă revoir la philosophie dâengagement de la force publique et, plus gĂ©nĂ©ralement, Ă assainir les relations entre les forces de lâordre et la population, en sâintĂ©ressant notamment au sous-encadrement des agents de police et aux rĂšgles â aujourdâhui trop souples â permettant de pratiquer des contrĂŽles dâidentitĂ©.
Sans attendre les conclusions de ladite commission :
- Instauration dâun rĂ©cĂ©pissĂ© de contrĂŽle. En renseignant le motif et la base lĂ©gale du contrĂŽle, ce rĂ©cĂ©pissĂ© marquera un double progrĂšs dĂ©mocratique: il contribuera Ă limiter le contrĂŽle au faciĂšs et permettra lâexercice effectif de recours contre dâĂ©ventuels contrĂŽles abusifs.
- Concernant les fonctionnaires de police et de gendarmerie, les enquĂȘtes administratives liĂ©es Ă des plaintes de citoyens ne doivent plus ĂȘtre du ressort de lâIGPN et de lâIGGN, inspections largement dĂ©crĂ©dibilisĂ©es dĂšs lors quâil sâagit dâenquĂȘtes relevant de la relation entre des membres des forces de lâordre et des citoyens. Hors du giron du ministĂšre de lâIntĂ©rieur, une inspection ad hoc, formĂ©e de personnalitĂ©s qualifiĂ©es, de magistrats et Ă©ventuellement dâun reprĂ©sentant du ministĂšre de lâIntĂ©rieur, doit avoir la responsabilitĂ© exclusive de ces enquĂȘtes. Cette inspection devrait Ă©galement pouvoir connaĂźtre, sur la demande du plaignant, de toute autre situation relevant habituellement de lâIGPN et de lâIGGN (exemple: un policier demandant une enquĂȘte administrative Ă lâendroit dâun collĂšgue ou dâun supĂ©rieur hiĂ©rarchique pour des faits de harcĂšlement sexuel ou de comportements racistesâŠ).
- Mise en place dâun mĂ©canisme de transmission automatique au DĂ©fenseur des droits des affaires dâusage excessif de la force par les agents dĂ©positaires de lâautoritĂ© publique ainsi que des affaires de discrimination. Ce mĂ©canisme vise Ă permettre au DĂ©fenseur des droits de sâautosaisir systĂ©matiquement des affaires relevant de son mandat.
- Suite aux tĂ©moignages publics de fonctionnaires de police et de gendarmerie, rĂ©alisation dâune enquĂȘte auprĂšs de ces deux corps afin de recueillir le ressenti du racisme subi par des fonctionnaires de la part de leurs collĂšgues.
Construire une chaßne pénale efficiente
- Mise en place de brigades de lutte contre le racisme et les discriminations raciales au sein des unitĂ©s dâinvestigation des commissariats (Ă©ventuellement des commissariats de district), des gendarmeries et de chaque SRPJ. Les membres de ces brigades doivent ĂȘtre dotĂ©s dâune solide formation.
- Mise en place effective dans chaque parquet de rĂ©fĂ©rents sur la lutte contre le racisme et les discriminations raciales. Ces rĂ©fĂ©rents, substituts du procureur, doivent ĂȘtre dotĂ©s dâune solide formation.
- Au-delà de ces personnels spécialisés, renforcement, au sein de la police, de la gendarmerie et de la magistrature, des formations sur le racisme et les discriminations raciales.
- AutomaticitĂ© de lâinscription du motif aggravant de racisme dans toute procĂ©dure judiciaire si la victime en fait la demande ou Ă©voque la dimension raciste du dĂ©lit ou du crime allĂ©guĂ©. Il appartiendra ensuite au Parquet ou au juge dâinstruction dâabandonner ce motif si rien ne venait le sous-tendre dans lâenquĂȘte.
Fonction publique
- Rappel par circulaire pour tous les agents de la fonction publique de leur responsabilité dans la prévention et la lutte contre les comportements racistes.
- Ajout de mentions explicites dédiées à la lutte contre le racisme dans le code de déontologie des agents de la fonction publique.
Politique pénale
- Mise en place dâune commission de rĂ©flexion sur le traitement pĂ©nal des drogues. En effet, il nâest pas possible dâavoir une politique pĂ©nale inapte Ă agir sur la consommation et gĂ©nĂ©ratrice dâune activitĂ© de facto criminelle dont nul nâignore quâelle est source, notamment dans les quartiers populaires, de confrontations, de tensions, de carriĂšres dĂ©linquantesâŠ
II. Un Ătat exigeant envers les grands acteurs de la vie quotidienne
Emploi
- Au sein des CSE de chaque entreprise, nomination de référents aux questions de racisme, sur le modÚle des référents au harcÚlement sexuel et aux agissements sexistes (loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018).
- Formation obligatoire des agents de lâInspection du travail Ă la question des discriminations raciales et des propos et comportements racistes.
- Concernant lâarticle 214 de la loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative Ă lâĂ©galitĂ© et Ă la citoyennetĂ©, Ă©laboration dâun dĂ©cret prĂ©cisant les modalitĂ©s dâĂ©laboration et de mise en oeuvre des formations Ă la non-discrimination (obligations dâĂ©laborer ces formations en concertation avec les syndicats et les associations, dây inclure une partie dĂ©diĂ©e Ă la dĂ©construction des prĂ©jugĂ©s et des stĂ©rĂ©otypes, de les mettre en oeuvre en prĂ©sentielâŠ)
- Elargissement des personnels concernĂ©s par lâarticle 214 de la loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017: rendre obligatoire au sein des trois fonctions publiques et dans toutes les entreprises de plus de 50 salariĂ©s la formation Ă la non-discrimination et Ă la dĂ©construction des prĂ©jugĂ©s pour tous les employĂ©s en situation de recruter, dâĂ©valuer, de manager et pour toutes les personnes en contact du public.
- Extension de la possibilitĂ© pour les juges de restreindre ou dâinterdire lâaccĂšs aux marchĂ©s publics aux entreprises condamnĂ©es pour discriminations raciales Ă lâembauche ou au dĂ©roulement de carriĂšre et qui ne pourraient pas apporter la preuve dâune politique interne de lutte contre les discriminations raciales.
- CrĂ©ation dâun fonds dâaide Ă lâentreprenariat en direction des habitants des quartiers populaires. Ce fonds, correctement dotĂ©, doit sâappuyer sur la mise en place dâun guichet unique identifiĂ© et rĂ©sultant de la fusion des dispositifs connexes Ă la crĂ©ation dâentreprises et aujourdâhui frĂ©quemment Ă©parpillĂ©s (BPI, CAF, ADIE, chambres de commerceâŠ): lâapport en capital bien Ă©videmment, mais Ă©galement la garantie de prĂȘt, les conseils, lâaide Ă la gestion et au suivi comptable.
Logement
- Extension de lâobligation de formation des dirigeants dâagences immobiliĂšres Ă lâensemble des professionnels de lâimmobilier concernant la lutte contre les discriminations raciales. Ces formations, Ă©laborĂ©es dans leur contenu comme dans leurs modalitĂ©s en concertation avec les acteurs associatifs, devront nĂ©cessairement ĂȘtre rĂ©alisĂ©es en prĂ©sentiel et aborder la question du rĂŽle des prĂ©jugĂ©s et des stĂ©rĂ©otypes dans les mĂ©canismes discriminatoires.
- Pour les sites internet des agences immobiliĂšres et des plateformes de mise en relation directe des propriĂ©taires et des locataires, obligation dâinformation des utilisateurs au droit Ă la non-discrimination ainsi que mise en place dâun dispositif de signalement.
Médias
- Sur la base du constat de la totale impunitĂ© dont bĂ©nĂ©ficie aujourdâhui la chaĂźne CNews, mise en place dâune procĂ©dure permettant de retirer Ă des mĂ©dias audiovisuels leur droit dâĂ©mettre en cas de violations graves et/ou rĂ©pĂ©tĂ©es de la convention qui les lie Ă lâARCOM.
III. Un Ătat qui aide Ă renseigner le rĂ©el
Recherche
- Financement par lâEtat de testings dâĂ©valuation des pratiques discriminatoires dans le domaine de lâimmobilier et de lâemploi afin de vĂ©rifier lâefficacitĂ© des politiques publiques mises en Ćuvre dans ces domaines.
- Au-delĂ des testings permettant les Ă©valuations susmentionnĂ©es, financement des Ă©tudes permettant de mieux comprendre les discriminations raciales, notamment par la crĂ©ation dâun fond dotĂ© annuellement dâun million dâeuros et dĂ©diĂ© au financement dâĂ©tudes quantitatives et qualitatives rĂ©alisĂ©es par des chercheurs et des associations.
IV. Un Ătat qui contribue Ă apaiser les grandes passions historiques
Symboles et figures
- En concertation avec les collectivitĂ©s locales, diversification des figures reprĂ©sentĂ©es dans lâespace public et travail sur les reprĂ©sentations de figures porteuses de lâHistoire du racisme, de lâantisĂ©mitisme ou de lâesclavage (ajout dâexplications, changement de noms de certaines rues, Ă lâexemple de lâavenue Bugeaud Ă ParisâŠ).
Histoire
- Edification effective dâun âMĂ©morial national des victimes de lâesclavageâ au Jardin des Tuileries et crĂ©ation dâun musĂ©e de lâHistoire de lâesclavage au sein de lâHĂŽtel de la Marine Ă Paris.
V. Un Ătat qui croit en sa jeunesse
Education
- Pour tout Ă©lĂšve, financement par lâEtat de sĂ©jours linguistiques, culturels ou de dĂ©couverte (de 6 Ă 8 jours): pour les Ă©tablissements ZEP, 1 sĂ©jour en maternelle, 3 sĂ©jours en primaire et 4 sĂ©jours au collĂšge. Pour les Ă©tablissements hors-ZEP: 1 sĂ©jour en primaire et 2 sĂ©jours au collĂšge. Pour les lycĂ©es, il sâagirait de garantir 2 sĂ©jours pour les lycĂ©es professionnels et 1 sĂ©jour pour les lycĂ©es gĂ©nĂ©raux et technologiques. Ces financements ne doivent en aucun cas mettre en pĂ©ril ceux dĂ©jĂ existants sur les sĂ©jours et activitĂ©s artistiques et culturelles.
Enseignement supérieur
- Dans toutes les formations supĂ©rieures ouvrant la voie Ă des carriĂšres professionnelles en lien avec le management, intĂ©gration obligatoire de modules dĂ©diĂ©s Ă la lutte contre le sexisme, le racisme, lâhomophobie, Ă la prĂ©vention des discriminations et Ă la dĂ©construction des prĂ©jugĂ©s. Sont notamment concernĂ©es les formations dispensĂ©es par les Ă©coles de commerce, les Ă©coles dâingĂ©nieurs, les IEP, les Ă©coles de la fonction publiqueâŠ
Mémoires
- Sur le modĂšle de lâOffice Franco-Allemand de la Jeunesse et du RYCO (Regional Youth Cooperation Office) dans les Balkans, crĂ©ation dâun Office Franco-AlgĂ©rien de la Jeunesse qui serait une structure publique indĂ©pendante, paritaire et dotĂ©e de financements appropriĂ©s.
Lâobjectif principal de lâOFAJ serait de mobiliser des jeunes Français et AlgĂ©riens autour de projets communs favorisant la comprĂ©hension de lâHistoire qui lie lâAlgĂ©rie et la France, la rencontre des cultures ainsi que la lutte contre les haines qui peuvent circuler entre les deux rives de la MĂ©diterranĂ©e. Les actions et les projets menĂ©s en partenariat ou sous lâĂ©gide de lâOFAJ viseraient ainsi, entre autres, Ă dĂ©velopper des espaces et des moments dâĂ©changes, Ă proposer des outils et des cadres pour mieux connaĂźtre et comprendre notre Histoire commune longtemps marquĂ©e par un rapport colonial, Ă renforcer la coopĂ©ration franco-algĂ©rienne, Ă encourager la coopĂ©ration artistique, culturelle, entrepreneuriale et sportive et, enfin, Ă lutter contre le racisme, lâantisĂ©mitisme et les discriminations.
VI. Un Ătat qui fait progresser la citoyennetĂ©
Citoyenneté
- Depuis le vote du SĂ©nat du 8 dĂ©cembre 2011, les deux chambres ont adoptĂ© un projet de rĂ©vision constitutionnelle ouvrant la voie au droit de vote des Ă©trangers aux Ă©lections municipales. Il appartient Ă lâEtat dâachever ce processus afin de rendre ce droit effectif.
- RĂ©gularisation des travailleurs sans-papiers, abandon de la politique rĂ©pressive en matiĂšre dâimmigration et garantie dâun traitement des personnes migrantes qui soit respectueux de leurs droits humains.
Source: Sos-racisme.org