Pendant que la pandémie poursuit ses ravages, un constat amer
s’impose : les patrons, propriétaires et politiciens en profitent pour écraser
un peu plus les travailleuses et travailleurs dits essentiels, les locataires
et la classe ouvrière en général. Si des mesures ont été mises en place
temporairement pour éviter une crise économique catastrophique,  avec les déficits  budgétaires énormes qui se construisent,
parions que ce ne sont pas aux grandes corporations et aux riches que l’on va
refiler la facture. Au contraire, on risque de voir notre filet social sabrer
comme jamais.

Ça va bien aller? Pas sûr, mais pour notre syndicat par
contre, pas question de se laisser faire. Ne pas se laisser faire, parce que
nous ne sommes pas seul-e-s. Nombre de groupes communautaires, d’organisations
féministes/antiracistes et de syndicats luttent déjà sur plusieurs fronts à la
fois. Cependant, trop souvent en silos et, surtout au niveau syndical, de
manière corporative.

Nous pensons donc que si les mesures sanitaires sont importantes,
l’heure est surtout à la colère collective, la solidarité de classe et à de
l’organisation par et pour la base. Nous pensons que nous devons avoir un
projet plus grand. La grogne étant palpable, il est temps de retisser des liens
forts et d’aller se  gagner de meilleures
conditions de travail et de vie.

Pour cela, nous proposons de travailler en vue du 1er mai
2021 sur trois revendications liées à des enjeux exacerbés par la crise
actuelle. Elles ne sont pas nouvelles, mais elles sont plus urgentes que
jamais. Nous proposons que ces demandes servent de points de repère pour des
actions directes autonomes et/ou organisées conjointement entre différentes
organisations d’ici la Journée internationale des travailleuses et
travailleurs.

Trois revendications
pour se rejoindre

Salaire minimum à 21$
de l’heure

Pendant des années et encore actuellement, inspirées
d’exemples similaires aux États-Unis et dans d’autres provinces, plusieurs
organisations communautaires et syndicales, nous incluant, ont revendiqué
l’augmentation du salaire minimum à 15$ de l’heure.

Par contre, entre-temps, le coût de la vie a continué
d’exploser et les augmentations du salaire minimum décrétées par l’État
québécois ont été aussi maigres qu’insultantes. Afin de rattraper non seulement
le temps perdu, mais surtout la perte de revenu engendrée par la sourde oreille
de nos gouvernements néolibéraux, le Syndicat Industriel des Travailleurs et
Travailleuses exige une hausse du
salaire horaire minimum à 21$ de l’heure
, suivie d’une augmentation
annuelle subséquente fixe d’un dollar de l’heure.

Pourquoi 21$ de l’heure? Parce que nous ne voulons pas nous
contenter du minimum pour survivre, on veut bien vivre! Parce qu’au final, cet
argent est le fruit de notre travail. Pendant que les travailleuses et
travailleurs, soudainement déclaré-es essentiel-les, se mettaient à risque en
pleine pandémie, les boss se sont fait des profits records sur notre dos, alors
rien de plus normal que nous allions récupérer ce qui nous revient de droit.

Il faut penser que ce n’est pas tout le monde qui travaille
40 heures par semaine. On peut penser aux femmes, aux personnes marginalisé-e-s
ou aux étudiant-e-s qui ont vu dans la dernière année leurs revenus de travail
baisser encore plus que d’ordinaire, alors autant garantir un salaire capable
de réellement subvenir à nos besoins.

Gel des loyers

Le 1er octobre 2020, la Ville de Montréal annonce un gel des
taxes foncières. En Ontario, le gouvernement a 
récemment décrété un gel des loyers pour toute l’année 2021. À quand
l’annonce d’un gel des loyers au Québec?

Tandis que les locataires subissent depuis plusieurs mois des
pertes de revenu, ils n’ont la plupart du temps pas le coussin financier des
propriétaires, pas d’investissements (accaparement d’habitations) desquels se
départir pour s’acheter à manger. Un logement convenable est un droit fondamental.
On ne devrait pas avoir à jongler entre se nourrir, se vêtir et se loger.
Pourtant, selon le recensement de 2016, 36,5% des ménages locataires
montréalais consacraient plus de 30% de leur revenu au loyer. Et la situation
n’est pas meilleure dans le reste du Québec, avec 33,7% des locataires dans la
même situation.

Même le salaire minimum de 21$ ne serait pas toujours
suffisant pour contrebalancer la hausse constante des loyers. Pour preuve, le
prix moyen d’un 4 et demi à louer sur Kijiji est désormais de 1032$ par mois.
C’est complètement insensé! Oui à un gel des loyers!

Un statut pour tout le
monde

Aujourd’hui, la pandémie rend visible à tout le monde
l’absurdité des conditions de travail des personnes immigrantes. Alors que le
gouvernement qualifie en public les travailleuses et travailleurs de la santé
comme étant les anges gardiens de la population québécoise, derrière les
coulisses il menace ces mêmes personnes de déportation.

Pendant trop longtemps, les patrons ont profité des personnes
sans statut pour remplacer la main d’œuvre locale mieux protégée par les normes
du travail par des travailleuses et travailleurs vulnérables qui ne peuvent pas
se plaindre sous peine de déportation. Ça suffit!

Comme nombre d’organisations avec lesquelles nous collaborons
déjà, nous exigeons un statut de résidence permanente pour tous ceux et celles
qui le veulent, afin d’empêcher la classe patronale de continuer à diviser la
classe ouvrière pour mieux nous dominer. Cette mesure est nécessaire pour les droits
des travailleuses et travailleurs et pour promouvoir la solidarité avec la
lutte contre le racisme systémique. Non aux déportations! Oui à un statut pour
tout le monde!

Pourquoi se battre et
s’unir dès maintenant pour le 1er mai 2021?

Parce que les prochaines années ne seront pas plus généreuses
à l’endroit de notre classe, à moins qu’on ne s’y mette maintenant. Les
prochains budgets seront assurément marqués par une austérité crasse. Alors
autant nous préparer rapidement à résister mais aussi donner le ton le plus
agressivement possible. C’est le fondement même de notre pensée syndicale : une
classe sociale bien organisée est une classe dangereuse qui peut gagner ses
luttes et dicter comment mieux vivre!

Nous ne proposons pas de créer une coalition ou une alliance
formelle, mais un réseau de lutte où nous pourrons nous rencontrer entre
organisations voulant lutter et s’entraider ponctuellement! Il nous fera
plaisir de vous aider à mobiliser au sein de vos organisations et de vos
luttes!

C’est sur ces bases que nous vous invitons solidairement à
vous joindre à nous le 1er mai prochain, afin de crier notre colère, de faire
entendre nos voix et exiger ce qui nous revient de droit. Et que cela soit un
tremplin vers des visées, disons-le, révolutionnaires!

Pour contacter le syndicat, voici notre adresse courriel : [email protected]




Source: Sitt.iww.org